À Velars-sur-Ouche, en Côte-d'Or, les inondations des derniers jours ont mis à mal la pisciculture locale. 50 000 truites arc-en-ciel se sont échappées des bassins. Une lourde perte pour les exploitants, mais une aubaine pour les pêcheurs. Depuis, les garde-pêches ont intensifié leurs contrôles.
Les bassins de Velars-sur-Ouche (Côte-d'Or) sont désormais silencieux. Les truites qui peuplaient ces viviers il y a encore quelques jours ont été emportées par les inondations du début du mois d’avril. Avec la crue de l'Ouche, cette pisciculture a perdu en quelques heures 50 000 truites arc-en-ciel, soit les deux tiers de sa production.
“La crue est arrivée et elle a commencé à passer au-dessus du mur. À 10 heures, malheureusement, la pisciculture était un lac, soupire Julien Gauthier, responsable aquacole de la pisciculture fédérale de la commune. On fait ce qu’on pouvait pour retenir les truites, mais elles sont parties à travers les mailles du filet, vu que c’est de la portion."
Une année de production perdue
À 6 euros la truite, c'est un coup dur pour la fédération de pêche, dont les agents sont parvenus in extremis à sauver les alevins présents dans des bassins couverts. “On voit que l’eau s’est arrêtée à 10 centimètres au-dessus des robinets. Donc la totalité des auges était sous l’eau, explique le responsable aquacole. On a pu préserver 110 000 truitelles."
Ces poissons représentent la production de l'année 2025. "Si on les avait perdus, on aurait perdu deux années de rendements au lieu d'une."
Pour les pêcheurs, la quinzaine de tonnes de truites évaporées dans la nature, est une aubaine. "Il y avait une véritable armée au bord de la rivière. Tout le monde se touchait, ils ont prélevé des quantités de truites", raconte Jean-Pierre Sonvico, président de la fédération de pêche de Côte-d'Or.
"Malheureusement, certains se sont laissés aller à des débordements, on peut dire "honteux". Certains étaient là avec des poubelles, emmenaient 30, 40, 50, 60 truites dans la journée."
Six truites par jour et par pêcheur
“On peut voir vos cartes de pêche s’il vous plaît ?" À quelques kilomètres de la pisciculture, Guilhem Monsaingeon, garde-pêche, et son équipe contrôlent les pêcheurs. “Depuis quelques jours, on intensifie nos contrôles. Ce matin, on a fait 2 PV pour dépassement, donc un PV avec sept truites, et un autre avec 16 truites."
Les quotas sont stricts : six truites arc-en-ciel maximum par pêcheur et par jour. Le garde-pêche déplore le comportement “peu scrupuleux” de certains pêcheurs. “Si vous regardez le prix des truites en poissonnerie, le montant de l’amende est dissuasif, je pense. C’est même plus cher que la carte de pêche.” Les contrevenants à la loi s’exposent à une amende de 150€.
“Il y a des règles et il faut les respecter pour que tout le monde puisse pêcher normalement, abonde Patrick Gélinotte, pêcheur sur les bords de l'Ouche. Aujourd’hui, j'ai pêché à la cagne et au bouchon : j’ai pris une truite et j’en ai décroché deux. C’est une belle journée, je suis très content !”
Un reportage de Rodolphe Augier, Christophe Gaillard et Laurence Crotet-Beudet