Municipales 2020 : A Beaune, ce qu'il faut retenir de la campagne

REPLAY. Beaune, ville viticole, touristique et souvent décrite comme un bastion de la droite. Les 15 et 22 mars, 5 candidats sont en lice dont le maire sortant Alain Suguenot. En débat notamment, la place accordée aux tourisme au détriement des habitants selon certains candidats. 

Il est élu depuis 1995. Alain Suguenot est candidat à un 5e mandat
Ils sont 5 candidats en liste à Beaune :

  • Alain Suguenot (LR), maire sortant
  • Éric Monnot (LREM)
  • Carole Bernhard (EELV)
  • René Lioret (RN)
  • Mario Barravecchia (Agir)

La gauche rassemblée

Dispersée en 2014, c’est fois, la gauche est partie rassemblée à Beaune derrière la candidate écologiste Carole Bernhard. Dans cette commune qui a toujours élu un maire de droite, la gauche avait obtenu 3 conseillers municipaux sur 35. Enseignante, Carole Bernhard a déjà été candidate aux Européennes en 2019, aux départementales et aux régionales en 2015. Sans succès. Pour faire mieux, la candidate a une cible privilégiée, les quartiers populaires, des "quartiers délaissés" selon ses mots, à l'image du quartier Saint-Jacques où elle réside.

« On doit mobiliser les abstentionnistes dans les quartiers populaires ! » - Carole Bernhard


« C’est un quartier où l’abstention est très forte. Pourtant c’est là que nos propositions peuvent avoir le plus de résonnance »  veut croire Carole Bernhard. « Les Blanches Fleurs, les Arts Cotains, les Verrottes, il y a plusieurs quartiers populaires à Beaune où le taux de pauvreté, le taux de chômage sont plus importants. On doit mobiliser les abstentionnistes dans ces quartiers. »
En 2014, près d’un électeur sur deux était resté chez lui (45% d’abstention).
 

"L’expérience est utile. Les gens n’ont pas envie d’une aventure" - Alain Suguenot
 


Face à elle, le maire sortant, Alain Suguenot, investi par Les Républicains mais qui se revendique désormais sans étiquette. Elu pour la première fois en 1995, il candidate pour un 5e mandat. A 68 ans, il joue la carte de l’expérience et de la continuité. « Aux municipales, l’expérience est utile, estime Alain Suguenot. D’autant plus quand on a en face des personnes qui ne se sont jamais investies pour la ville. La ville et l’agglomération, ce sont 200 millions d’euros de budget. Les gens n’ont pas envie d’une aventure. »
En 2014, Alain Suguenot avait été élu triomphalement dès le 1er tour avec 75% des voix. Cette fois, il est peu probable qu’il échappe à un second tour, car les concurrents se sont multipliés.
 

« On a créé cet espoir, la fin de l’autocratie » - Eric Monnot
 

Nouveau protagoniste, le candidat investi par En Marche, Eric Monnot, mais qui revendique une liste « divers centre ». A 60 ans, le chef d'entreprise est à la tête cette société familiale spécialisée dans la tonnellerie. Aux européennes, La République en Marche était arrivée largement en tête avec plus de 27 % des voix. Parmi ses propositions, la réalisation de grands équipements comme une piscine et une médiathèque…
Pour gagner il mise aussi sur l'usure du pouvoir après 25 ans de règne du maire sortant. «  Les agents municipaux espèrent, les maires des communes voisines attentent que ça change. Il y a une telle attente ! » affirme Eric Monnot. « On a créé cet espoir, la fin de l’autocratie »

"Je propose de passer de 8 à 16 policiers qui seront armés et équipés de gilets de protection." - René Lioret


Autre nouveauté, la présence d’une liste du Rassemblement national, une première depuis 2001 ! C’est René Lioret qui représente le parti. Déjà candidat aux législatives en 2017, il avait terminé deuxième surlacommuneavec près de 32 % des voix. Il défend une politique à rebours de celle du maire actuel qui a développé le tourisme et les festivals. René Lioret veut faire baisser le prix des loyers et mise sur la sécurité.
« La sécurité, c’est l’une des principales préoccupations des habitants. L’une de mes premières mesures, ce sera le doublement des effectifs municipaux. Je propose de passer de 8 à 16 policiers qui seront armés et équipés de gilets de protection. »

En 2020, la mairie de Beaune suscite décidément les appétits. Y compris chez Mario Barravecchia. Ancien candidat de l’émission Star Academy dans les années 2000, il a été investi par « Agir », le parti du ministre de la Culture Franck Riester.
 

Beaune : ce qu’il faut retenir du débat

Le 26 février dernier, les candidats étaient invités à débattre sur le plateau de France 3 Bourgogne et France Bleu. Au menu des discussions, tourisme, écologie, sécurité et quelques passes d'armes entre candidats. 
 

Une ville pour les touristes ou pour les Beaunois ? 


« Beaune est une ville touristique en passe de devenir une ville pour les touristes !» tacle d’entrée René Lioret (RN) « Il ne faudrait pas que ça devienne le Mont-Saint-Michel ! ». Le tourisme s’est-il trop développé à Beaune ? C’est l’une des premières questions abordée ce mercredi 26 février lors du débat entre les candidats à la mairie de Beaune.

"Beaune est en train de mourir ou d’être sanctuarisée."


