Expulsés d'un bâtiment désaffecté du quartier des Grésilles au mois de septembre dernier, une trentaine de personnes demandeuses d'asile ont investi de nouveaux locaux vides à Dijon. Depuis le jeudi 17 décembre, ils vivent dans des locaux abandonnés d'EDF.
Les déménagements contraints se succédent pour les demandeurs d'asile dijonnais. Après l'évacuation d'un immeuble dans le quartier des Grésilles au mois de septembre dernier, une trentaine de migrants ont élu domicile dans d'anciens locaux d'EDF, boulevard Kennedy.
" Ici c'est parfait "
Originaire de Somalie, Khaled est en France depuis 14 mois. Sa procédure de demande d'asile est en cours, mais elle prend du temps. Il ne peut donc pas encore travailler ni même gagner de l'argent. À Dijon, le jeune homme a connu plusieurs squats, des centres d'hébergement, mais également la rue. Il développe : " ma situation de demandeur d’asile fait que l’on ne peut pas rester très longtemps dans un même endroit. Nous n’avons pas de maison, pas d’argent, pas d’aides du gouvernement ".
Aujourd'hui, il s'estime chanceux de pouvoir passer l'hiver au chaud, et avec un toit sur la tête. " Ici c’est parfait s'entousiasme-t-il. Quand nous sommes arrivés dans le bâtiment, il y avait déjà deux ou trois personnes qui vivaient ici depuis un certain temps. Ils nous ont dit « c’est pas grave, vous pouvez rester » " .
Alors, Khaled et une trentaine d'autres personnes, principalement des jeunes hommes venus d'Afrique subsaharienne sont restés. La plupart ont connu les anciens locaux de la CPAM à Chenôve, puis ceux de la rue Becquerel, au quartier des Grésilles. Installés depuis quelques jours, tous s'affairent au nettoyage des locaux vacants depuis 2013. Depuis peu, ils ont été rejoints par des associations.
Sur place depuis une semaine
" Nous sommes présents depuis dimanche dernier (le 20 décembre) mais les personnes sont entrées dans le bâtiment mercredi ou jeudi dernier. Nous n’avons pas nous-même investi le bâtiment, nous sommes venus apporter un soutien à ceux qui ont y sont " expose Marc Hauville, membre du collectif asile migrants 21.
Ce collectif regroupe un ensemble d’associations qui apportent des aides matérielles et juridiques pour les personnes migrantes. " Dans un cas comme aujourd’hui il s’agit de soutenir une nouvelle installation et de s’assurer que tout se passe bien pour les personnes " poursuit le bénévole.
Des conditions de vie précaires
Des aides précieuses puisque la trentaine de " locataires " vit encore dans des conditions précaires. Longtemps abandonné, le bâtiment est vétuste et n'offre pas encore toutes les commodités. " On peut manger à l'intérieur du bâtiment mais pour se doucher ou aller aux toilettes nous devons sortir. Peut-être que dans les prochains jours nous pourrons utiliser les toilettes du bâtiment " éclaire Khaled.
Après avoir tenté sa chance en France une première fois, Khaled est revenu dans l'Hexagone avec l'intention d'y rester. " J’espère pouvoir rester en France pour longtemps maintenant. Je veux faire des études et avoir une belle vie, meilleure qu’en Somalie. En ce moment dans mon pays des familles et des enfants vivent dehors à cause de la guerre. Ils ne peuvent pas se protéger. Alors on vient en Europe pour avoir une meilleure vie " conclut-il.
Marc Hauville, membre du collectif asile migrants 21 :