Alors que le président de la République doit se prononcer mardi sur une éventuelle ouverture des commerces non-essentiels, certains commerçants dijonnais s'inquiètent d'une date de réouverture trop précoce.
Emmanuel Macron doit s'adresser aux Français mardi 24 novembre pour annoncer "un allègement progressif des contraintes" selon la formule employée par l'Elysée dans les colonnes du JDD ce week-end. Mesure phare attendue, la date de la réouverture des commerces "non-essentiels". Ce devrait être pour le 27 novembre à l'occasion du "Black Friday", une journée de promotions organisée par certains commerçants, ou pour le 1er décembre, afin de lancer un mois très important pour les commerçants.
"Nous demandons l'ouverture des commerces non-essentiels dès vendredi", affirme Matthieu Honnorat, responsable de Shop'in Dijon, une fédération de commerçants locaux. J'ai peu d'espoir pour le 27 novembre mais je l'espère", abonde Marie-Laure Mouillon, du magasin Chouette France. Dans cette boutique qui vend uniquement du Made in France, "il n'est pas question d'un Black Friday, ici on achète les produits au juste prix".
"Ce sera difficile pour nous d'être prêts dans trois jours"
Mais tous ne tiennent pas ce discours : "personnellement, je préfère la date du 1er décembre. Cela sera difficile d'être prêts vendredi, je ne peux pas laisser seulement deux jours à mes employés pour s'organiser pour la reprise du travail. Je dois également commander des produits, cela sera difficile de se faire livrer en deux jours. Enfin, je ne travaille que sur rendez-vous, en deux jours mon planning ne sera pas rempli", témoigne Sylvie Falco, qui tient le salon de coiffure Fa Syl Création à Dijon. "Beaucoup de commerçants appellent pour la réouverture dès vendredi 27 novembre mais ce sera difficile pour nous d'être prêts à cette date-là", confirme pour les mêmes raisons Sandra Buzenet, à la tête de la boutique de vêtements Ann'Mode.Si la date de réouverture ne fait pas consensus en revanche tous sont d'accord pour mettre en place un protocole sanitaire drastique pour accueillir leurs clients. "Personnellement, j'ai un magasin de 45m2 avec trois cabines, et j'ai décidé de mettre une jauge à 4 clients au maximum", indique Sandra Buzenet, pour respecter la jauge de 8m2 d’espace par client demandée par le gouvernement.
Marie-Laure Mouillon a peur de devoir jouer la police dans son magasin : "Est-ce que les clients vont jouer le jeu et ne pas trop traîner dans le magasin ? Va-t-on réussir à les gérer ? Vont-ils être patients ?", s'interroge-t-elle.
Mais ces commerçants souhaitent ne pas être les seuls à se plier à des mesures contraignantes : "nous aimerions aussi que le gouvernement donne des consignes claires et que la population s'y tienne", explique Sandra Buzenet. Le pire scenario pour elle ? Que le déconfinement ne soit pas assez progressif et qu'un troisième confinement, fatal à son commerce, soit mis en place.Nous demandons plus de contrôles de la part des policiers pour vérifier que ceux qui sortent le font pour une bonne raison.
"Nous demandons plus de contrôles de la part des policiers pour vérifier que ceux qui sortent le font pour une bonne raison", estime Matthieu Honnorat alors que les Français pourraient devoir continuer à signer une attestaion pour sortir.
Le patron de Shop'in Dijon conçoit que cette demande comporte son lot de paradoxe : "nous nous rendons bien compte également que si la nécessité d'une attestation continue, les rues vont continuer à être désertes, ce qui n'est pas bon pour les commerçants".
Un paradoxe dans une période cruciale, les fêtes de fin d'année. Pour certains, elle représente jusqu'à 30% de leur chiffre d’affaire annuel.