Affaire Grégory Villemin : les époux Jacob seront fixés sur leur détention aujourd'hui

Le couple Jacob restera-t-il en prison ? La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Dijon doit décider vers 16h, mardi 20 juin 2017 du sort du grand-oncle et de la grand-tante du petit Grégory, écroués le 16 juin, 32 ans après la mort aussi sordide que mystérieuse du petit garçon.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

L'arrestation surprise de Jacqueline et Marcel Jacob, la semaine dernière dans les Vosges, a relancé l'affaire Grégory Villemin, jamais élucidée depuis la découverte du garçon de quatre ans, pieds et poings liés dans les eaux de la Vologne, le 16 octobre 1984.

Lors de l'audience de la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Dijon qui a débuté à 9h ce matin mardi 20 juin, le procureur général a demandé le maintien en détention de Marcel et Jacqueline Jacob.
Les avocats des septuagénaires ont plaidé pour la libération immédiate de leurs clients.
La décision est attendue entre 16 heures et 17 heures.


L'avocat des époux Villemin, Thierry Moser, s'est exprimé au sortir de l'audience, à 12h30 :

©France 3


Mais, pour la défense, l'incarcération des époux Jacob est "totalement anormale". "À l'heure actuelle, je ne sais toujours pas ce sur quoi se base l'accusation", dénonce maître Stéphane Giuranna, l'avocat de Marcel Jacob, qui demande la remise en liberté de son client, de même que le conseil de Jacqueline Jacob, Me Gary Lagardette.

Les deux septuagénaires, mis en examen pour "enlèvement et séquestration suivis de mort", avaient été placés en détention vendredi. Ils n'avaient jamais été inquiétés jusqu'alors même si leurs noms apparaissaient au fil des 12 000 pièces du dossier. Avec eux, l'accusation pense avoir identifié les fameux "corbeaux" et selon elle, "il y a un élément qui associe ces actes, ces lettres, les appels téléphoniques, l'acte d'enlèvement et la mort de l'enfant", plusieurs personnes ayant concouru à la réalisation du crime.

Les soupçons se fondent sur des rapprochements graphologiques ou lexicaux, comme la récurrence de l'expression "le chef" pour désigner Jean-Marie Villemin, le père de Grégory, dont les auteurs auraient voulu se venger.


"C'est délirant"


Ce terme est notamment utilisé dans la lettre de revendication du meurtre, postée à Lépanges-sur-Vologne le 16 octobre 1984, semble-t-il avant même l'enlèvement de l'enfant d'après le cachet de la Poste. Signe que son auteur aurait joué directement un rôle.

L'expression fut aussi employée par Marcel Jacob, ouvrier, lors d'une altercation avec Jean-Marie Villemin, devenu contremaître, deux ans avant le drame. Maître Giuranna ne voit là qu'une banale opposition syndicale, "pas un mobile pour assassiner un petit garçon, c'est délirant".

Le parquet général s'appuie aussi sur l'absence d'alibis "confirmés ou étayés", ce que conteste encore l'avocat pour qui son client était au travail sur toute la durée des faits. Trois décennies plus tard, les enquêteurs vont s'employer à vérifier les emplois du temps des différents protagonistes au regard de leurs déclarations antérieures. Et en procédant à de nouvelles auditions.

La détention vise ainsi à "empêcher une concertation frauduleuse" et une "pression qui serait de nature à nuire à l'efficacité des investigations", justifie le procureur général de Dijon, Jean-Jacques Bosc.

Murielle Bolle, la belle-soeur de Bernard Laroche, premier suspect tué en 1985 par Jean-Marie Villemin, pourrait être entendue prochainement. En 1984, âgée de 15 ans, elle avait affirmé devant les gendarmes qu'elle était avec son beau-frère le jour du meurtre et avoir assisté à l'enlèvement de Grégory, avant de se rétracter trois jours plus tard.

"Dissiper les rumeurs"


"Compte tenu du climat actuel, qui ressemble étrangement à celui qui régnait dans ce dossier fin 1984, il me semble important que les doutes et les rumeurs soient rapidement dissipés", a déclaré à l'AFP son avocat, maître Jean-Paul Teissonnière.

Depuis ce nouveau coup de théâtre, de vieilles plaies semblent en effet se rouvrir dans la famille. Samedi dans une interview à L'Est Républicain, Valérie, fille de Marcel et Jacqueline Jacob qui a depuis longtemps "coupé les ponts avec eux", n'a pas exclu la culpabilité de ses parents.

"Je suis très choquée. Depuis jeudi, je me réveille en pensant que je suis peut-être la fille de criminels (...) Si c'est eux, comment peuvent-ils se regarder dans la glace ?", a-t-elle déclaré au journal.

"Ce n'est pas possible que ces gens-là aient quelque chose à voir" avec le meurtre, a rétorqué lundi Ginette Villemin, 61 ans, dont le défunt mari, Michel Villemin, oncle de Grégory, était très lié à Bernard Laroche, tout comme Marcel Jacob. "Je les connais, je sais comment ils sont... et en plus, je ne sais même pas s'ils connaissaient Grégory", a ajouté devant la presse celle qui fut également placée en garde à vue la semaine dernière, sans être mise en cause.

Parce que les gendarmes lui ont posé "les mêmes questions" qu'il y a 32 ans, elle ne croit pas que la justice résoudra l'affaire un jour.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité