Un CRS a écopé de 11 ans de prison vendredi 25 novembre 2016. L’homme avait réclamé des faveurs sexuelles à dix femmes en échange de l'annulation de PV et avait violé ou agressé certaines. Une Bourguignonne fait partie des personnes qui ont porté plainte.
L’ancien CRS d'une compagnie autoroutière d'Ile-de-France était jugé par la cour d’assises de Versailles depuis lundi 21 novembre 2016. L'enquête avait débuté en 2013 suite à une plainte déposée par une Bourguignonne.
Teddy Aristangele, 37 ans, a "dévoyé l'uniforme dont il était si fier", il s'est comporté comme "un prédateur sexuel", "un pervers", a lancé l'avocat général Philippe Ferlet, qui avait requis 15 ans de détention.
"Fort du port de l'uniforme, il agit avec un réel sentiment d'impunité", a déclaré le magistrat, avant de décrire un "mode opératoire bien rôdé" : un contrôle routier, une menace de verbalisation suivie d'une promesse d'indulgence pénale "pour se présenter sous un bon jour, ne pas affoler" ses victimes, puis "resserrer son étau sur elles", leur demander des faveurs sexuelles et, dans certains cas, les agresser.
L'accusé a reconnu les agressions sexuelles mais nié les viols
L'accusé a reconnu la "corruption passive" - avoir demandé des faveurs à ces dix automobilistes pour ne pas les verbaliser.S'il a fini par reconnaître du bout des lèvres avoir agressé sexuellement quatre femmes, il a nié l'accusation la plus grave : avoir violé une jeune femme à deux reprises. Dénégation d'un accusé "lâche, qui n'assume pas ses actes", selon l'avocat général.
Teddy Aristangele a expliqué à la cour qu'il ciblait de "jolies" automobilistes, "bien habillées". Toutes étaient "vulnérables", a-t-il reconnu : l'une se trouvait seule avec ses jeunes enfants dans une voiture, les autres "avaient consommé de l'alcool, elles étaient en faute, je me servais de ce prétexte".
Il a invoqué, comme élément déclencheur, le "manque de sexe à la maison" et le sentiment de toute-puissance que lui donnait l'uniforme : "Je me croyais irrésistible, je me disais « Je peux faire ce que je veux »".
Après la plainte d'une de ces femmes en 2011, il avait été suspendu pendant neuf mois entre 2012 et 2013, mais avait écopé d'un simple rappel à la loi. Redevenu policier en exercice, le CRS avait récidivé auprès de plusieurs femmes en 2013. La plainte pour exhibition sexuelle de l'une d'entre elles avait déclenché l'enquête qui a permis d'identifier dix victimes depuis 2010.
Le CRS va-t-il faire appel ?
Après six heures de délibérations, la cour d'assises des Yvelines a jugé Teddy Aristangele coupable d'avoir proposé des relations sexuelles à dix femmes contre l'annulation de leurs procès verbaux, d'avoir violé l'une d'elles à deux reprises, agressé sexuellement celle-ci et quatre autres, et de s'être exhibé devant l'une.Il a été condamné à onze ans de réclusion criminelle pour viols, agressions sexuelles, corruption et exhibition. Il est en outre condamné à un suivi socio-judiciaire de cinq ans et à une injonction de soins, ainsi qu'à une interdiction définitive d'exercer dans la fonction publique. "Nous étudions l'éventualité d'un appel", a réagi son avocat, Me Laurent Barone.
Le policier, aujourd'hui révoqué, est écroué depuis trois ans.