Ce dimanche 17 décembre, Léna Grandveau a été sacrée championne du monde de handball avec les Bleues. Auteure d'une performance salvatrice contre la Norvège en finale, la Beaunoise se confie sur sa compétition, sa carrière et son état d'esprit avant les Jeux olympiques.
C'est le sourire jusqu'aux oreilles que Léna Grandveau apparaît devant la caméra de son ordinateur. Deux jours après avoir remporté le championnat du monde de handball contre la Norvège (31-28), la jeune Française de 20 ans peine encore à réaliser.
"Je suis encore un peu sur un petit nuage", lance la Beaunoise interrogée par France 3 Bourgogne. "On s’en rendra vraiment compte petit à petit, mais sur le moment il y a tellement de sollicitations, tellement d’émotion, tellement de trucs qui se passent dans nos têtes qu’on ne s’en rend pas encore compte. C’est trop beau pour y croire, on dirait qu’on est dans un rêve et qu’on n’est pas réveillés. C’est incroyable cette sensation de fierté."
Une performance héroïque
"C’est sûr que ce n’était pas un match facile et que c’était dur jusqu’à la fin", commence-t-elle d'un ton sérieux. "On était un peu dans une période de down, parce qu’elles étaient très fortes en défense, en attaque on ne marquait plus beaucoup de buts… Il a fallu un petit air de génie." Et cette lueur est venue de la Beaunoise, qui évolue désormais aux Neptunes de Nantes. Avec cinq buts, dont les quatre derniers du match pour la France, la demi-centre, replacée arrière-droite, a dynamité la fin de match des Bleues.
Léna Grandveau a non seulement surpris son entraîneur, Olivier Krumbholz, mais aussi ses adversaires du jour : "Je pense qu’elles ne s’attendaient pas à ce que je prenne des tirs, vu que j’étais la plus jeune. Mais ça a bien marché et je suis contente d’avoir pu apporter ça à l’équipe, parce que c’est important que chacune puisse croire en chacune d’entre nous."
20 ans et sans peur
Sélectionnée pour la première fois en septembre 2022, la jeune Côte-d'Orienne prend une trajectoire de supernova dans le monde du handball de haut niveau. Avec l'Euro 2022 comme seule référence à l'échelon international, et à seulement 20 ans, Léna Grandveau avait les crocs : "Je n’avais rien à perdre. Je savais que j’étais là pour être là. Il fallait que je profite du moment et une finale de championnat du monde ça ne se joue pas 10 fois dans une vie. J’avais juste envie de jouer comme je le fais depuis que je suis petite."
"C’est sûr que ce sont un peu des rêves de gosse qui s’enchaînent, des premières fois à gogo... C’est vraiment un rêve d’enfant qui se réalise."
Léna Grandveauhandballeuse française
Avec des étoiles plein les yeux et des rêves plein la tête, la Nantaise veut s'accorder un peu de temps pour bien mesurer l'exploit : "Aujourd’hui c’est juste de la fierté, de la joie et j’ai juste envie de profiter les prochains jours parce qu’on sait que ça n’arrive pas beaucoup dans une vie et on ne sait pas si un jour ça arrivera encore. On a fait partie de cette histoire, maintenant profitons avant de penser à autre chose et savourons cette médaille."
"Il ne faut jamais oublier d’où l’on vient"
Après avoir passé 11 ans à pratiquer le handball en Côte-d'Or (de 2008 à 2017 au Beaune Handball et de 2007 à 2020 au Chevigny-Saint-Sauveur Handball), Léna Grandveau est loin d'avoir oublié ses moments en Bourgogne. "Il ne faut jamais oublier d’où l’on vient", assure-t-elle avec émotion.
"Mes deux clubs, Beaune et Chevigny, sont très importants pour moi. Je ne les remercierai jamais assez, surtout pour les entraîneurs et les gens que j’ai pu connaître là-bas parce que c’est grâce à ça que je suis ici et que j’ai pu m’exprimer comme je l’ai fait.
Léna Grandveau
"Je suis super contente de dire que j’ai joué dans ces deux clubs et de voir les gens qui m’ont suivi pendant des années être heureux et un peu fiers. J’espère que ma bonne humeur leur fait plaisir."
Léna débute le hand à l'âge de cinq ans et demi au Beaune Handball, le même club où évoluait sa mère avant elle. "Dès que je pouvais, j’allais au club tous les week-ends, je passais ma vie dans le gymnase", se souvient la championne du monde. "Je pense que ça m’a permis de me concentrer sur des petits trucs handballistiques qui me permettent aujourd’hui de me rendre compte de la chance que j’ai. À Beaune, j’ai fait neuf ans, sur mes bientôt 15 ans de petite carrière c’est énorme. Je me souviens de tout, tous mes entraîneurs, mes coéquipières…"
Christelle Naigeon, son entraîneuse de l'époque des moins de 12 ans, se rappelle très bien d'elle. "Je suis hyper heureuse que mon ancienne coach puisse dire des choses pareilles", répond Léna Grandveau. "Je pense qu’on a chacune des très très bons souvenirs, des tournois, des matches gagnés… C’est là que ça a commencé et je suis super contente."
Les JO ? "Ce n'est pas une pression"
Après cette performance remarquée en finale du championnat du monde, une autre grande échéance arrive : les Jeux olympiques de Paris 2024. La championne du monde soufflera sa 21e bougie en janvier prochain, mais déjà elle montre des signes d'une maturité rare. Avec lucidité, elle explique son état d'esprit avant ces JO : "Depuis un an on m’en parle et je ne vais pas changer d’avis par rapport à ça, parce qu’on sait qu’on a que 14 places pour les JO."
"Tout le monde ne pourra pas en faire partie, donc j’ai juste envie de me donner à fond quoi qu’il arrive et si j’ai la chance d’y participer ce serait juste incroyable."
Léna Grandveau
"Ce serait un plus vraiment, j’aurai fait du chemin, mais ce n’est pas une pression. Je vais bosser, tout donner et on verra ce qu’Olivier décidera, mais je ne regretterai jamais rien."
Une petite quinzaine de minutes plus tard, Léna Granveau doit raccrocher. Une autre interview l'attend, "ça n'arrête pas", commente-t-elle. De quoi confirmer un peu plus à quel point cette jeune joueuse de 20 ans a changé de statut après la victoire de l'équipe de France au Mondial.