Comment fonctionne le centre éducatif fermé de Châtillon-sur-Seine, en Côte-d’Or, où de jeunes délinquants condamnés pénalement tentent de se réinsérer ?
Chaque année, la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) organise une journée portes ouvertes dans les centres éducatifs fermés (CEF) qu’elle gère. À Châtillon-sur-Seine, en Côte-d’Or, des garçons âgés de 16 à 18 ans sont accueillis pour six mois. Tous ont été condamnés par un tribunal pénal, beaucoup sont récidivistes.
Ils ont été placés dans ce centre par une ordonnance assortie d’un contrôle judiciaire ou d’un sursis avec mise à l’épreuve, ou bien en aménagement de peine. France 3 Bourgogne a pu aller à leur rencontre pour comprendre comment ils cheminent vers la réinsertion.
Créé en 2006, le centre de Châtillon-sur-Seine accueille 25 jeunes garçons par an. Ils sont encadrés par une équipe de spécialistes : éducateurs, psychologues, professeurs, infirmiers…
Pendant la durée de leur séjour, les jeunes doivent se plier à un emploi du temps strict. Ils ont la possibilité de pratiquer une activité sportive, mais aussi de suivre des cours de menuiserie, de cuisine ou d’autres activités manuelles pouvant amener à une vocation professionnelle. L'objectif est de leur apprendre les notions de contrainte, de partage et de solidarité.
Les contacts des jeunes avec leurs familles se réduisent à deux appels hebdomadaires de cinq minutes.
Le reportage de Gabriel Talon, Dalila Iberrakene, Samuel Verrier et Chantal Gavignet
Intervenants :
- un mineur
- Anne Hammoumi-Guimiot, professeur des écoles
- Lazhar Dridi, directeur du CEF de Châtillon-sur-Seine
- des mineurs
- Thierry Bas, vice-procureur de la République de Dijon
Un passé "ancré dans la violence"
Créés en 2002, les CEF ont bien souvent été décriés pour leur supposé laxisme et leur coût (le budget inscrit au projet de loi de finances 2016 pour la protection judiciaire de la jeunesse atteint les 795,6 millions d’euros). Leurs défenseurs opposent à ces argument la nécessité de réinsérer ces jeunes et de les protéger d’eux-mêmes.
"Ils sont victimes d'addictions à différentes substances toxiques pour 80 % d'entre eux. Leur état de santé est extrêmement dégradé et ils souffrent souvent de nombreux troubles du comportement", avait affirmé à L’Obs en 2007 le ministre de la Justice de l’époque Pascal Clément. "Leur passé est ancré dans la violence pour un tiers d'entre eux, et ils sont quasiment tous marqués par une rupture scolaire depuis au moins 6 mois", avait-il ajouté.
2 151 mineurs étaient placés dans les établissements de la Protection judiciaire juvénile au 31 décembre 2015. Si la justice tente de répondre fermement aux infractions commise par de jeunes délinquants (dans 94 % des cas, les affaires impliquant des mineurs reçoivent une réponse pénale), elle tente d’axer ses réponses sur l’éducation et la réinsertion.