Un appel à manifester était lancé à Dijon et partout en France mardi 9 juin, jour des obsèques de George Floyd à Houston, aux Etats-Unis. Cet homme noir américain, qui a été tué par un policier blanc, est devenu le symbole des inégalités raciales et des violences policières.
Ils étaient un millier rassemblés place de la Libération à Dijon mardi 9 juin 2020 pour rendre hommage à George Floyd, un homme noir tué à Minneapolis (États-Unis) par un policier blanc Derek Chauvin.
Le policier a étouffé sa victime en appuyant sur son cou avec son genou pendant plus de huit minutes. La scène a été filmée le 25 mai par des passants. Depuis, ces images ont suscité une vague d’indignation dans le monde entier et entraîné de nombreuses manifestations.
C’est un groupe d’associations, de syndicats et d’organisations antiracistes qui est à l’origine de cet "hommage à Georges Floyd et aux victimes du racisme".
Le collectif comprend notamment le MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuple), LDH (Ligue des Droits de l'Homme), SOS Racisme, Amnesty International Dijon, ATTAC, etc.
En fin de cortège, des échanges tendus avec les forces de l'ordre ont déclenché des tirs de gaz lacrymogènes. La préfecture indique que deux personnes ont été placées en garde à vue.
A Dijon le Rassemblement contre les violences policières se transforme en manifestation, plusieurs centaines de participants scandent des slogans comme "justice pour Adama" ou encore "tout le monde déteste la police" pic.twitter.com/cvRXzKHx3Y
— ((((Thomas Nougaillon)))) (@TNougaillon) June 9, 2020
Ce rassemblement était-il autorisé pendant l'état d’urgence sanitaire ?
L’état d’urgence sanitaire, qui est maintenu jusqu’en juillet 2020, permet de limiter ou d'interdire les rassemblements sur la voie publique. Mais, les rassemblements prévus pour saluer la mémoire de George Floyd, bien qu'interdits par la loi en raison de la crise sanitaire, sont tolérés et ne donneront pas lieu à des "sanctions", avait indiqué le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner.
"(Les manifestations) ne sont pas (autorisées) dans les faits (...) mais l'émotion mondiale, qui est saine sur ce sujet, dépasse au fond les règles juridiques qui s'appliquent", a déclaré le ministre au micro de BFMTV/RMC.
Quels étaient les mots d'ordre du rassemblement ?
Les mots d’ordre des organisateurs étaient les suivants :
-« le refus de racisme dans la France aux multiples origines,
-le soutien aux migrants et travailleurs sans papiers qui exigent leur régularisation après avoir fait partie de ceux qui ont connu les pires conditions de travail et de confinement.
-la dénonciation des violences policières qui ciblent des personnes sur leur faciès, traités d'abord comme de potentiels délinquants
-le refus des conceptions du maintien de l'ordre contraires aux droits des citoyens
-l’engagement à lutter contre toutes les discriminations ».
Le compte BlackLivesMatterDijon est enfin créé, des actions pacifiques (manifs...) seront menées, ça se passe ici à Dijon ! Suivez et partagez. La lutte contre toutes les haines, les discriminations et le racisme est si importante. PARTAGEZ !!!!
— BlmDijon (@blmdijon) June 4, 2020
"Ce qui nous inquiète c’est une certaine impunité du racisme par les institutions", a expliqué Paul Garrigues, co-président de la section de Dijon de la Ligue des Droits de l'Homme, interrogé par France 3 Bourgogne.
"Je pense au cas d’une femme, demandeuse d’asile, qui a été contrôlée par des policiers qui se sont montrés très hostiles. Elle avait quelques échantillons de parfum sur elle. Ils l’ont accusée de les avoir volés et ils ont déchiré son titre de séjour. Il se trouve que cette dame donnait un coup de main dans une association caritative qui a attesté que c’est elle qui avait donné les échantillons à la demandeuse d’asile. Suite à cet incident, on a fait un signalement au procureur de la République, mais il ne s’est rien passé."
Cela dit, ajoute Paul Garrigues, "il y a des policiers tout à fait corrects avec les personnes noires ou maghrébines et il y en a d’autres qui ne le sont pas. On ne veut surtout pas dire que tous les policiers seraient violents ou racistes, car ce n’est pas vrai.
On nous dit "circulez, il n’y a rien à voir" et c’est ça qui est inquiétant - Paul Garrigues, co-président de la section de Dijon de la Ligue des Droits de l'Homme
En revanche, ce qui nous inquiète, à Dijon comme en France en général, c’est que lorsqu’il y a des dérapages, il n’y a pas de suites qui sont données par la préfecture et le procureur. On ne nous répond même pas, c’est « circulez, il n’y a rien à voir » et c’est ça qui est inquiétant.
Dans d’autres professions, il peut y avoir des dérapages dans l’Education nationale, la santé, etc. Par exemple, si un infirmier est accusé de maltraitance sur des malades, les syndicats professionnels et la direction vont chercher à comprendre.
Ce qui est grave c’est que,lorsqu’il y a des cas avec la police - que ce soit le ministère de l’Intérieur, la préfecture ou les syndicats - tous couvrent systématiquement les faits de violence. Cela nous semble à la racine des problèmes de violence policière dans le pays", conclut le co-président de la section de Dijon de la Ligue des Droits de l'Homme.
La liste des associations qui appellent au rassemblement
-Amnesty International Dijon
-ATTAC
-CGT
-Collectif du 4 mars 2012 Brazzaville
-CSF21
-Fédération Étudiante de Bourgogne Inter-Associative (FEBIA)
-FEP-CFDT (Formation et enseignements privés)
-FSU
-LDH
-Ligue de l'enseignement
-Maison des Potes Dijon 21
-MAN
-Mouvement de la Paix
-MRAP
-SOS Racisme
-SOS Refoulement