Faveurs sexuelles contre l’annulation de PV : une Bourguignonne fait partie des victimes

Un CRS comparait devant les assises des Yvelines. Il réclamait des faveurs sexuelles à des femmes automobilistes contre la promesse d'effacer des procès-verbaux. Il est accusé notamment de viols, agressions sexuelles et corruption. Une Bourguignonne fait partie des personnes qui ont porté plainte.

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L'enquête avait débuté en 2013 par une plainte déposée par une Bourguignonne.
L’homme, âgé de 37 ans, était affecté au moment des faits à une compagnie de CRS autoroutière. L'IGPN, la "police des polices", avait été saisie. Le CRS avait été mis en examen, puis révoqué. Il est en détention provisoire depuis trois ans.

Onze victimes ont été recensées entre 2011 et 2013.
Le policier est accusé de "viols par personne ayant autorité" sur l'une de ces femmes. Il est aussi accusé
  • "d’agressions sexuelles" dans cinq cas
  • de "corruption" envers dix d'entre elles
  • "d’exhibition sexuelle" devant la onzième.

"Une petite gâterie ?"

Le CRS agissait souvent lors "des contrôles routiers du samedi soir", explique son avocat Me Laurent Barone.
Plusieurs de ces femmes "sortaient d'une boîte connue" des Yvelines, le Pacha Club, à Louveciennes. Alcoolémie la plupart du temps, mais aussi des pneus lisses ou un enfant pas attaché... Après lui avoir notifié l'infraction, le policier proposait à l'automobiliste un marché pour ne pas payer le PV. "Une petite gâterie ?", demande-t-il ainsi à l'une d'elles. Plus tard, dans un texto: "Tu as jusqu'à demain 9H00. Réponds oui ou non, tu couches ou pas ?"

L’homme reconnaît avoir réclamé des faveurs sexuelles contre l'annulation de PV. "Sur la corruption, il n'y a pas trop de discussion", déclare son avocat, qui explique que son client n'avait plus de relations sexuelles avec sa femme depuis deux ans" et qu’il "tentait sa chance dès qu'il croisait une femme un peu alcoolisée". En revanche, le CRS "nie absolument les faits de viol". "C'est un peu le gros lourd qui insiste, qui insiste, mais quand on lui dit non il arrête", assure Me Barone. "Si toutes ces dames avaient dit simplement non, il ne se serait rien passé", affirme l'avocat.

Le policier avait déjà été suspendu pour des faits comparables avant cette affaire et avait écopé d’une "sanction administrative".

Un CRS va comparaître devant les assises des Yvelines. Il réclamait des faveurs sexuelles à des femmes automobilistes contre la promesse d'effacer des procès-verbaux. Il est accusé notamment de viols, agressions sexuelles et corruption. Une Bourguignonne fait partie des victimes. Intervenants : -Maitre Laurent Barone, avocat du CRS -Maitre Bruno Sotty, avocat d'une des victimes
Reportage : Antoine Marguet et Norbert Cohen / Michel Gillot et Jean-Louis Saintain / Montage : Sandra Sonder / Intervenants :
  • Maitre Laurent Barone, avocat du CRS
  • Maitre Bruno Sotty, avocat d'une des victimes

Comment les faits ont-ils été révélés ?

En juin 2011, une automobiliste d'une trentaine d'années est arrêtée à la sortie d'une boîte de nuit. Le CRS se livre sur elle à des gestes un peu déplacés. Elle ne porte pas plainte, car c'est toujours un peu délicat de déposer ce genre de plainte, explique Bruno Sotty, avocat de la plaignante.

En 2013, elle est de nouveau contrôlée par cet homme à la sortie d'une boîte de nuit. "C'est une histoire rocambolesque", raconte l'avocat dijonnais de l'automobiliste.
"Elle était avec des amis. Il va enfermer les amis dans la voiture. Il les laisse sur le bord de la route. Il emmène ma cliente à la caserne pour faire des photocopies de son permis de conduire et de sa carte d'identité et il la ramène. Le lendemain, il l'appelle, lui fait du chantage et se livre sur elle à des actes répréhensibles par la loi", indique l'avocat, qui précise que sa cliente n'ose pas déposer plainte.

Mais, 48 heures plus tard, le CRS est arrêté par la police des polices, car il y avait d'autres suspicions à son encontre. "Lors d'une perquisition, on trouvera chez lui le permis de conduire et la carte grise et c'est là que ma cliente déposera plainte devant le juge d'instruction", déclare l'avocat de la Bourguignonne.  

Le juge chargé de l'enquête avait d'abord renvoyé l'affaire devant un tribunal correctionnel. Mais le parquet, estimant que certains faits constituaient des viols et non des agressions sexuelles, avait contesté cette décision. La cour d'appel de Versailles a finalement renvoyé le dossier devant les assises. Le verdict est attendu vendredi 25 novembre.



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