Vous l'avez peut-être remarqué dans le centre-ville de Dijon, de nombreuses vitrines sont vides et affichent des locaux disponibles ou un bail céder. Est-ce la conséquence de la crise sanitaire ? Les commerçants ont la vie dure depuis plusieurs mois. Certains sont plus fragilisés que d'autres.
"Locaux disponibles", "bail à céder"... A Dijon, en ce début décembre 2020, les vitrines vides attirent l'oeil dans les rues commerçantes : rue de la Liberté, rue des Godrans, rue Bossuet, rue Piron, Rue du Bourg...
Parmi les boutiques qui ont baissé le rideau, des petits commerçants, mais aussi des grandes enseignes ou des magasins franchisés. Les boutiques "Brice", "Un jour ailleurs", "Yves Delorme", "Phildar" ont ainsi fermé leur boutique en centre-ville de Dijon cette année, tout comme "Bio c'est bon", ou le chausseur "André", deux boutiques côte à côte sur la rue de la Liberté.
Ces fermetures interrogent. Faut-il y voir une conséquence directe de la crise sanitaire et du double confinement ? "Il y a eu le confinement du printemps, celui de l'automne, mais aussi les gilets jaunes et les travaux en centre-ville" confie une commerçante. A cela s'ajoute des situations particulières à chaque commerçant.
Un taux de locaux vacants parmi les plus bas en France
Pour autant, pas de quoi s'inquiéter pour l'instant, répond la Fédération des commerçants Ddjonnais : "Qu'il y ait des locaux disponibles, ce n'est pas étonnant, on en a toujours eu", dit Matthieu Honnorat, responsable de la Fédération. "On a la chance à Dijon, d'être une ville qui figure parmi celles qui ont le taux le plus bas de locaux vacants. On est à moins 50% de la moyenne nationale".
"Il y a pas mal de turn-over ", ajoute Matthieu Honnorat. " Les boutiques sont très souvent demandées ", précise-t-il. "Les locaux disponibles ne sont pas dus seulement au confinement. Si certains restent longtemps inoccupés, c'est parce qu'on a des problématiques avec les propriétaires".
Des locaux vides que l'on remarque plus en ce moment
Les locaux disponibles semblent particulièrement nombreux en ce moment, mais c'est parce qu'on les remarque plus. C'est ce qu'explique Matthieu Honnorat : " Il y a moins de gens dans les rues, et il y aussi des commerces qui sont encore fermés, il y a tous les restaurateurs qui n'ont pas la chance d'ouvrir".
Jusqu'à ce 15 décembre, le confinement imposait une restriction des déplacements en centre- ville", rappelle le responsable de la Fédération des commerçants Dijonnais. "Et puis, souligne t-il, il y a beaucoup de nouvelles boutiques qui s'installent, et on y prête trop peu attention".
Paradoxalement des chiffres étonnamment bons pour 2019
Du côté de la Chambre de Commerce et d'Industries (CCI), on rappelle que le taux "naturel" de défaillance tourne habituellement autour de 10%. "Un magasin sur dix, c'est la norme de la rotation des pas de portes. Il est normal que des magasins soient fermés en attente de reprise".
Pour l'heure, à la CCI non plus l'inquiétude n'est pas de mise. Elle affirme "qu'il n'y a jamais eu si peu de défaillance". Les chiffres dont elle dispose, parlent d'eux-mêmes. Ils ne concernent pas la ville de Dijon mais l'ensemble du département de la Côte-d'Or, et ils sont étonnamment bons.
Le taux de défaillance a baissé de 40 % par rapport 2019. Presque moitié moins que l'an dernier. Pourquoi une telle amélioration alors que les commerces ont subi un premier confinement en mars, et un deuxième en novembre ?
L'explication est logique, explique la CCI : "les commerces qui auraient du fermer pour des raisons structurelles ou conjoncturelles ont pu se maintenir grâce aux aides versées par l'Etat et les collectivités pendant la crise sanitaire".
Des craintes pour l'avenir
En 2021, plusieurs paramètres vont jouer : la consommation va t-elle reprendre à son niveau d'avant crise ? Quand il n'y aura plus d'aides, les commerces pourront-ils encore tenir ?
Autant d'interrogations qui pèsent sur l'avenir. Rien ne permet actuellement d'avoir une réelle visibilité sur ce qui nous attend dans les mois prochains.
La CCI pressent des difficultés : "Les syndicats de l'hôtellerie et de la restauration font remonter leurs inquiétudes : dans ce secteur 25 à 30 % des établissements risquent de fermer l'année prochaine".
"Des craintes pour l'avenir, c'est une certitude" dit Matthieu Honnorat. "Aujourd'hui on ne sait pas où on va, mais en tout cas on sait qu'on est accompagnés. On a une région, on a une métropole, on a une ville, qui nous aident à surmonter l'épreuve. Il y a une situation nationale et internationale qui est catastrophique, on fait tout pour accompagner les professionnels et que l'économie locale s'en sorte bien, conclut-il.
Si les fermetures actuelles ne traduisent pas encore un phénomène d'ampleur, l'heure n'est pas pour autant à l'optimisme chez les commerçants dijonnais.