Covid-19 : 15 000 fromages à écouler, l'avenir de la fromagerie Delin en question

Célèbre pour la production du Brillat-Savarin, la fromagerie de Gilly-lès-Citeaux (Côte-d'Or) lutte difficilement contre le coronavirus. Depuis le début du confinement, elle est confrontée à une importante baisse des commandes. Plus de 15 000 fromages n'ont pas trouvé preneur pour le moment.

La fromagerie Delin, basée à Gilly-lès-Citeaux (Côte-d'Or) subit la crise sanitaire de plein fouet. Avec la fermeture des écoles et des restaurants, et la baisse importante de l'export, sa clientèle s'est réduite à peau de chagrin depuis le début du confinement. Mais la production, elle, ne s'est pas arrêtée nette. Conséquence : l'entreprise se retrouve avec des tonnes de fromages à écouler. 

Des fromages à moitié prix

D'après les chiffres communiqués par l'entreprise le mardi 7 avril, la fromagerie se retrouve avec plus de 15 000 Brillat-Savarin de 500 grammes en trop. Pour écouler sa marchandise, Delin a d'ores-et-déjà fait des dons au CHU de Dijon et aux banques alimentaires et bradé ses prix. Mais cela n'a pas suffit à écouler tous les stocks. Désormais, la fromagerie mise sur les réseaux sociaux et de nouveaux distributeurs. Sur sa page Facebook, Delin propose une offre spéciale : 1 Brillat-Savarin acheté, 1 Brillat-Savarin offert. Les fromages devront trouver preneur avant la mi-mai pour ne pas être définitivement perdus.

 

Deux sites de production à l'arrêt

La fromagerie Delin, qui dispose de six filiales de production, a du fermer les sites de Nuits-Saint-Georges (Côte-d'Or) et de Chevillon (Haute-Marne). Sur les 140 salariés que comptent l'entreprise et ses filiales, la moitié est au chômage partiel. Aujourd'hui, la fromagerie a baissé sa production de 75%.

Un chiffre d'affaires en chute libre

Alors que la fromagerie Delin avait réalisé en 2018 un chiffre d'affaires de 18 millions d'euros, cette année risque d'être très compliquée pour l'entreprise. La fromagerie bourguignonne qui dépend beaucoup de l'export (N.D.L.R : 40% du chiffre d'affaires) notamment aux Etats-Unis et au Canada, ne peut plus acheminer les commandes dans ces pays. Rien qu'au mois de mars, l'entreprise a perdu 250 000 euros. La situation est très tendue, reconnaît le PDG Philippe Delin : "L'export aux Etats-Unis s'est arrêté la semaine dernière, la Belgique s'est arrêtée en même temps que nous. On a pratiquement perdu 70% de notre marché à l'export, ça fait donc de très gros volumes qui ne partent plus."

Mais la situation pourrait être encore plus catastrophique. Pour l'instant, la Suisse, l'Allemagne et le Japon ne sont pas en confinement et commandent toujours d'importants volumes de fromages : "on a appris que le Japon allait aussi entrer en confinement, et on a peur que l'Asie entre aussi en confinement" ajoute le PDG.
 

 

Des centaines de litres de lait jetés à l'égout

Comme le souligne Philippe Delin, les vaches ne peuvent pas être mises au chômage partiel. Malgré la baisse importante de production de fromages, l'entreprise Delin est obligée de poursuivre la collecte auprès de ses producteurs laitiers : "on ramasse entre 20 et 25 000 litres par jour. On a demandé à certains producteurs de baisser leur production. Certains d'entre eux mettent environ 10% de leur lait à l'égout, c'est malheureux."

Mais même avec cette collecte réduite, la fromagerie Delin perd de l'argent : "on revend le surplus de lait au marché spot. C'est à dire que ce n'est pas nous qui fixons le prix, mais l'acheteur. On le revend 150 euros la tonne, alors qu'on l'achète à 450 euros aux producteurs" nous précise le PDG de la fromagerie.

L'inquiétude pour la suite

Philippe Delin est très inquiet pour la suite. Alors qu'il accuse 50% de perte de chiffres d'affaires, il ne sait pas encore précisément de quelles aides il pourra bénéficier pour compenser le manque à gagner : "On nous parle de prêts de l'Etat, de reports de charges, mais pour l'instant on ne sait pas. Est-ce qu'on va devoir réellement faire ces prêts et les rembourser sur plusieurs années, ou est-ce qu'on va avoir des assurances ?" 

Le PDG de la fromagerie ne cache pas son inquiétude, mais pour lui le plus est important est ailleurs : "c'est dur, mais bon, il faut rester en bonne santé, donc c'est le principal." conclue-t-il avec beaucoup d'émotion.
 
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