La France compte 36.000 communes et donc environ autant de monuments aux morts. Une 100aine seulement est reconnue au titre de monument historique, souvent pour des raisons artistiques. Mais ces édifices sont aussi les témoins émouvants de notre histoire tout court…
Ce jour, où toutes les communes du pays commémorent la mémoire de ceux qui sont morts pour la France, est l’occasion de faire le point sur ces édifices méconnus, parfois oubliés, que sont les monuments aux morts.
Les monuments aux morts font partie du « travail de deuil »
Avant la 1ère guerre mondiale, les monuments aux morts ne sont pas très répandus. Ils ont commencé à faire leur apparition dans les communes après la guerre de 1870-1871. Mais le 1er conflit mondial a fait tellement de morts qu’il apparaît nécessaire de mettre en place une commémoration à la hauteur du traumatisme. Par une loi du 25 octobre 1919, l’Etat français demande alors à chaque commune d’élever un monument en hommages à ses concitoyens morts lors du conflit.
Comme le rappelle un dossier du ministère de la Défense, consacré à ce sujet, à l’origine l’idée d’ériger un monument aux morts a plusieurs fonctions :
- Rassembler la population autour d’un souvenir commun, traumatisant
- Participer au travail de deuil des familles, des proches et, de façon plus large, des habitants des communes françaises
- donner aux Français « un peu de cette gloire dont étaient alors parés ceux qui s'étaient sacrifiés pour la victoire des armées françaises »
La règlementation sur les monuments aux morts est très précise
Dans sa loi, l’Etat définit très précisément les inscriptions et les noms qui ont le droit d’apparaître sur les monuments. Ainsi les termes " morts pour la France " concernent les communes de tous les départements français à l’exception de celles d’Alsace et de Moselle où l’expression utilisée est " morts à la guerre ".
Les noms inscrits concernent les personnes décédées au cours d'une guerre ou « d'opérations assimilées à des campagnes de guerre ». La commune qui inscrit le nom est celle où est né le défunt ou celle où le défunt était domicilié avant sa mort. Depuis la loi du 28 février 2012 (qui a fixé au 11 novembre la commémoration de tous les morts pour la France), l’inscription sur un monument aux morts est obligatoire pour tous ceux pour lesquels la mention "Mort pour la France" a été portée sur l’acte de décès. La demande peut en être faite pas la famille du défunt ou des élus, des responsables militaires ou des membres d’associations d’anciens combattants.
La Bourgogne compte une 20aine de monuments aux morts inscrits
Il y a 2 ans, à l'annonce de la commémoration du centenaire de la « grande guerre », la Direction des affaires culturelles de Bourgogne a décidé de lancer un programme de protection, au titre des monuments historiques, des constructions les plus intéressantes. Une 20aine d’entre eux a ainsi été inscrite ou classée au titre de monuments historiques.
Ils ont été inscrits totalement ou seulement pour une partie de l’édifice. A Gevrey-Chambertin, par exemple, c’est une mosaïque décorant l’édifice de style art déco qui a justifié l’inscription. Elle est l’œuvre de l'artiste bourguignon Lucien Bonotte. A Dijon, c’est la volonté artistique qui a été reconnue. Délibérément, la commune à l’époque a choisi de ne pas inscrire les noms de tous les morts à la guerre sur le bâtiment mais dans un registre gardé dans le bâtiment, ce qui a permis de mettre en valeur les sculptures d’artistes renommés dans les années 20 : Dampt, Bouchard, Gasq et Piron.
En Bourgogne, 20 monuments aux morts font partie des monuments historiques. Reportage à Gevrey-Chambertin (Côte-d'Or) de Sylvain Bouillot, Dalila Iberakene, Claude heudes, Romy Ho-a-Chuck, Tania Gomes et Sophie Réthoré avec Michael Vottero, adjoint à la conservation des monuments historiques, et Bernard Moyne, maire (SE) de Gevrey-Chambertin
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