Les pompes funèbres doivent continuer leur travail alors que l'épidémie de Covid-19 continue de prendre de l'ampleur. Elles doivent faire face au manque d'équipements de protection mais aussi aux nouvelles mesures à faire comprendre aux familles.
L'épidémie due au coronavirus a déjà fait au moins 123 morts en Bourgogne-Franche-Comté, selon les chiffres communiqués par l'Agence régionale de santé le jeudi 26 mars. Ce sont autant de familles que les pompes funèbres doivent accompagner dans leur deuil.
Mais la contagiosité du coronavirus inquiète les salariés. Il leur est demandé de porter des équipements de protection, notamment des masques, pour exercer. Mais il est pour l'instant très difficile, voire impossible, d'en obtenir rapidement. "On ne pourra pas se mettre en danger indéfiniment", estime ainsi Alexis Abbès, employé funéraire pour l'entreprise Lost Dijon.
"Malgré le nombre incalculable de demandes de la part des pompes funèbres, on n'a pas d'EPI [équipement de protection individuelle, ndlr]. On a nos gants habituels, mais on n'a pas de surblouse, on n'a pas de masque, on n'a pas de lunettes", regrette l'employé dijonnais.
#Coronavirus #Covid19 | Le Ministre @olivierveran
— Ministère des Solidarités et de la Santé (@MinSoliSante) 13 mars 2020
annonce la mise en place de la stratégie de gestion et d’utilisation des masques de protection
✅Objectifs :
protéger les professionnels de santé
s’adapter aux besoins et aux disponibilités
?Communiqué https://t.co/pEyMn86tOZ pic.twitter.com/8bedeVm8e6
Les connaissances scientifiques sur le virus évoluent en permanence. Et les consignes transmises aux pompes funèbres changent elles-aussi. Le Haut conseil de la santé a délivré un premier avis relatif à la prise en charge des corps des personnes décédées du Covid-19 le 18 février. Une nouvelle version a été transmise le 24 mars. "C'était jusqu'ici une mise en bière immédiate, sans présentation à la famille, ce qui était à peu près compréhensible de notre point de vue […] Au vu de la crise actuelle, c'est mieux car ils n'ont pas de recul nécessaire sur l'impact post-mortem. On ne sait pas ce qu'on peut encourir", détaille Alexis Abbès.
"On a reçu un nouveau texte [le 24 mars] disant que la présentation à la famille va pouvoir se faire en ouvrant la housse mortuaire de cinq à dix centimètres. Et la famille devra être à une distance d'un mètre. Mais une fois sur le terrain, cela change complètement." Selon lui, ces consignes ne sont pas applicables dans la réalité. Par exemple, la housse doit être ouverte plus grandement pour permettre de voir le visage du défunt.
Il est également difficile de faire comprendre aux proches de rester à distance, même lors de la mise en bière. "Ce n'est pas qu'ils acceptent. Ils n'ont pas d'autre choix que de se plier aux règles, comme nous. Mais c'est compliqué de devoir expliquer aux familles qui sont à la mise en bière que c'est absolument que deux personnes par exemple."
Pour l'instant, Alexis Abbès dit ne pas faire face à un surcroît de travail important, mais l'employé funéraire s'inquiète pour la suite. "Si beaucoup de personnels de pompes funèbres tombent malades, il va y avoir un problème pour faire tous les enterrements […] Ce n'est pas un métier que l'on choisit, c'est un métier qui nous choisit. Et si on y reste, c'est parce que c'est un métier qui nous plait. Donc si on doit le faire avec de la peur, se demander si on doit aller au travail ou non, demander son droit de retrait ou non… On est en première ligne, tout comme les hôpitaux, même si c'est un autre combat plus important parce qu'ils ont des vies à sauver. Mais on ne peut pas se mettre en danger indéfiniment."