Ce vendredi 30 décembre, une vingtaine d'élus, accompagnés du député Hubert Brigand, se sont rassemblés pour manifester leur mécontentement devant la fermeture de l'unique pharmacie d'Aignay-le-Duc (Côte-d'Or).
Et si ce coup de projecteur pouvait changer la donne pour cette pharmacie de ce petit village de Côte-d'Or de 300 habitants ? Le matin de ce vendredi 30 décembre, une vingtaine d'élus se sont présentés devant l'unique pharmacie d'Aignay-le-Duc, guidés par le député de Côte-d'Or Hubert Brigand (LR). Mais pour quelles raisons ? Geneviève Meyeux, la propriétaire de l'établissement depuis 1985, part à la retraite et n'a pas trouvé de remplaçant. Un coup dur pour le village, qui voit fermer son officine.
La pharmacie et un an de loyer offerts au repreneur
Pourtant, le poste est accompagné de plusieurs faveurs. La mairie offre notamment un an de loyer au repreneur, et Geneviève Meyeux a pris la décision de céder gratuitement la pharmacie. Mais malgré ces conditions financières attractives, rien n'a changé. "On a pensé qu’il était notre devoir de parler de cette situation dramatique pour le monde rural. Je veux faire connaître la pharmacie et son poste vacant, et j'espère que nous trouverons un repreneur", déclare Hubert Brigand.
Cette potentielle fermeture pourrait précipiter le sort des établissements du village selon le député LR. "C’est dramatique parce que lorsque les clients sortent de la pharmacie, ils vont boire un coup, vont au PMU, acheter le pain… Avec sa fermeture, il peut y avoir en cascade d’autres établissements qui vont se retrouver pénalisés", estime-t-il.
Mais Hubert Brigand n'abandonne pas pour autant. Pour lui, cette fermeture est surtout le résultat d'une politique qui ne prend pas en compte les besoins du monde rural. "Beaucoup de choses sont faites pour la métropole et les Parisiens, mais très peu pour les campagnes. On a pourtant des conditions de vie très intéressantes, on est prêts et disponibles pour aider quelqu'un qui souhaite reprendre cette pharmacie", assure-t-il.
"Ils viennent un peu trop tard"
De son côté, Geneviève Mayeux assiste à la scène, désabusée. "C'est avant qu'il fallait venir, là c'est un peu trop tard." Propriétaire de cette pharmacie, elle part en retraite dans les prochains jours. Mais sans successeur, le village risque de perdre un précieux service. "Je suis déçu pour les autres, le village et mes clients. Je suis même prête à la donner, de toute façon ça ne me changera rien", avoue-t-elle.
Cela fait bientôt trois ans qu'elle cherche un repreneur, en vain. "J'ai payé des agences mais ils ne m’ont jamais présenté personne. On a fait de la publicité sur les réseaux sociaux, des annonces sur le bon coin. On a tout essayé", confesse-t-elle.
Les jeunes ne veulent plus travailler comme nous on l'a fait.
Geneviève MayeuxPropriétaire de la pharmacie d'Aignay-le-Duc
Des personnes se sont pourtant montrés intéressés et ont même visité la pharmacie, mais ont tous fini par décliner pour des raisons plus ou moins identiques. "Ils trouvaient les locaux superbes, ils voulaient s'installer en milieu rural. Mais la charge de travail est trop importante par rapport à leurs attentes. Quand on travaille dans une pharmacie, on ne peut pas avoir du temps libre et des vacances comme un simple employé", reconnaît-elle.
La solution, Geneviève Mayeux l'a, mais la législation actuelle complique la tâche. "Il faudrait que les grandes pharmacies aient le droit de reprendre des structures et d’y mettre des salariés. Elles pourraient avoir des succursales comme ici par exemple. Les jeunes ne veulent plus travailler comme nous on l’a fait", affirme-t-elle.
Les habitants en colère
Dans le village, c'est la consternation totale. Avec la pharmacie, c'est un autre service médical qui s'envole. "Nous n’avons bientôt plus de pharmacien, un médecin généraliste qui se déplace une fois par semaine, la kinésithérapeute cherche un associé, un des deux vétérinaires prend sa retraite et n’a pas de remplaçant... Je veux bien payer mes impôts, à condition qu’on ait des services identiques au reste de la population. Certes, on n’est pas nombreux mais ce n’est pas une raison pour être abandonnée", affirme une habitante d'Aignay-le-Duc.
Son amie se plaint surtout d'une génération qui ne veut plus travailler. "Il va falloir qu’on fasse 60 km aller-retour pour acheter un Dafalgan. C'est une catastrophe. Les gens ne veulent pas travailler, c'est ça le problème. C'est une mentalité qu'on n'a pas connu, et qui nous choque", conclut-elle.