Les départements en zone d’alerte maximale imposent des fermetures d'établissements (Bouches-du-Rhône, agglomération d’Aix-Marseille) aux cafetiers et restaurateurs, les professionnels dijonnais craignent de nouvelles restrictions. Deux professionnels témoignent.
Les bars sur Dijon ont déjà fait l’objet d’une mesure par arrêté préfectoral le 19 septembre dernier, en retirant l’autorisation d’ouverture nocturne à cinq établissements dijonnais, et les ramenant à la règle de fermeture à 2 heures du matin.
Des professionnels dans l'expectative
Les professionnels sont plutôt préoccupés, se sentant sous la menace de nouveaux arrêtés de restriction, compte-tenu d’une aggravation possible du contexte sanitaire régional.La profession, fédérée par l’UMIH (Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie), souhaite préserver l’équilibre économique des entreprises, déjà fragilisées par le confinement.
L’exemple de Marseille est cité comme un cas extrême que la profession ne souhaite pas voir se produire en Côte-d’Or (fermeture des bars et restaurants).
Des restrictions probables
Au regard des départements classés en alerte renforcée ou maximale, la tendance serait au couvre-feu dans les bars dès 22 heures, fermeture des salles de sport et des salles des fêtes, interdiction des grands rassemblements, mais chaque Préfecture a décidé d’une organisation différente."La fermeture totale serait catastrophique"
Joanick Lombard, gérant du bar-restaurant "La Comédie", au centre-ville de Dijon, fait part de ses préoccupations :
« On a une inquiétude, forcément si le contexte sanitaire s’aggrave. La fermeture totale serait catastrophique, on va déjà mettre plus d’un an à se remettre de la fermeture liée au confinement.
Une fermeture à 22h, pour des restaurants comme les nôtres, ça serait compliqué, les gens viennent manger tard. On est déjà en train de regarder les plannings, de réarranger les équipes.
Ce qui est terrible pour nous c’est d’avoir vraiment respecté comme il faut les règles dictées, et de devoir peut-être fermer le mois prochain. »
Au regard de l'évolution sanitaire, et d'une deuxième vague de l'épidémie tant redoutée, le gérant de l'établissement se projette dans des scénarios difficiles : "En tous les cas, cela nous amènera immanquablement à une réduction d’effectifs. On peut aussi demander un allègement sur les taxes pour toute l’année, et obtenir une année blanche sur les charges. La fermeture du confinement, on peut s’en remettre, mais s’il y a de nouveau des fermetures, cela sera très dur."
"Je n'ai pas le sentiment que les gens soient en danger chez moi"
Richard Texeira, gérant du pub "Le Bureau" à Dijon, évoque les semaines qui ont suivi la réouverture en juin : "On avait atteint un bon régime de croisière pendant l’été, mais maintenant l’inquiétude monte. Si on nous impose une fermeture plus tôt, 22h ou 23h, on aura recours au chômage partiel. C’est le seul recours aujourd’hui, le premier levier, c’est la masse salariale."Le gérant de l'établissement est dépité, car selon lui, "on applique un plan de maîtrise sanitaire depuis la réouverture. Je n’ai pas le sentiment que les gens soient en danger chez moi. Et c’est frustrant, on a appliqué les mesures sanitaires rigoureusement. Aujourd’hui on stigmatise une profession, il y a toujours des mauvais élèves. On sait qu’il y a un risque potentiel dans des bars, à un certain créneau horaire. Mais moi, je vous parle de restauration assise dans mon établissement, on continue les animations musicales, mais les gens restent assis, dans le respect de la distanciation et des mesures barrière. On a mis du gel, on a un système de ventilation efficace, on ne peut pas faire plus."
Et le gérant est aussi chef d'entreprise, un durcissement des règles aurait des conséquences fatales sur l'emploi :
"Forcément, on s’attend à une fermeture ou à une réduction des horaires. Si c’est une interdiction au-delà de 22h, pour les jeudi, vendredi, samedi, on va de 50 à 60% de pertes de chiffre d’affaires. Et ça sera 50% de chômage partiel. J’ai pris le parti de faire travailler tout le monde. J’ai 31 salariés, dont 28 à temps plein. Si on doit prendre des mesures, on ne le fera pas de gaieté de cœur. On s’attendait plus ou moins à des mesures, ou à une deuxième vague. Après on aura d’autres leviers, c’est des licenciements purs et secs, mais aujourd’hui on en n’est pas là. »