Ce samedi 10 décembre, des employés des bars de nuit se sont réunis pour créer une association de loi 1901 afin de "défendre leurs intérêts et ceux de la vie dijonnaise". Depuis ce week-end, ces établissements doivent fermer à deux heures du matin au lieu de cinq.
Ce samedi soir, les fêtards n'auront que jusqu'à deux heures du matin pour sortir danser à Dijon. Depuis le 6 décembre, un arrêté préfectoral impose aux bars de nuit de la place de la République une fermeture à deux heures au lieu de cinq jusqu'à présent, excepté pour le Baltazar, qui dispose du statut officiel de discothèque. En réponse, cet après-midi, plusieurs salariés des établissements concernés (le Beverly, le Smart, la Jamaïque, la Belle Époque et la Salsapelpa ainsi que le Baltazar) se sont réunis pour donner une suite à leur mouvement et montrer leur désaccord avec la mesure préfectorale.
"On a constaté une baisse de 80% de notre chiffre d'affaires"
Nous vous parlions dès hier de ce collectif "Pour que la fête ne soit pas finie". Bientôt, ce collectif sera structuré en association de loi 1901, explique Maxime Chène, directeur artistique du Beverly et l'un des porte-paroles de l'association. "On veut défendre notre avenir, parce qu'on est tous menacés. À terme, on pourrait être licenciés, des établissements pourraient fermer."
Ce dernier raconte l'ambiance étrange du début de week-end. "On a ouvert jeudi et vendredi jusqu'à deux heures. Ce qu'on a constaté, c'est une baisse de 80% de notre chiffre d'affaires ! Parce que les gens ont tendance à sortir danser vers minuit et demi, et maintenant on ferme seulement une heure et demie plus tard."
"Les gens sont dégoûtés"
Quand aux réactions des fêtards contraints de partir à deux heures du matin : "les gens sont dégoûtés, ils disent que ce n'est pas normal, que le préfet devrait revoir ses décisions".
"Le covid a déjà fait du mal au monde de la nuit, et à peine un an après, on nous re-prive encore. Les jeunes n'en profitent pas, c'est compliqué pour eux."
Maxime Chène
Pour rappel, la fermeture anticipée a été décidée à la suite des problèmes de sécurité place de la République, après plusieurs agressions violentes. Les patrons de bars de nuit ont déjà fait savoir qu'ils estimaient cette mesure incohérente ; les salariés du collectif disent la même chose. "Les problèmes place de la République ne viennent pas de nos établissements. Les gens indésirables, ils ne rentrent pas dans nos établissements, ils dépouillent nos clients quand ils en sortent ! Le problème ne vient pas de l'horaire, il y a des violences toute la journée. Donc les gens se feront toujours agresser, à deux heures ou à cinq", regrette Maxime Chène.
En outre, le porte-parole du collectif estime que cela risque de créer un autre problème. "Les gens veulent faire la fête quand même, alors ils nous ont dit qu'ils iraient en soirée dans des appartements, des airbnb, des salles des fêtes, où il n'y aura ni horaires, ni sécurité. Il ne faut pas oublier que dans nos établissements, on est en sécurité, on a des agents qui savent gérer l'alcool, la drogue, les bagarres. Tout ça va créer des troubles à l'ordre public." Maxime Chène craint également que les Dijonnais aillent en boîte de nuit plus loin, comme à Châlon, Besançon ou Beaune. "Peut-être qu'au début ils prendront un Sam, ou peut-être qu'ils prendront la route alcoolisés."
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Ils demandent à rencontrer le préfet... et Cyril Hanouna
Le collectif compte adresser un courrier au préfet, au nom de l'association, en début de semaine, pour lui demander une entrevue. "S'il ne veut pas nous recevoir, nous mènerons une action de manifestation pacifique en 2023." Maxime Chène tente aussi de médiatiser, à l'échelle nationale, le cas de Dijon : le collectif a prévu de se rendre devant les studios de Touche pas à mon poste !, l'émission de Cyril Hanouna, pour essayer de passer à l'antenne.
De son côté, le préfet de Côte-d'Or a donné rendez-vous dans six mois pour réexaminer la possibilité de rouvrir les bars dansants à cinq heures. Concernant les éventuelles pertes d'emplois liées aux baisses de chiffres d'affaires, Franck Robine a assuré, mi-novembre, que le problème serait pris en charge. "Le responsable départemental de Pôle Emploi mettra en place une cellule spécifique s'il devait y avoir des licenciements - ce que je ne crois pas", estimait le préfet. Ce n'est pas l'avis des salariés du collectif. "Je ne sais pas si dans un mois, je serai toujours en poste", s'inquiète Maxime Chène.