Léon Soye est un jeune dijonnais fusillé en 1942. Il avait 25 ans. Sa voix est parvenue jusqu'à nous au travers d'un gobelet de métal sur lequel il a gravé ses derniers mots en prison. L'objet a été découvert par hasard bien après la fin de la guerre.
"Prison allemande de Dijon. Soye Léon, condamné à mort le 28 juin 1942 pour avoir donné à Dupont un revolver 6/35"Ce sont les derniers mots d'un jeune homme de 25 ans. Un résistant fusillé le 1er août 1942 à Dijon. Son gobelet de prisonnier, sur lequel il les a gravés a été découvert presque par hasard.
"Mon frère travaille dans une entreprise qui vidait des appartements, détaille Christophe Breuil. Ce gobelet était destiné à disparaître dans une déchetterie."
"Il a vu qu'il y avait des inscriptions dessus, ajoute-t-il. Il m'a dit 'tiens, il faudrait que tu regarder s'il y a quelque chose d'intéressant dessus."
J'ai mis plusieurs semaines à décoder tout ça. Ce que j'ai découvert, c'était fabuleux. C'est très émouvant.
Reconnu mort pour la France
Né le 15 novembre 1917, Léon Soye, était indochinois de mère vietnamienne. Préparateur en pharmacie, il faisait partie d'un groupe des jeunesses communistes de l'Ecole normale de Dijon, dirigé par Lucien Dupont, et démantelé la police française et le redoutable commissaire Marsac, à la suite d'un attentat.Léon Soye a été condamné à mort par l'autorité allemande dans un simulacre de procès. À Talant, où il vivait, une allée porte son nom. Il a été reconnu mort pour la France le 3 novembre 1947.
L'intégralité du message gravé sur le gobelet
Certaines parties du texte restent illisibles sur le gobelet. Elle sont remplacées par des points de suspension.PRISON ALLEMANDE DE DIJON
SOYE Léon condamné à mort le 28-6-42 pour avoir donné à DUPONT un revolver 6/35. Mais je serai vengé et la France sera libérée. J'ai été condamné sous l'inculpation de détention d'arme et d'aide militaire aux ennemis du Reich. Le jugement commencé à 11h était fini à 12h30 et ils m'ont condamné en tant …
J'avais un avocat allemand que je n'ai jamais vu avant et ce n'était qu'un sergent. Aussi à un moment donné comme il élevait la voix ils lui ont parlé sec et il s'est tu. Quant à l'interprète il ne parlait pas très bien français. Enfin ce fut un simulacre de jugement, je savais depuis longtemps ce qui m'attendait car ils ont fusillé des gars qui n'avaient rien fait. La vie ici a été un vrai bagne pendant 6 mois tout seul dans une cellule sans un livre sans calepin et rien à manger, que fait donc la croix rouge d'ici, mais je suis sur que tout cela n'aura pas été inutile car … la … … que la lâcheté … …qui fait la force…
VIVE la France