Agriculture : AMAP, les jeunes producteurs prennent la relève

Les AMAP (Associations pour le Maintien d'une Agriculture Paysanne) ont vu le jour en 2001. Pour les paysans qui ont participé à leur création, l'heure de partir à la retraite arrive. Mais la relève est là. De jeunes producteurs sont prêts à continuer et porter les valeurs de ce mouvement.

Apparues dans le sud de la France en 2001 en pleine crise de la vache folle, les AMAP (associations pour le maintien d’une agriculture paysanne) ont connu un véritable essor dans tout le pays.

Le concept est resté le même qu'au début. C'est un partenariat entre consommateur et producteur. Il assure aux clients des produits fermiers, locaux et écologiquement sains,  et garantit aux agriculteurs un revenu stable et juste, dans un circuit de proximité. Le système a fait ses preuves et chacun y trouve son compte.

Aujourd’hui on estime qu'il existe 2 000 AMAP en France, dont une centaine en Bourgogne-Franche-Comté.
 
 

♦ Les AMAP attirent encore les jeunes maraîchers


Ceux qui ont créé les premières AMAP arrivent à l’âge du départ à la retraite. Mais la relève est là, de jeunes agriculteurs reprennent la main pour écrire un nouveau chapitre de cette histoire.

C’est le cas d’Antoine Lesty et de Ludovic Chouet. Ils se sont installés comme maraîchers bio en février 2018, à Magny-sur-Tille en Côte-d’Or et ont fait le choix de travailler exclusivement avec des AMAP.
Après avoir débuté avec 50 paniers, ils livrent actuellement 110 paniers par semaine, répartis entre Magny-sur-Tille, la MJC de Chenôve et le collège de Genlis.


A quelques kilomètres de là, à Labergement-lès-Auxonne, d’autres maraîchers bio, Jean-Marc et Christiane Nurdin, ont eux décidé de lever le pied. Ils vont arrêter la livraison des 5 AMAP de l’agglomération dijonnaise, avec lesquelles ils travaillent, fin 2019.
Pour ce couple de sexagénaires, avec le temps, le travail est devenu trop dur. Ils préfèrent désormais se consacrer uniquement à la vente sur le marché de Dijon, avant de prendre leur retraite dans quelques années.
L’une des 5 associations avec qui ils travaillent a déjà trouvé un producteur. Pour les 4 autres, ils vont présenter Antoine et Ludovic aux amapiens. Si ces derniers sont d'accord les 2 jeunes maraîchers pourraient prendre la suite. Soit 85 paniers supplémentaires qui viendront s’ajouter aux 110 existants.
 

♦ Les AMAP, un choix militant  et engagé


Antoine Lesty et Ludovic Chouet se sont connus en 2013 à la ferme du Pré Velot à Auxonne, en Côte-d’Or. Ils travaillaient alors chez un autre couple de pionniers du bio et des AMAP de la région dijonnaise, partis à la retraite depuis.
C'est là qu'ils ont appris le métier. Ludovic y était permanent et Antoine saisonnier. Ce dernier était alors aussi investi dans le quartier libre des Lentillères à Dijon, une expérimentation qui mêlait maraîchage "rurbain", économie non marchande et autogestion.

Une démarche engagée et militante qui souhaite aussi la réintroduction de terres agricoles en milieu urbain.

Nous avons partagé nos rêves, devenir maraîchers, travailler ensemble et faire ce qui nous ressemble. Antoine et Ludovic


Très vite, Antoine et Ludovic veulent transformer ce rêve en réalité. Ils se mettent à la recherche de terres agricoles. Leurs critères sont précis, pas trop loin de chez eux pour la proximité, près de la ville, dans un cadre agréable, qui ne soit pas enclavé entre une rocade et une voie de chemin de fer.
Convaincus par le concept, ils font le choix de ne produire que pour des AMAP. Pour cela, ils s’adressent aux mairies de l’agglomération dijonnaise. Celle de Magny-sur-Tille leur propose des terres. La commune, qui portait déjà un souhait d’AMAP,  accorde des conditions de locations exceptionnelles. Elles vont permettre au GAEC le jardin des Tillégumes de faire les investissements de plusieurs centaines de milliers d’euros, nécessaires à son activité : un bâtiment en dur, des serres…

Après avoir rencontré les habitants de la commune, ils planifient les cultures et se lancent en proposant une AMAP. Le résultat dépasse leurs espérances.
Dès octobre 2018, ils fournissent 50 paniers, puis 110 à Noël.
 

♦ Pourquoi ce choix ?


Pour des raisons personnelles : Antoine Lesty et Ludovic Chouet sont de jeunes pères de famille dont les compagnes travaillent. Ce choix leur permet de ne travailler que la semaine et de disposer des week-end pour leur vie de famille.
Car pour eux, en ne faisant pas de marchés, ils gagnent le temps consacré à la vente.

Pour des raisons éthiques et militantes : forts de leurs expériences précédentes, ils souhaitent que leur activité de maraichage bio se fasse en lien avec les consommateurs.

Quand on travaille on voit les têtes de ceux qui vont manger nos légumes. Antoine et Ludovic

Le modèle des AMAP leur permet de tisser des liens. Ils rencontrent les amapiens lors des distributions qu’ils font ensemble. Un temps où ils peuvent échanger, ajuster leur production et éventuellement améliorer certaines choses.
Pour Antoine et Ludovic, l’AMAP n’est pas qu’une occasion de consommer des légumes frais et bio. C’est aussi, pour les citoyens membres de l'association, la possibilité de s’approprier une ferme et de participer à certaines tâches, s’ils le souhaitent.

Nous avons organisé un chantier pour planter de l’ail et notre but est d’en faire régulièrement pour que les amapiens connaissent la ferme. Antoine et Ludovic 


Antoine Lesty et Ludovic Chouet n’arrivent pas encore à dégager un réel revenu de leur travail, Ils se donnent encore un peu de temps pour cela. Le modèle économique proposé par les AMAP leur apporte une sécurité de trésorerie. Cela leur permet d’investir dans le maintien d’une agriculture de proximité, durable et écologiquement saine.
 
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