Daniel De Sousa Do Rego participe ce week-end à la première manche du championnat de France de moto handisport. Le pilote dijonnais court sur le tracé du Mans. Participant à sa première saison dans la catégorie, il rêve de terminer une fois sur le podium.
"Vous n'imaginez pas ce que ça me fait. C'est mythique de rouler ici, c'est incroyable, formidable pour quelqu'un qui fait de la moto et qui est passionné". C'est avec du soleil dans la voix dont il ne se départira pas pendant tout notre échange que Daniel De Sousa Do Rego évoque son plaisir, et sa fierté aussi, de rouler ce week-end sur le célèbre tracé du Mans (Sarthe). Le pilote dijonnais, paraplégique au niveau T5 après un grave accident à deux roues, participe à ses premiers championnats de France de moto handisport.
Sur l'incontournable tracé des 24 heures, il réalise depuis ce jeudi 14 avril ses premiers tours derrière le guidon de sa Honda de 600 centimètres cube. "On est en plein cœur de la semaine des 24 heures du Mans. C'est l'une des plus grosses épreuves de l'année en moto d'endurance. Et à côté, il y a une course réservé au handisport", décrit-il.
15ème pour la première course
Qualifié 19ème sur la grille de départ qui mélange les cylindrées de 600 et de 1 000, mais 9ème de sa catégorie, il participe à deux courses de 14 tours. Ce vendredi, il a terminé 15ème du classement général avant la seconde manche de samedi. "Je suis trop content, c'était magnifique d'être devant le public".
Daniel, 28 ans, côtoie alors les spécialistes français de sa discipline. C'est la première des trois manches du championnat de France. Mais aussi des pilotes étrangers, car la course entre dans le cadre de la coupe du monde. De quoi assouvir une passion qui ne s'est jamais éteinte, malgré la perte de l'usage de son bas du corps, des jambes jusqu'aux abdominaux, après un accident le 8 mai 2017.
"La moto, l'un des rares moments où je quitte mon fauteuil"
"C'est de l'adrénaline. C'est une drogue, vraiment ! Le handicap au quotidien, si je n'avais pas la moto et mes proches, mes amis, ce serait compliqué, j'aurais des idées tristes. Avec la moto, j'oublie le handicap. C'est l'un des rares moments où je quitte mon fauteuil. Quand je suis assis sur une moto, j'oublie que je suis en situation de handicap".
Pour parvenir à vivre ce rêve et participer au championnat de France, Daniel a pu compter sur la fidélité de son entourage, toujours présent à ses côtés, et sur la générosité des internautes. En octobre dernier, il lance une cagnotte en ligne. Objectif : trouver 10 000 euros pour financer son inscription à la compétition. "C'est un sport très coûteux. Ça m'a permis d'avoir des fonds. J'ai une éternelle gratitude pour mes proches et ceux qui ont donné un peu d'argent. Je leur suis éternellement reconnaissant", confie-t-il avec émotion.
Objectif : terminer sur un podium cette saison
Le pilote s'appuie également sur des "astuces" comme il dit pour pouvoir chevaucher sa bécane. Daniel dispose d'une équipement qui lui permet de pilote essentiellement avec les bras, ses membres inférieurs ne fonctionnant plus. "Pour les jambes, j'ai des cale-pieds afin de me maintenir. Ensuite, c'est le pilotage qui fait la différence. C'est plus physique, surtout en phrase de freinage. Mais je suis tellement content que j'oublie ça. On retrouve de nouvelles techniques pour s'adapter", décrit le dijonnais.
En 2020, Daniel avait déjà participé à une des manches du championnat de France handisport, mais en tant qu'invité. C'était à Alès (Gard), et il avait terminé sur le podium. Cette année il sera un des prétendants officiels. Le pilote sera alors présent sur l'ensemble des trois manches de la saison. Avec un rêve : accrocher à nouveau un podium. "J'y vais sans prétention, on va voir ce que ça donne. Un podium, ce serait énorme".
Après Le Mans ce week-end, Daniel aura rendez-vous sur les pistes d'Alès et Croix-en-Ternoix (Pas-de-Calais) pour s'offrir un top 3.