« Certains habitants sont oubliés » ajoute Mario Barravecchia quand Eric Monnot estime qu’on « ne prend pas soin des Beaunois. Beaune est en train de mourir ou d’être sanctuarisée. » De son coté, la candidate écologiste Carole Bernhard constate : « Quand ont atterrit dans la cour des Hospices ou aux Ares Cautain, on n’est plus dans la même ville. »

"Nous sommes dépassés par notre succès"


Une description de la commune que ne partage pas le maire sortant, Alain Suguenot (LR) « J’ai l’impression que l’on ne vit pas dans la même ville. La ville est en plein développement économique et c’est d’ailleurs une de ses difficultés. Nous sommes dépassés par notre succès. » L’élu distille les chiffres, signes selon lui de son bon bilan : 18 000 emplois, 4 % de taux de chômage, 2 millions de touristes et l’arrivée de nouvelles entreprises.

Mais c’est un autre chiffre que retiennent ses opposants. La commune de Beaune a perdu un millier d’habitants. Un chiffre qui fait réagir le candidat du Rassemblement National, René Lioret : « Les 1000 habitants qui ont quitté Beaune en 8 ans, ce sont des jeunes. Pourquoi sont-ils partis si tout va bien à Beaune ? »

Les Beaunois ou les touristes ?


«  Le maire de Beaune devrait s’occuper plus des habitants et moins des touristes ! » C’est le slogan que choisit Mario Barravecchia, ancien candidat de l’émission Star Academy et aujourd’hui candidat à la mairie, a attaqué le Bilan du maire sortant, Alain Suguenot.

« Le tourisme fonctionne très bien à Beaune, concède M. Barravecchia investit par Agir. Mais aujourd’hui, on manque de logements à des prix abordables. 3000 Beaunois vivent sous le seuil de pauvreté. Ne pensons pas que la ville de Beaune est l’une des plus riches, ce n’est pas le cas ! » Il questionne ensuite Alain Suguenot sur la flambée du nombre de locations AirBnb dans le centre-ville.

« C’est un problème que l’on a commencé à traiter depuis 3 ans, répond le maire. On les limite, comme dans les grandes villes. Mais le mal a été fait depuis des années. » Quant aux habitants perdus, «ils sont partis en raison de la réussite économique de Beaune » estime Alain Suguenot qui met aussi en avant l’amélioration de la qualité des logements dans la commune. "Mais c’est aussi l’Etat qui bloque les implantation estime le maire."

Moins de festivals, plus de crêches ?  


S’il ne veut « pas opposer bien-être du touriste et bien être du Beaunois », le candidat En Marche, Eric Monnot, veut « utiliser tous les moyens législatifs pour réguler les airbnb spéculatif et laisser de la place pour que les Beaunois puissent habiter le centre-ville. » Une point de vue modéré partagé par la candidate écologiste qui évoque « une complémentarité » à trouver. « Si on a une baisse démographique à Beaune depuis plusieurs années, ce n’est pas seulement à cause du cout du logement, c’est aussi à cause du manque de services proposés aux familles. Les services périscolaires, l’offre de crèches doivent être adaptés aux besoins. Il va falloir ouvrir des locaux et embaucher du personnel. »

Pointés du doigt également, le gout des évènements et des festivals développés par le maire actuel. « Le Tourisme, c’est très bien, mais il y a 65 % de d’ouvrier et d’employés à Beaune. Tout le monde n’a pas les moyens de se payer ces festivals, parfois très chers » estime René Lioret qui dénonce l’allocation d’un quart des subventions de la ville au festival d’art Baroque.  « C’est aussi l’image de Beaune » justifie Alain Suguenot pour qui « la marque Beaune est aussi une marque culturelle ».

« On investit 1 million d’euros dans un festival de cinéma mais qui ne profitent pas aux Beaunois » dénonce Eric Monnot. « C’est 360 000 euros » rectifie Alain Suguenot qui n’hésite pas à se présenter en expert des chiffres, avant que le ton monte.

Chanteur contre disc-jockey


« Vos amis comme monsieur Lellouche [fondateur de l’école de cinéma] bénéficient de 1600 m² pour un loyer complètement indécent par rapport aux Beaunois, s’exclame Mario Barravecchia. « 1000 euros / Mois pour une école du cinéma qui est un gouffre ! »

« Monsieur Barravecchia dit n’importe quoi » répond le maire. « C’est une école qui sert à l’élite que vous servez Monsieur le Maire sortant » ajoute le candidat "agir" face à Alain Suguenot qui dénonce des propos de « caniveau » avant d’ajouter : « Vous êtes peut-être un bon chanteur, n’essayez pas de gérer une collectivité locale ! » « Ne soyez pas méprisant, répond Mario Barravecchia. Vous étiez Disc-Jockey en 1980 »
A Beaune, la campagne est partie sur un bon rythme.
 

Revoir l'intégralité du débat 


Mercredi 4 mars, ce sera le tour des principaux candidats à Chalon-sur-Saône et Nevers. Puis le 11 mars, ceux de Dijon et Sens. Toujours dès 21h05 sur France 3 Bourgogne.
 
   
Les candidats déclarés à Beaune
  • Alain Suguenot (LR), maire sortant
  • Éric Monnot (LREM)
  • Carole Bernhard (EELV)
  • René Lioret (RN)
  • Mario Barravecchia (Agir)
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