Clap de fin pour le festival du film policier à Beaune (Côte-d'Or). C'est Bruno Barde, le directeur du festival, qui l'a annoncé sur France Inter le 19 janvier.
Un divorce sur fond de désaccord entre l'organisateur et la ville.
"On ne souhaite plus travailler avec la ville de Beaune" (Bruno Barde - Le Public Système Cinéma)
Onze éditions et puis s'en va ! Annulé en 2020 en raison de la crise sanitaire, le festival du film policier n'aura pas lieu non plus à Beaune en 2021...ni même après. La onzième édition, qui s'était tenue en 2019, aura donc été la dernière. Bruno Barde - le directeur du festival - "ne souhaite plus travailler avec la ville de Beaune". C'est lui-même qui l'a annoncé sur France Inter dans l'émission "La Bande Originale".
Au micro de Nagui, le directeur général de Le Public Système Cinéma a par ailleurs lancé un appel aux candidatures, tout en lançant une pique supplémentaire à la cité beaunoise : "nous cherchons une ville qui après Cognac et Beaune, accueillerait 35 ans de cinéma policier, mais une ville qui aime le cinéma, le polar et le talent."
"C'est juste un mauvais coup qu'on prend" (Rémi Bergman. Directeur des Ateliers du cinéma)
Beaune et le cinéma, c'est un peu comme une histoire d'amour lelouchienne. Le célèbre réalisateur français avait d'ailleurs ouvert sa propre académie de cinéma dans la cité beaunoise en 2016. Mais depuis la crise sanitaire, les Ateliers du Cinéma tournent au ralenti. La fin du festival du film policier à Beaune, c'est un coup dur supplémentaire pour les responsables de l'académie. Contacté ce mercredi matin, Rémi Bergman, le directeur des Ateliers du cinéma, ne cachait pas sa déception : "Je trouve cela bien dommage. Ce n'est pas tout à fait le coup de grâce, mais on en est pas loin. On était déjà fragiles depuis la crise sanitaire, mais après ce coup-là, il ne faut vraiment plus en rajouter. "
Un divorce sur fond de désaccords entre l'organisateur et la ville de Beaune
Au lendemain des déclarations de Bruno Barde sur France Inter, le maire de Beaune n'a toujours pas réagi. Alain Suguenot a pourtant toujours été un fervent défenseur du festival policier. C'est finalement son adjointe à la culture, qui est la première à répondre à nos questions. Charlotte Fougère "prend acte" de la décision du directeur du festival, mais ne se dit pas surprise. Selon elle, les tensions entre Beaune et l'organisateur ne sont pas nouvelles : "Il n'y avait pas de contrat pour l'édition 2020, il y avait déjà des désaccords".
Il faut dire que l'organisation d'un tel événement - avec ses invités prestigieux coûte très cher aux collectivité. Le coût du festival de Beaune était estimé à environ 800 000 euro par an. Un coût non-négligeable qui demande aussi un retour sur investissements. Sauf qu'à Beaune, le festival du film policier n'a jamais connu autant de succès que celui de Deauville ou de Cannes. Si les stars étaient bien au rendez-vous (Brian de Palma, David Lynch, Samuel L. Jackson, entre autres) l'événement n'a jamais déchaîné les foules. Selon l'adjointe à la culture, la formule commençait à s'essoufler : "C'est un festival qui avait une dizaine d'années, et qui ces derniers temps n'avait plus le rayonnement et les têtes d'affiche du départ".
Un nouveau festival du film à Beaune ?
A peine annoncé, le divorce entre Beaune et l'organisateur du festival semble déjà consommé. A en croire Charlotte Fougère, d'autres projets sont déjà dans les tuyaux : "La ville de Beaune, c'est la ville du cinéma et de la musique. Un réseau de partenaires nous a déjà fait des propositions pour la suite". Assistera t-on dans les prochaines années à la création d'un nouveau festival à Beaune ? Pour l'adjointe à la culture, la fin du festival du film policier est en tout cas une "opportunité pour se réinventer".