Ce vendredi 16 juin 2017, le parquet général de Dijon a mis en examen Marcel Jacob et sa femme, Jacqueline, pour enlèvement et séquestration suivis de mort.
Le procureur général près la Cour d'appel de Dijon Jean-Jacques Bosc a confirmé ce vendredi 16 juin 2017 après-midi que les époux Marcel et Jacqueline Jacob ont été mis en examen pour "arrestation, séquestration et enlèvement" de Grégory Villemin, leur petit-neveu. Ils ont été placés en détention provisoire pour 4 jours, le temps que la chambre de l'instruction se prononce.
Les deux époux ont nié les faits au cours des auditions.
Leur placement en détention permettra aux enquêteurs de poursuivre leurs investigations et d'éviter "toute concertation frauduleuse".
Le procureur général reconnaît "qu'on ne sait pas et de loin comment tout s'est articulé dans cette affaire" mais "un lien indissociable existe entre les lettres de menace, les coups de fil anonyme et l'enlèvement de l'enfant". Une expertise graphologique incrimine Jacqueline Jacob pour une voire deux lettres de 1983 ce qui a déclenché ce rebondissement dans l'enquête.
"En vingt ans d'exercice professionnel, je n'ai jamais vu ça de ma vie. Je pense qu'il y a un piège et qu'ils vont nous sortir de nouveaux éléments lundi. Je ne comprends pas", a déclaré Me Stéphane Giuranna l'avocat de Marcel Jacob à l'AFP.
Son épouse, Jacqueline Jacob, a été mise en examen pour enlèvement et séquestration suivie de mort. La grand-tante du petit Grégory a quitté le Palais de justice de Dijon escortée par plusieurs gendarmes avant de monter dans un véhicule. Selon le Bien Public, elle a été écrouée à la maison d'arrêt de Dijon.
Tout s'est accéléré depuis trois jours
Marcel Jacob, l'oncle maternel de Jean-Marie Villemin (le père de l'enfant assassiné), et sa femme Jacqueline avaient été placés en garde à vue mercredi. Ils ont été déférés au parquet général ce matin.
Cela constitue un spectaculaire rebondissement de cette affaire, plus de 32 ans après la découverte du corps du petit Grégory, pieds et poings liés, dans la Vologne le 16 octobre 1984.
De source proche du dossier, Jacqueline Jacob est restée mutique durant sa garde à vue et Marcel Jacob, 72 ans, s'est contenté d'affirmer qu'il ne se rappelait rien. Placée en garde à vue en même temps qu'eux, la belle-sœur de Jean-Marie Villemin, Ginette Villemin, a, elle, été remise en liberté jeudi en fin d'après-midi.
Parallèlement à ces gardes à vue, une petite dizaine d'auditions ont été menées par les gendarmes pour confirmer les soupçons des enquêteurs, a-t-on précisé de même source.
Une nouvelle conférence de presse pourrait avoir lieu ce vendredi à 16 heures à la cour d'appel de Dijon. Elle sera menée par les mêmes intervenants qu'hier : Jean-Jacques Bosc, procureur général près la cour d'appel de Dijon, le général Olivier Kim, commandant de la région de gendarmerie de Bourgogne- Franche-Comté et le colonel Dominique Lambert, qui commande la section de recherches de Dijon; cette section abrite l'unité "cold case" en partie chargée de l'enquête.
Une des plus grandes énigmes de l'histoire criminelle
Ces gardes à vue relancent une des plus grandes énigmes de l'histoire criminelle française. Marcel Jacob et Michel Villemin, frère de Jean-Marie et défunt époux de Ginette, étaient très liés à Bernard Laroche, premier suspect de l'affaire, libéré puis tué en 1985 par Jean-Marie Villemin, son cousin.A ce stade, "les investigations montrent que plusieurs personnes ont concouru à la réalisation du crime", a déclaré jeudi Jean-Jacques Bosc, le procureur général de Dijon, devant la presse.
De nouvelles expertises d'une lettre de menaces, manuscrite et anonyme, adressée en 1983 au père de Grégory, orientent les soupçons sur Jacqueline Jacob. Selon une source proche du dossier, des documents écrits par la grand-tante de Grégory "ont été retrouvés en perquisition" à des fins de comparaison.
Les enquêteurs s'étaient aussi penchés à de nombreuses reprises, dans le passé, sur un mystérieux "corbeau" ayant revendiqué le meurtre de l'enfant, en invoquant une "vengeance" dans une lettre postée apparemment avant la découverte du corps, en 1984. Si les expertises n'ont pas permis d'en identifier l'auteur, "on peut cependant observer une similitude importante des termes" utilisés dans ce document avec la lettre de 1983, a relevé le procureur général.
Un reportage de Gabriel Talon, Christophe Tarisse, Quentin Cézard et Cécile Frèrebeau