Dijon : les photos de 130 collégiens et professeurs exposées sur la Porte Guillaume pour prôner l'échange

Depuis ce lundi 30 août, une fresque composée de 130 clichés de collégiens de 5ème et de professeurs de trois établissements de Côte-d'Or s'affichent sur la Porte Guillaume à Dijon. L'initiative est un appel à la tolérance, à l'échange et au vivre-ensemble.

En vous baladant sur la place Darcy de Dijon (Côte-d’Or), vous ne pouvez échapper à l’installation. Depuis ce lundi 30 août, et jusqu’au 27 septembre prochain, une grande fresque recouvre la Porte Guillaume. Sur le monument, s’affichent ainsi les clichés de 112 élèves de 5ème et de 18 professeurs de trois collèges du département.

La bâche a été réalisée dans le cadre du projet "Kaléidoscope", initié depuis 2019 par Solenne Lévêque, professeur d’histoire-géographie au collège Clos-de-Pouilly de Dijon et également porté par Mourad Asfoure du lycée Jean-Philippe Rameau (Dijon) et Diane Poncet-Vigneron de l'établissement Lazare Carnot (Nolay). Pendant deux ans, les élèves de 5ème des trois centres scolaires se sont rencontrés une fois par mois pour échanger sur les thèmes de la rencontre, de la diversité et des trois religions monothéistes.

Kaléidoscope : un projet pédagogique fait de rencontres, d'échanges et de production d'œuvres

"Le projet était fait pour mettre en relation des élèves qui n'auraient jamais eu la chance de se rencontrer et se côtoyer car ils ne sont pas dans les mêmes endroits géographiquement", présente l'enseignante. La volonté d'échange et de réflexion sur l'autre prônée par l'initiative qui a remporté le prix de l'audace de la Fondation culture et diversité en avril dernier est également représentée par les trois établissements qui y ont participé. Jean-Philippe Rameau est en effet situé dans une zone d'éducation prioritaire, le collège Lazare Carnot se trouve dans un secteur rural et Clos-de-Pouilly en périphérie du centre-ville de Dijon.

Dans le programme de 5e, il y a un chapitre intitulé 'chrétiens et musulmans, des mondes en contact'. On a voulu l'étendre à la religion juive et travailler sur ce thème avec des élèves de trois territoires différents pour qu'ils puissent échanger sur leur quotidien, leur environnement, la diversité.

Solenne Lévêque, professeure d'histoire-géographie

À travers leurs rencontres, les élèves ont alors discuté ensemble de thématiques comme la laïcité, le droit à ne pas croire, la religion et le vivre-ensemble. Plusieurs rencontres ont également été organisées avec des historiens, des membres du Centre de Liaison de l'Enseignement et des Médias d'Information (CLEMI) pour évoquer les théories du complot et les fake news mais aussi des artistes pour produire des œuvres, toujours en rapport avec la question de l'autre.

Les 112 collégiens ont ainsi réalisé des toiles, écrit des textes et produits des symboles grâce à la linogravure. Avant de participer à la fabrication de la fresque aujourd'hui affichée sur la Porte Guillaume. "C'était un moyen de les faire réfléchir à ce que l'on peut ressentir lors d'une rencontre. L'idée, c'était qu'ils expriment devant l'appareil photo les différentes émotions provoquées par une rencontre", décrit Solenne Lévêque.

Représenter les sentiments provoqués par une rencontre à travers la fresque

Concrètement, les élèves ont étudié différents sentiments avec un professeur de théâtre avant de répéter chez eux. Face au photo-journaliste Arnaud Finistre, ils ont alors choisi la sensation qu'ils voulaient interpréter. Les clichés ont ensuite été choisis et agencés de manière à ce que les élèves se répondent entre eux sur la fresque. "Ça a été agréable. C'était un moment où on devait porter le masque en permanence. Les collégiens étaient cachés, ils n'avaient plus l'habitude d'avoir le visage découvert. Avec le projet, on a redécouvert toutes ces expressions liées à la rencontre", explique Arnaud Finistre.

C'était chouette parce qu'il y en a qui ont joué des expressions totalement différentes de leur personnalité et d'autres qui ont été plus conformes à leur personnalité.

Arnaud Finistre, photo-journaliste

Dans le cadre du projet "Kaléidoscope", les collégiens de 5ème ont également pu échanger avec Lassana Bathily, otage de l'Hyper Cacher de la Porte de Vincennes lors de l'attaque terroriste du 9 janvier 2015. Le choix d'exposer la fresque sur la Porte Guillaume est alors un choix fortement symbolique. C'est ici que les marches républicaines destinées à rendre hommage aux victimes de la vague d'attentats en France avaient débuté à Dijon. "Ce n'est pas un lieu anodin pour prôner des valeurs comme la tolérance, le respect mutuel et le mieux vivre ensemble", estime Arnaud Finistre.

Des collégiens enrichis par l'expérience

La fresque est par ailleurs inscrite sur la plateforme Inside Out fondée en 2011 par l'artiste français JR. Cette dernière permet à tous de raconter une histoire et défendre des valeurs à travers la création d'une œuvre d’art qui est ensuite répertoriée et archivée sur la structure en ligne.

Après 2 ans d'un projet aussi riche de sens qu'intense à porter, Solenne Lévêque dresse un bilan positif de l'initiative. "Les élèves ont été surpris, mais ils considèrent qu'ils ont eu de la chance. Les retours étaient très positifs. Ils étaient contents de rencontrer d'autres collégiens et de s'exprimer sur des sujets présents dans l'enseignement mais moins identifiés. Ils l'ont vécu comme une source d'enrichissemenrt et de découverte".

C'est notre souhait d'essayer d'éveiller leurs consciences. La pédagogie de projet est un moyen de faire vivre concrètement les valeurs de la République car les élèves sont acteurs. On leur donne les outils et c'est à eux de construire.

Solenne Lévêque, professeure d'histoire-géographie

Le principal du collège Clos-de-Pouilly salue lui-aussi les résultats obtenus grâce au projet "Kaléidoscope". "Lors de la mise en place de la fresque sur le Porte Guillaume, des élèves ont confié qu'ils avaient un nouveau regard sur les autres et sur les religions. Travailler sur ce projet les a fait évoluer. Je suis ravi, c'est une bonne chose de travailler sur ces thèmes à l'école dès le plus jeune âge", confie Patrick Gantot.

Une fois l'exposition terminée, le 27 septembre, la fresque devrait servir à la création de sacs et d'accessoires. Certains matériaux pourraient être récupérés puis transformés par des élèves en baccalauréat professionnel. Mais il sera possible de garder la trace du projet sur Inside Out. Quant aux collégiens, ils recevront prochainement un livre de 150 pages regroupant toutes les œuvres qu'ils ont créées pendant deux ans dans le cadre de "Kaléidoscope".

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