Dijon : en 140 ans, le Club Alpin Français a fait du chemin

Le Club Alpin Français (CAF) Dijon souffle cette année ses 140 bougies. Un club en pleine forme qui propose une dizaine d'activités (marche, spéléologie, cascade de glace, ski, descente de canyon, carto-orientation, etc). L’occasion de dresser le portrait avant/après de l’association.

C’était en 1876. Le Club Alpin Français ouvre une antenne locale en Côte-d’Or. A l’époque, elle porte le nom de CAF Côte-d’Or et Morvan et réunit une poignée d’adhérents. Aujourd’hui, ce sont des centaines d’inscrits qui profitent des activités sportives proposées et qui découvrent, protègent et font connaître la montagne.

Pourquoi avoir créé un club alpin ?

AVANT : La création de la fédération nationale du CAF s’est faite avec une arrière-pensée. Nous sommes alors au 19ème siècle, cinq ans après la défaite de Napoléon III face aux Prussiens. "La France avait besoin d’hommes forts, qui sachent se déplacer en montagne", explique Jacques Chasez, ancien président du club. La devise d’alors ? "Pour la Patrie, par la montagne".

APRES : La devise du club a été abandonnée en 1976, soit un siècle après la création du club. "Aujourd’hui, on s’inscrit pour la convivialité et l’aspect sportif", selon Pierre Juaneda, responsable des randonnées pédestres.

Le Club Alpin Français de #Dijon fête cette année ses 140 ans d'existence pic.twitter.com/AhhiMR6nZ6

— Nathalie KOENDERS (@nkoenders) 3 avril 2016

Quel est le profil des membres du CAF Dijon ?

AVANT : Les tout premiers clubs alpins se sont créés en Europe dans les années 1860. "A l’époque, les adhérents étaient issus des professions libérales", indique l’ancien président du club. Parmi les participants notables, une figure locale : Adolphe Joanne, journaliste dijonnais et auteur des Guides bleus. Il a aujourd’hui une rue à son nom derrière la gare Porte-Neuve.

APRES : Côté célébrités, l'alpiniste dijonnais Jean-Marc Boivin a grimpé avec les membres du CAF Dijon. Avec le temps, le club s’est véritablement démocratisé. De 24 adhérents à sa fondation, l’association en est aujourd’hui à près de 700 inscrits, après être passée par un pic de 1 700 adhérents dans les années 1990. Nul besoin de rouler sur l'or, puisqu’une fois l’inscription réglée, le club prête gratuitement du matériel pour certaines activités. "C’est notamment le cas pour l’escalade et les raquettes", développe Pierre Juaneda. "On peut vraiment démarrer sans investir".

Faut-il être un alpiniste chevronné pour s'inscrire ?

AVANT : Les activités alpines demandent une certaine condition physique pour ne mettre personne en danger. A l’époque, les marches et l’escalade étaient organisées uniquement pour l’entraînement des adhérents, avant l’alpinisme.

APRES : Le club est aujourd’hui ouvert à tous les niveaux et à tous les âges. L’école d’escalade du CAF est ouverte aux jeunes de 6 à 18 ans tandis que certains participants aux randonnées ont plus de 80 ans. "Pour des questions de sécurité, on ne peut pas emmener quelqu’un qui débute sur certaines activités d’alpinisme", explique le responsable des randonnées au sein du club. "Dans le cas contraire, on met la personne et le reste de la cordée en danger". Aujourd’hui, l’escalade et la randonnée pédestre sont des activités à part entière et, de surcroît, populaires. Tout le monde peut participer car différents niveaux sont mis en place.

Qui dit club sportif dit compétition ?

AVANT : Depuis 1951, l’association propose un brevet de randonnée pédestre. A l’époque, les concurrents devaient porter de lourdes chaussures de marche, ainsi que des sacs de 5 kilos pour les femmes et de 8 kilos pour les hommes. "Ceux qui parvenaient à faire du 5 km/h ou plus obtenaient un brevet bleu, et les moins rapides recevaient un brevet blanc", raconte Jacques Chasez. "Ces deux tranches poussaient vraiment à la compétition".

APRES : Le brevet est maintenant ouvert à tous. "L’état d’esprit a complètement changé", témoigne Pierre Juaneda. "Aujourd’hui, c’est un concours amical, on n’a plus de classement et la finalité est de se dire que l’on a réussi à atteindre le but que l’on s’est fixé."

Qu’en est-il de la formation des cadres ?

AVANT : Il n’y avait pas de formation particulière. "Le tout était assez empirique", concède Jacques Chasez. "Il n’y avait ni réelle formation ni notion de responsabilité". C’est la raison pour laquelle les accidents étaient plus probables à l’époque.

APRES : Beaucoup d’efforts ont été faits pour proposer de nombreuses formations. Savoir lire une carte, mener un groupe, se repérer sans visibilité et prodiguer les premiers secours sont quelques uns des pré-requis au rôle de cadre. "La formation est très longue, et est faite sur plusieurs années consécutives", explique Pierre Juaneda. "Ça peut prendre jusqu’à 4 ans car il faut apprendre et mettre en pratique".

Le CAF Dijon crée des sentiers balisés. Combien y en a-t-il ?

AVANT : Le tout premier sentier créé par le Club Alpin Français Dijon date de 1907. Très vite, l’association a rajouté deux autres parcours, tous trois reliant le hameau de la Cude (Velars-sur-Ouche) à Chamboeuf (près de Gevrey-Chambertin). L’année suivante, un sentier reliant Fixin à Pont-de-Pany (dans le sud-ouest de Dijon toujours) est inauguré.

APRES : Aujourd’hui, le CAF Dijon s’occupe d’une vingtaine de sentiers. Les tâches principales ? Baliser le parcours, l’entretenir et effectuer des repérages notamment l’été pour connaître le terrain sur le bout des doigts.