Ce samedi 2 décembre, le médecin-capitaine Sébastien Mirek et l'infirmière Amélie Geusa s'envoleront pour l'île de Mayotte. Les deux membres du service départemental d'incendie et de secours (SDIS) affectés au centre de secours de Bligny-sur-Ouche en Côte-d'Or partent jusqu'au 11 décembre pour apporter leur aide et leurs compétences au centre hospitalier de Mamoudzou, au nord-est de la région.
Depuis plusieurs jours, Mayotte est le théâtre d'affrontements. Dans de nombreuses zones de l'île, des actes de violence et de vandalisme se multiplient contre la population et les forces de l'ordre. À ce contexte en proie à l'insécurité, s'ajoutent des problèmes d'eau, de santé publique mais aussi des soucis climatiques et sociaux. Face à cela, les services de soins locaux sont débordés et des renforts venant de l'hexagone sont dépêchés.
Un binôme part de Côte-d'Or
Sébastien Mirek et Amélie Geusa font partie des courageux qui iront prêter main-forte sur place. Ils se sont portés volontaires en septembre suite à un appel à candidature national mené par la Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises (DGSCGC), les ministères de l'Intérieur et de la Santé. Respectivement médecin-capitaine sapeur-pompier et infirmière sapeur-pompier au centre de secours de Bligny-sur-Ouche, c'est sous l'uniforme du Service départemental d'incendie et de secours de Côte-d'Or (SDIS 21) qu'ils agiront.
Dès samedi à midi, ils partiront de la gare de Dijon, puis s'envoleront de l'aéroport Charles de Gaulle dans la soirée. Ils arriveront à Mamoudzou pour 9h dimanche, pour une prise de poste aux urgences du centre hospitalier de Mayotte dès 9h30.
"Honnêtement, je compte bien profiter des heures d'avion pour dormir", souffle Sébastien Mirek. Car à partir de leur arrivée et jusqu'au 11 décembre les deux collègues vont être en "flux tendu". "Amélie et moi on a l'habitude", lance-t-il avec confiance. "Aux urgences c'est pareil, il faut être prêt et au top constamment. Il faudra réussir à faire comme d'habitude là-bas et tout se passera bien, je ne me fais aucun souci."
"Partir à deux c'est un énorme avantage"
Si la confiance est de mise pour le spécialiste en anesthésie et en réanimation, cela vient aussi du fait qu'il a une confiance totale en Amélie Geusa : "On est un binôme donc on est déjà opérationnels. On travaille ensemble au quotidien, on sait comment l'autre fonctionne, on sait de quoi il a besoin au moment où il en a besoin, donc on est déjà rodés pour pouvoir travailler dès notre arrivée. Partir à deux, c'est un énorme avantage."
Pour l'infirmière, ce sera sa première mission en dehors de l'hexagone. Elle a quand même l'habitude de ce genre d'opérations sur le territoire métropolitain, puisqu'elle a participé à de nombreuses actions du genre dans sa carrière.
"Pour s'en sortir aux urgences et être efficace c'est un vrai travail d'équipe. On va devoir s'adapter au jour le jour, débriefer dès que possible pour faire de notre mieux chaque jour."
Sébastien MirekMédecin-capitaine sapeur-pompier pour le SDIS 21
Sébastien Mirek, lui, n'en est pas à son coup d'essai au-delà des mers. Le chef du service anesthésie des hospices civils de Beaune avait déjà été appelé pour aider à la Réunion pendant le Covid, il y a 3 ans. "C'est une mission qui m'avait vraiment enrichi professionnellement et humainement", se rappelle-t-il avec le sourire. "Pourtant c'était pendant la crise Covid, le confinement... Mais je n'en retiens que du bon, ça s'était vraiment très bien passé, c'est d'ailleurs pour ça que je me suis porté volontaire pour Mayotte."
"La peur, le stress ? Non rien de tout ça"
La venue du binôme est très attendue au centre hospitalier de Mayotte à Mamoudzou. Sébastien Mirek a pu échanger avec le Docteur Alimata Gravaillac, en charge du service des urgences. L'occasion de préparer son arrivée et de savoir comment s'organisait l'équipe. "C'est très important pour nous de comprendre comment ils fonctionnent là-bas pour se préparer et arriver dans les meilleures conditions", assure le médecin de 41 ans. "Au-delà de ça, c'était enrichissant de pouvoir échanger sur la situation de la région. Je l'ai trouvé vraiment courageuse et son sang-froid m'a marqué. Elle semblait ravie de notre arrivée dans son service et ça m'a touché."
En plus des attentes des Mahorais, toute l'organisation logistique pour aller exercer son métier à des dizaines de milliers de kilomètres pourrait s'avérer stressante pour les volontaires. Mais le chef du service anesthésie des hospices civils de Beaune, ne nourrit pas ce genre d'émotions : "La peur, le stress ? Non rien de tout ça. On va faire ce qu'on sait faire, donc il n'y a pas de raison de s'inquiéter. Au contraire je suis excité à l'idée d'aller apporter mon aide, parce que je suis passionné et que je fais un métier passionnant."
Malgré cette confiance, le Côte-d'Orien tient à rester prudent face à l'inconnu. "Il y a quand même des pathologies comme la drépanocytose, le chikungunya ou la dengue qui ne sont pas endémiques à l'hexagone, mais je connais quand même, ça ira."
"En contrepartie de notre départ, Amélie et moi serons de garde le 24 et le 25 décembre aux hospices civils de Beaune, c'est notre manière de remercier les collègues de pallier notre absence pendant notre mission."
Sébastien MirekMédecin-capitaine sapeur-pompier pour le SDIS 21
Le binôme devra quitter sa famille pour plusieurs jours et à plus de 14 heures de vol en avion. Pour Sébastien Mirek c'est d'autant plus spécial qu'il s'envole le lendemain de son anniversaire. "C'est particulier c'est sûr, mais je vois plutôt ça comme un bon symbole. Pour ma famille, ils sont peut-être un peu inquiets, c'est sûr, mais ce n'est pas une difficulté. Je les préserve au maximum en évitant de trop leur en parler."
Le dimanche 3 décembre, Romain Auvert, sapeur-pompier du SDIS 21 fera le chemin inverse. Il rentrera après trois semaines de mission et sera remplacé dès le 4 décembre par le caporal Anaïs Da Mota Pinto, sapeur-pompier volontaire au centre de secours d'Auxonne.