Après l'agression et la séquestration d'un enfant en situation de handicap : "ils sont plus harcelés que les autres"

Vendredi 23 août, cinq mineurs ont été placés sous contrôle judiciaire pour "violences sur personne vulnérable", et notamment sur une personne ayant "un léger handicap mental". Un fait divers qui intervient dans un contexte plus large de difficultés pour cette population à l'approche de la rentrée.

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Un fait divers sordide. Vendredi 23 août, cinq mineurs ont été présentés à un juge pour enfants et mis en examen pour "violences en réunion sur personne vulnérable". Un jeune garçon présentant un "léger handicap mental" aurait été séquestré près de la place Darcy, à Dijon.

Plus globalement, une étude de la DREES datant de 2020 montre que les personnes en situation de handicap sont plus souvent victimes de violences que leurs homologues valides. De plus, une enquête de 2019 évalue à 35 % le nombre d’élèves handicapés harcelés, contre 14 % des élèves valides.

Nous avons donc évoqué ce sujet, ainsi que l'inclusion des enfants en situation de handicap pour la rentrée, avec Jacqueline Muller présidente de l’association d’aide aux personnes handicapées mentales de Côte-d'Or.

Les enfants en situation de handicap sont-ils plus discriminés que les autres ?

Jacqueline Muller : Je dirais qu'ils sont plus harcelés, certainement parce qu'ils ont des fragilités que l'on peut ne pas voir, car il existe des handicaps invisibles. Il y a tout de même des points de faiblesse, et les harceleurs potentiels s'attaquent à ceux-ci. Donc, je pense qu'ils sont plus harcelés que les autres.

Les enfants ne sont souvent pas tendres les uns avec les autres. Donc, lorsqu'il y a un handicap, ils appuient souvent dessus.

Où en est-on de l'accès à l'école pour cette population ?

J.M : Des progrès ont été réalisés ces dernières années. Cependant, il reste difficile, lorsqu'on a un handicap important, comme l'autisme avec des déficiences associées ou un polyhandicap, de bénéficier d'un accompagnement scolaire à temps plein. Il est plutôt limité à une demi-heure, voire une heure le matin.

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Ce n'est, en tout cas, pas un accompagnement adapté. De plus, l'école, ce n'est pas seulement l'école classique. Cela pourrait aussi inclure les établissements médico-sociaux. Dans ces derniers, il manque de place. Souvent, ces enfants passent une grande partie de leur temps à la maison, et là commencent les difficultés pour les familles.

Ces difficultés sont connues depuis de nombreuses années. Je les ai vécues lorsque ma fille était petite. Si la société ne prend pas soin des personnes en situation de faiblesse, elle n'est pas inclusive. De nombreux progrès ont été réalisés, mais il reste encore énormément de choses à accomplir.

Finalement, plus on parle de handicap et d'inclusion, plus la situation devient compliquée pour ceux qui ont un handicap lourd.

Qu'est-ce qui manque aujourd'hui ?

J.M : C'est une question d'argent. Aujourd'hui, on peut plaider pour de grandes causes, mais il y a un grand écart entre l'argent disponible et la cause soutenue. Nous avons besoin de suffisamment d'accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH).

En Côte-d'Or, on nous dit qu'il y a des postes vacants, peut-être parce que les conditions financières ne sont pas assez attractives.

Il manque donc des AESH partout, car nous n'arrivons pas à les embaucher. Cela impacte la scolarité de ces enfants. Normalement, la norme serait de les scolariser avant qu'une AESH n'intervienne, mais pour certains, ce n'est pas possible. Sans ces accompagnants, la scolarisation n'est pas assurée.

Si elle n'est présente qu'une heure, c'est très compliqué. Les parents devront se débrouiller seuls, et certains seront contraints d'arrêter de travailler. J'ai dû vivre cette situation à 36 ans, et j'espérais que les familles n'auraient plus à faire face à cela aujourd'hui. Mais ce n'est pas le cas.

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