Plusieurs pays européens ont annoncé interrompre l'administration du vaccin AstraZeneca, après des cas graves de formation de caillots sanguins. La France juge qu'il n'y a pour l'instant "pas lieu de suspendre" les injections. En Côte-d'Or, les médecins doivent rassurer davantage leurs patients.
L’inquiétude ne cesse donc de grandir autour du vaccin AstraZeneca. Jugé d'abord moins efficace, puis boudé par les soignants, c’est maintenant la liste des effets secondaires qui suscite la méfiance.
À la suite d'un problème lié à des troubles de la coagulation, le Danemark, suivi d'autres pays européens, a décidé de suspendre, par précaution, l'utilisation du vaccin développé par le laboratoire britannique AstraZeneca et l'université d'Oxford.
Les médecins se veulent rassurants
En première ligne, se trouvent les professionnels de santé qui doivent rassurer les patients, nombreux à s’interroger comme au cabinet d'Emmanuel Debost, médecin généraliste à Plombières-les-Dijon (Côte d'Or). "J’ai des patients qui se sont décommandés ce matin. C’est normal qu’il y ait de l’inquiétude. Une information comme cela peut être inquiétante", reconnaît le médecin. "On est là pour rassurer nos patients, pour être vigilant."
Toute la matinée, il a vacciné ses patients. Les injections du vaccin AstraZeneca se sont enchaînées sans crainte particulière. "Cela provoque des thromboses" paraît-il réagit l'une de ses patientes.
Emmanuel Debost demande à chacun de ses patients de lui signaler le moindre effet secondaire. La polémique autour du vaccin AstraZeneca va en tout cas renforcer sa vigilance. "On n’a pas d’alternative mais soyons vigilants."
Une méfiance grandissante
Après la suspension de la vaccination dans plusieurs pays, la méfiance grandit. Au cabinet d'Anne-Laure Bonis, médecin généraliste à Dijon, le débat autour du vaccin AstraZeneca s’est également invité dans les discussions avec ses patients.
"Je pense qu’il faut faire confiance à nos professeurs et à nos médecins qui nous mettent pas n’importe quoi sur le marché" témoigne une patiente ce matin.
L'objectif des médecins est aujourd'hui de rassurer encore un peu plus et Anne-Laure Bonis est prête à le faire. Elle aussi a dû faire face depuis hier à des patients qui ont eu peur et ont décommandés. "Mais on les rassure, on leur dit 'faites confiance à votre médecin généraliste'. Nous sommes des scientifiques. Notre premier devoir, c’est de vous soigner et de vous protéger contre la covid."
Un seul cas de thrombose en France
À ce jour, un seul patient en France a montré des effets secondaires de thrombose après la vaccination avec le vaccin d’AstraZeneca. Le groupe pharmaceutique britannique a affirmé ce vendredi 12 mars qu'il n'y avait "aucune preuve de risque aggravé" de caillot sanguin entraîné par son vaccin contre le Covid-19.
La veille, l’Agence européenne des médicaments (EMA) a annoncé l’ouverture d’une enquête concernant ces possibles effets secondaires, tout en indiquant que celui-ci restait sûr.
Aujourd'hui, les médecins généralistes aussi se veulent rassurant et s'appuient sur les études scientifiques. "Hier soir, on a eu une séance d’information avec un infectiologue local qui a pris son bâton de pèlerin et nous a expliqué toutes les études. 30 cas sur 1 million, c’est moins d’un cas pour 100 000. On est dans les résultats attendus" explique Anne-Laure Bonis.
Pour elle, il est évident qu’il faut continuer à vacciner mais surtout convaincre des bénéfices de la vaccination supérieurs aux risques pour le vaccin AstraZeneca.
Selon un sondage Harris Interactive pour LCI, 64% des Français se déclarent prêts à être vaccinés contre le Covid-19, soit un bond de 8 points depuis le 7 janvier. Pour autant, 57 % des sondés disent toutefois ne pas faire confiance au vaccin AstraZeneca.
Pas de pause de la vaccination en France
L'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a formellement recommandé, vendredi 12 mars, de continuer la vaccination anti-Covid avec le vaccin AstraZeneca, suspendue provisoirement et par précaution par plusieurs pays européens en raison de troubles de la coagulation. La veille, le ministre de la Santé, Olivier Véran, avait déjà estimé qu'il n'y avait pas lieu de suspendre ce vaccin dans le pays.
L'Agence européenne du médicament a dit, mercredi, avoir recensé "30 cas en Europe parmi 5 millions de personnes vaccinées avec le vaccin AstraZeneca". Selon elle, le nombre de cas de ces troubles n'est "pas supérieur chez les patients vaccinés au nombre observé dans la population générale".