Pour avoir les résultats d’un test Covid, il faut désormais patienter plusieurs jours en raison de l’afflux de demandes. Or, pour les personnes qui doivent subir une opération, le prélèvement ne doit pas être fait plus de 48h avant !
"On voit des gens faire 2 ou 3 tests par semaine"
Le gouvernement a lancé une stratégie de dépistage massif du coronavirus. Un million de tests par semaine, c’est l’objectif fixé par le ministre de la Santé Olivier Véran à la fin du mois d’août.
Le but est d’identifier le plus rapidement possible les personnes positives au virus, ainsi que leurs contacts rapprochés.
Résultat : de plus en plus de personnes se présentent dans les centres de dépistage ou dans les laboratoires d’analyses médicales pour passer un test virologique, dit "PCR". Ce test par prélèvement nasal est remboursé par la Sécurité sociale et il peut être réalisé sans ordonnance.
Le syndicat des jeunes biologistes médicaux (SJBM) a appelé la population "au civisme pour que les Français sans indications n’aillent pas se faire dépister inutilement".
Un avis que partage le président de l'Union Régionale des Professionnels de Santé Biologistes de Bourgogne-Franche-Comté : "Il faut contenir les demandes de façon à ce qu'elles soient raisonnables", estime Norbert Desbiolles. "Quand on voit des gens faire 2 ou 3 tests par semaine, on peut être autorisé à penser qu'il y a une "petite" dérive par rapport à ce qui semblerait médicalement justifié, une dérive qui ne peut conduire qu'à un engorgement."
En effet, l’afflux de patients a notamment pour conséquence d’allonger les délais des résultats des tests. Début septembre, c’était aux alentours de 48 heures. Aujourd’hui, il faut généralement compter au moins 5 jours.
"Les laboratoires ont mis en place tout ce qu'il faut, mais une machine qui peut faire 900 tests par jours ne peut pas en faire 1200 ! Donc, le retard ne peut que s'accumuler et les délais s'allonger", résume le président de l'Union Régionale des Professionnels de Santé Biologistes de Bourgogne-Franche-Comté.
"Cette situation n’est pas propre à notre région. C’est la même chose dans toute la France et dans bien d'autres pays. D'ailleurs, en Bourgogne-Franche-Comté, cela ne se passe pas trop mal par rapport à beaucoup d'autres régions où 5 jours est un délai habituel depuis bien longtemps", précise Norbert Desbiolles.
Les laboratoires "font ce qu’ils peuvent"
Cet engorgement pour obtenir les résultats d’un dépistage a déjà de nombreuses conséquences.
C’est le cas pour ceux qui doivent voyager. De plus en plus de pays demandent de présenter un test prouvant qu’on n’est pas porteur du coronavirus Covid-19 et souvent, les résultats doivent être datés de trois jours au plus. Les voyageurs à destination des Outre-mer sont aussi concernés.
Le problème des délais se pose aussi dans le domaine de la santé : ainsi, des tests de dépistage faits dans les 48 heures sont exigés pour les personnes qui doivent subir une opération chirurgicale.
"Ma mère doit se faire opérer de la cataracte au CHU de Dijon mardi 22 septembre. On lui demande de passer un test PCR avant de se faire opérer. Elle doit présenter les résultats lundi 21 septembre, à 15h dernier délai. Le prélèvement ne doit pas être fait plus de 48 heures avant", explique Antoinette, une Dijonnaise.
"J’ai appelé un laboratoire vendredi 11 septembre. On m’a répondu qu’on pouvait avoir les résultats en 48 heures sans problème. Mais, entretemps, les délais entre le prélèvement et les résultats ont augmenté. Lundi 14 septembre, le laboratoire m’a expliqué qu’il ne pouvait plus garantir les délais et qu’il fallait compter au moins quatre ou cinq jours.
J’ai alors contacté le drive du CHU de Dijon, mais c’est pareil. Quand j’ai demandé dans quel délai on pourrait avoir les résultats, on m’a répondu : "Ils font ce qu’ils peuvent" !
Alors, que va-t-il se passer, se demande cette Dijonnaise.
"L’opération sera-t-elle annulée ? Cela avait déjà été le cas au mois de mai à cause de la déprogrammation des opérations non urgentes lors de la première vague de l’épidémie. Alors bien sûr, c’est une opération qui n’est pas très grave. Mais, je me demande ce qui se passe quand il s’agit de maladies plus sérieuses."
Nous avons posé ses questions au CHU de Dijon qui a promis de nous répondre dès que possible.