De l'anthraquinone détectée dans le réseau d'eau potable : les canalisations doivent être remplacées dans ces villages de Bourgogne

Deux polluants ont été relevés par l’Agence Régionale de Santé dans l’eau de distribution sur la Communauté de communes Ouche et Montagne. Des travaux de remplacement de canalisations vont permettre de se débarrasser de ces molécules indésirables.

L'eau de consommation des habitants de la communauté de communes Ouche et Montagne (Côte-d'Or) montre des traces de polluants, révélés par l'Agence Régionale de Santé Bourgogne-Franche-Comté. 

De l’anthraquinone et des HAP

Sur la commune de Saint-Jean-de-Boeuf, de l’anthraquinone a été détectée dans l’eau de consommation. 

Des traces également de HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques) ont été relevées, mais ne justifieraient pas d’interdire la consommation d’eau potable, selon l’ARS dans un communiqué :  

“Les résultats des analyses effectuées sur les réseaux exploités par la Communauté de Communes Ouche et Montagne montrent la présence de HAP uniquement sur le réseau (pas de pollution des ressources), dans des concentrations qui ne nécessitent pas de restreindre les usages de l’eau mais de prendre des mesures pour les réduire sur le long terme.”

Comment ces polluants se forment-ils ?

Selon un rapport de l’ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire) de Juillet 2011, la présence de l’anthraquinone dans l’eau de distribution “a été attribuée à un possible relargage de certains hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP 3 ) à partir de canalisations anciennes en acier ou en fonte revêtues intérieurement de produits hydrocarbonés.”

Ces canalisations seraient en effet revêtues de goudrons ou de peintures bitumineuses, et sous l’action du chlore et du dioxyde de chlore (utilisés comme désinfectants de l’eau), certains composés sont relâchés et dissous dans l’eau.

Près de 10 km de canalisations à remplacer

Un kilomètre de canalisations va être remplacé environ sur la commune de Drée. Le maire de Drée, Paul Robinat, montre des repères marqués au sol, signalant le début et la fin d'un tronçon de 600m de canalisations à remplacer : “cette canalisation est à changer, elle date de 1980, c’est elle peut-être qui perturbe toute cette eau et cette molécule qu’il peut y avoir. Pour l’instant je n’ai aucune crainte, mais je suis en éveil permanent. Je ne veux pas prendre de risques et faire prendre des risques aux abonnés et aux habitants de la commune.”

4 autres villages dépendants de la communauté de communes Ouche et Montagne sont concernés. Un budget de plus de 3 millions d’euros est prévu pour remplacer 9 kilomètres et demi de canalisations.

Jean-Pierre Perrot, vice-président de la communauté de communes Ouche et Montagne, affirme que les choses ont été prises en main à travers un rapport rendu en avril dernier, “un schéma directeur de l’eau” qui mène à un plan d’actions pour 2024-2025  : “Nous avons anticipé ce que l’ARS nous recommandait, c’est-à-dire prendre conscience du phénomène, et puis engager ce plan d’action. On n’a pas mis beaucoup de temps finalement.”

Autre précaution utile, la vérification de la qualité à la source : “Nous avons également vérifié que les sources d’eau ne contenaient pas les polluants en question, mais étaient bien véhiculées par les canalisations.”

Pour l’instant 5 communes ont été signalées par l’ARS, mais le périmètre pourrait s'étendre, comme le redoute Jean-Pierre Perrot : “L’Agence Régionale de Santé va probablement nous demander d’élargir notre intervention au-delà des 5 communes qui sont concernées, puisqu’il est certain que la présence d’anthraquinone est bien plus élargie que les 5 communes qui nous ont été déjà signalées.”

Pour le moment, la communauté de communes vient d'émettre un appel d’offres. Les travaux débuteront au début de l'année 2025.

► Avec Alexandre Debray et Corentin Renoult