En novembre 2016, une fillette de 4 ans accusait son professeur des écoles de l'avoir violée à Genlis (Côte-d'Or). Après 5 ans d'enquête aucun coupable n'a été désigné. L'instituteur avait été innocenté par les forces de l'ordre. La juge d'instruction a prononcé un non-lieu.
C'est peut-être la fin de près de cinq ans de procédure. Dans l'affaire du viol d'une fillette de 4 ans en novembre 2016 à Genlis (Côte-d'Or), la justice vient de prononcer un non-lieu selon une information du Bien Public, que nous pouvons confirmer. Le professeur initialement mis en cause avait été innocenté par les enquêteurs dès les premiers mois de l'instruction.
À l’époque, la fillette avait indiqué aux responsables de son école avoir été violée par le maître remplaçant, Eric Péclet. Les tests médicaux réalisés avaient confirmé l’agression sexuelle. Mais quelques mois plus tard, une seconde hypothèse émergeait.
L’hypothèse de la lignée paternelle
En février 2017, l’analyse ADN d’une culotte de la jeune fille révèle la présence de traces de sperme appartenant à la lignée paternelle. L’oncle, le père et le grand-père de l’enfant sont mis en garde-à-vue, puis placés sous le régime de témoin assisté. Mais les experts estiment qu’un transfert d’ADN dans la panière à linge peut expliquer cet élément.
J’aspire à retrouver la paix. La justice ça use.
De son côté, le professeur est libéré sous statut de témoin, après avoir été mis en examen et placé en détention provisoire pendant 4 mois. Durant l’enquête, plusieurs éléments viennent prouver l’innocence d’Eric Péclet. Face à l’impossibilité d’arriver à une conclusion, la juge d’instruction a décidé de classer l’affaire vendredi 9 juillet.
L'auteur du viol n'est pas désigné
La nouvelle était attendue. Le 25 février dernier, le professeur des écoles avait reçu une notification de fin d’instruction du dossier. Interrogé par France 3 Bourgogne, Eric Péclet était partagé à l’époque et craignait que l’affaire ne soit jamais résolue. "J’ai beaucoup de soulagement, mais quelle déception d’en arriver là. On arrive à une fin que je redoutais. Ce qui comptait pour moi, c’était d’avoir la vérité".
L’ordonnance de non-lieu concerne également la lignée paternelle de la jeune fille. Officiellement, l’auteur du viol est inconnu. La nouvelle est perçue positivement par les parents de la victime. "Ils sont soulagés de voir que la justice fonctionne bien et qu'on n'a pas cherché absolument à fabriquer un coupable, et qu'on n'a pas essayé finalement de trouver une explication à tout prix à ce qui était arrivé à leur fille. Bien sûr, il y a un sentiment de frustration chez eux parce qu'ils auraient aimé savoir ce qui est arrivé à cet enfant", précise Pierre-Henry Billard, avocat du père de la victime.
Échec incontestable
Incarcéré à tort, Eric Péclet est désormais officiellement reconnu victime d'une erreur judiciaire. Mais ce non-lieu général lui laisse un goût amer. "Si au moment où elle reçoit l'expertise ADN, la justice avait mis la même vitesse et le même acharnement que sur moi, je n'aurai pas tenu rigueur à la justice de s'être d'abord acharnée sur moi. Parce que j'aurai vu que le traitement est le même, j'aurai vu que le vrai but était bien la protection de l'enfant. Mais cette différence là me choque", confie-t-il.
L'échec de l'instruction est incontestable. "L'enquête n'a pas permis d'identifier le ou les auteurs de ces faits. Cela arrive de temps en temps. Cela arrive en matière correctionnelle. Cela arrive un peu moins souvent en matière criminelle. Mais cela arrive. De fait, on ne peut pas dire que ce soit une réussite pour la justice", reconnaît le procureur de la République de Dijon, Eric Mathais.
Une association de défense de l'enfance a fait appel de ce non-lieu. La chambre de l'instruction doit désormais statuer pour clore définitivement l'affaire.