Le maire de Nevers, Denis Thuriot, avait lancé ce concept de "flying doctors" au mois de novembre. C'est désormais acté : le premier vol est prévu le 26 janvier. Il doit permettre à des médecins dijonnais de venir effectuer des journées de remplacement à l'hôpital de Nevers.
Le projet semblait insolite lors de son annonce en novembre, mais un mois plus tard, il se concrétise : oui, il y aura bien un "pont aérien" entre Dijon et Nevers pour acheminer des professionnels de santé dans la Nièvre. Le maire et président de l'agglomération de Nevers, Denis Thuriot (Renaissance), le confirme ce jeudi. Le premier vol est prévu le 26 janvier prochain au matin.
35 minutes de vol, 650 euros par passager
Ce vol partira de l'aéroport de Dijon-Longvic dans la matinée, vers 8 heures, pour atterrir à Nevers 35 minutes plus tard. À son bord, huit soignants - médecins, infirmiers, sages-femmes, "on est en train d'affiner la liste", nous précise Denis Thuriot ce jeudi soir. Quant à la fréquence des vols, "on travaille encore sur la programmation, mais l'idée est d'avoir une rotation a minima hebdomadaire".
Le coût du vol : environ 650 euros par passager pour un aller-retour de huit places. C'est l'hôpital qui va payer la facture, mais Denis Thuriot espère recevoir des aides. "Je suis en train de monter un dossier de subventions pour l'ARS et un autre pour la Région." Le directeur de l'Agence régionale de santé avait, le mois dernier, émis des réserves sur un éventuel financement du projet, estimant que ce n'était "pas le rôle" de l'ARS.
Le maire de Nevers relativise le coût des vols : "un médecin intérimaire coûte au moins 1000 euros par jour", note-t-il. "Il faut aussi savoir qu'on a à peu près six millions d'euros de déficit structurel dans notre budget, et sur ces six millions, 3% sont fléchés pour le remplacement des médecins".
Un trajet de près de trois heures en voiture
Dans notre article du 18 novembre, Denis Thuriot expliquait qu'il voyait dans ce pont aérien la dernière solution pour enrayer la pénurie chronique de personnel au centre hospitalier de Nevers. Il manque régulièrement une vingtaine de médecins et une dizaine d'infirmiers.
L'hôpital de Nevers étant rattaché à celui de Dijon, il est administrativement facile de faire venir des soignants dijonnais, mais le problème, c'est bien le temps de trajet : près de trois heures en voiture, 180 km, séparent les deux villes.
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Vers une "navette aérienne" pour le reste de la population ?
Denis Thuriot dit aussi réfléchir à une extension de cette liaison aérienne. "Je me dis, pourquoi ne pas faire deux aller-retours par jour pour le reste de la population ? Faire partir l'avion de Dijon à Nevers avec des professionnels de santé à son bord, et le faire repartir le matin même dans l'autre sens avec des Nivernais qui souhaiteraient se rendre à Dijon. Et inversement pour le vol du soir."
À l'heure actuelle, précisons que l'avion mobilisé le 26 janvier restera à terre, à Nevers, entre ses deux rotations. Il ne reviendra pas à Dijon après avoir déposé les médecins.
Cette option de rajouter deux aller-retours par jour pour la population présente deux avantages, selon Denis Thuriot : "D'abord, si nous proposons des vols réguliers, cela nous permettrait de négocier des tarifs plus avantageux auprès de la compagnie aérienne. Mais cela pourrait aussi compenser la fermeture de la ligne de train Dijon-Nevers." La ligne TER sera en effet fermée, pour sept mois de travaux, à compter de juillet 2023.
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Et l'empreinte carbone dans tout ça ?
Alors que l'Europe a récemment validé la suppression des vols intérieurs en France lorsqu'il existe une alternative en train de moins de 2h30, la démarche de Nevers a de quoi interroger sur l'empreinte écologique de tels trajets. Denis Thuriot y répond : "Je suis atterré qu'on s'occupe de ça maintenant. Je suis très attentif à l'écologie, mais il ne faut pas non plus retourner à l'âge de pierre."
"J'ajoute que c'est un avion à monoturbo, moins polluant que les autres, qui va voler 35 minutes dans un sens et 35 minutes dans l'autre. Je ne suis pas sûr que ce soit ça qui va aggraver très notoirement l'état de la planète, ni que la Nièvre soit l'un des départements les plus pollués de France."
Denis Thuriot
Le président de l'agglomération insiste : il se préoccupe en priorité de la santé de ses concitoyens, "et ça passe aussi par des médecins pour s'occuper des gens". Il voit également dans ce pont aérien une manière d'attirer l'attention des Bourguignons sur Nevers, et pourquoi pas, d'inciter de nouveaux habitants à s'installer.
Le maire a lancé un comparatif des émissions de CO2 de la navette aérienne, par rapport aux déplacements en voiture des Nivernais qui se rendent à Dijon pour se faire soigner. "Les calculs sont en cours, mais même si l'avion est plus élevé, on le fera quand même. La priorité, c'est les Nivernais que l'on a oubliés."