Dans une interview accordée à France 3 Bourgogne, le maire de Dijon François Rebsamen estime que 850 000 personnes ont visité la Cité Internationale de la Gastronomie et du Vin en l’espace d’un an. Un chiffre qui peut surprendre. Vrai ou faux ? On vous répond.
C’est bien connu : on peut tout faire dire aux chiffres. Face à un sujet aussi sensible que celui de la Cité Internationale de la Gastronomie et du Vin, on peut évidemment comprendre que le président de Dijon Métropole s’en serve pour vanter un "bilan formidable" du nouveau quartier dijonnais sorti de terre il y a tout juste un an.
Selon François Rebsamen, la Cité de la Gastronomie aurait accueilli "850 000 visiteurs" depuis le 6 mai 2022. C’est déjà un peu plus que le chiffre officiel annoncé sur les supports de communication, qui n’annoncent que 800 000 visiteurs pour ce premier anniversaire.
Si vous venez dix fois acheter quelque chose, vous êtes dix fois un client !
François Rebsamen, maire de Dijon
Mais comment ces visiteurs sont-ils comptabilisés ? Y a t-il des caméras à reconnaissance faciale munies d'intelligence artificielle ? Des détecteurs ? Des contrôles d'identité à l'entrée ? Le maire de Dijon se veut rassurant : "on ne demande pas l’identité de chacun !" À notre journaliste Christophe Tarrisse, François Rebsamen tente de préciser les choses : "si vous venez dix fois acheter quelque chose, vous êtes dix fois un client". Nous y voyons donc un peu plus clair : on ne parle plus véritablement de visiteurs, mais plutôt de "visites" ou encore de "passages". Mais c'est encore un peu plus compliqué que cela...
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Des compteurs installés au niveau des entrées
La Cité de la Gastronomie dispose de compteurs installés sur les différentes entrées du site, soit quatre au total. Il s'agit de caméras de vidéosurveillance, reliées à un logiciel d'analyse des flux, qui captent la morphologie de la personne et la suivent dans son parcours. Une méthode de comptage qui existe déjà dans la plupart des lieux touristiques de l'Hexagone. A l'heure actuelle, selon le groupe K-Rei, ce volume global serait supérieur à 1 million de personnes. Mais la technologie seule ne suffit pas à déterminer le nombre de visiteurs.
Un data-scientist, chargé d'analyser les données, a été recruté à temps plein. A partir des données recueillies par le logiciel, le spécialiste va procéder à un nouveau traitement des données. Il va alors retirer le nombre de passages correspondant aux habitants de l'éco-quartier, les passages des salariés, les personnes qui ne font que passer dans les ruelles de la Cité et qui n'entrent pas dans les boutiques sont aussi retirées. De même, un individu qui effectuerait trois ou quatre passages dans la même journée, ne sera comptabilisé qu'une seule fois.
Au final, tout ce qui ne correspondrait pas à un acte volontaire de visiter la Cité Internationale de la Gastronomie et du Vin ne sera donc pas pris en compte. Selon William Krief, président du groupe K-Rei : "toutes ces analyses permettent de confirmer qu'à ce jour, la Cité de la Gastronomie a bien attiré près de 850 000 visiteurs".
Achats au sein de la Cité : la tendance est à la hausse
Pour avoir une véritable idée du succès de la Cité de la Gastronomie, et de sa rentabilité, il faudrait s'intéresser aussi au volume d'achats. Et ça tombe bien, la Cité de la Gastronomie dispose de ces données, du moins en partie. En ce qui concerne le Village Gastronomique, géré par le groupe K-Rei, le taux de transformation en acte d'achat est passé de 45% il y a un an, à environ 60% aujourd'hui, et pourrait encore progresser dans les prochains mois. Ce qui signifie que dans ce volume global de 850 000 personnes ayant sillonné la Cité, 60% ont acheté quelque chose - ne serait-ce qu'un café - au sein du Village Gastronomique.
Quant au panier moyen, William Krief ne souhaite pas nous dévoiler de chiffre. Il nous indique seulement que ce dernier "a doublé" en l'espace d'un an.
Le système d'analyse des flux va permettre à la Cité de la Gastronomie de s'adapter au public
L'analyse des flux permet d'obtenir de nombreuses informations. A titre d'exemple - selon le groupe K-Rei - les Dijonnais représenteraient à eux seuls 450 000 visiteurs. Quant aux touristes étrangers, ils viennent majoritairement d'Europe du Nord.
Les données recueillies par les compteurs permettent également de constater une fréquentation en dents de scie : souvent beaucoup de monde le week-end, et très peu en début de semaine. L'analyse des flux a permis de découvrir des informations erronnées diffusées sur Internet, notamment en ce qui concerne les horaires d'ouverture, mais également les attentes du public qui souhaiteraient que la Cité soit ouverte plus tard le soir. Face à cette problématique, des nocturnes vont être proposées les vendredi et samedi jusqu'à 22h. Puis, à partir du 1er juillet, les jeudi vendredi et samedi.
La ville de Dijon gonfle t-elle les chiffres de la fréquentation ?
Selon le groupe K-Rei, la ville de Dijon serait très vigilante au sujet des chiffres et n'aurait "aucun intérêt à les gonfler", ce serait même "dangereux" selon William Krief. Le président du groupe K-Rei regrette l'instrumentalisation politique de la Cité de la Gastronomie, mais est ferme : "l'analyse de la fréquentation est pilotée et contrôlée rigoureusement, avec un système de captation digitale à la pointe de la technologie" .
Une chose est sûre, un an après son ouverture au public, la Cité de la Gastronomie de Dijon est toujours là et bien là... contrairement à son homologue lyonnaise qui - faute de public et en raison de la crise du Covid - avait dû fermer définitivement ses portes en juillet 2020, neuf mois seulement après son ouverture. Une nouvelle version, plus modeste et moins gourmande, est néanmoins proposée au public lyonnais depuis octobre 2022.