Bétonisation excessive ou densification pour limiter l'étalement urbain ? Les points de vue s'affrontent à propos du projet prévu avenue de Langres à Dijon. Le maire affirme que "9 500 demandes de logement sont toujours en attente dans la métropole". On fait le point en quelques chiffres.
Mardi 20 avril, la police est intervenue avenue de Langres à Dijon (Côte-d’Or) pour évacuer un terrain où doit être construit un ensemble d’immeubles. Les opposants au projet dénoncent une bétonisation toujours plus importante de la ville.
Dans le même temps, le maire PS de Dijon défend le projet, initié par la ville et confié à l’entreprise Ghitti, en arguant que cette construction dans un secteur déjà urbanisé permet de “préserver les terres agricoles en évitant l’étalement urbain”.
Dans un communiqué transmis mardi après-midi, François Rebsamen ajoute que "9 500 demandes de logements sont toujours en attente dans la métropole." Alors, la métropole de Dijon connaît-elle bien une pénurie de logement, comme l'indique le maire ?
9 500 demandes de logements
Ce chiffre de 9 500 correspond bien aux demandes de logement social enregistrées dans la métropole de Dijon, selon des données consultables sur le site qui centralise les demandes de logement social dans la région.
Au 2 avril 2021, la plateforme gérée par l’Association régionale d’études pour l’habitat Est (AREHA Est) recense 9 423 dossiers actifs dans la métropole, essentiellement pour des appartements (5 533 demandes).
C’est dans la ville de Dijon que se concentrent la très grande majorité des demandes, avec 6 297 dossiers en attente de logement. Viennent ensuite Chenôve (519 demandes), Quetigny (410) et Chevigny-Saint-Sauveur (382).
La demande à Dijon se concentre surtout sur des appartements de type 2 ou 3.
L'AREHA Est rappelle que l’an dernier, 2 718 logements sociaux ont été attribués dans la métropole, dont 1 695 dans la seule ville de Dijon.
Mais faut-il construire de nouveaux logements pour répondre à cette demande ? C'est toute la question, notamment au regard d'un autre chiffre, celui de la vacance, c'est-à-dire le nombre de logements inoccupés.
10% des logements inoccupés en Bourgogne-Franche-Comté
Au niveau régional, on comptait 10 % de vacance en 2017, selon l'Insee. Ce qui fait de la Bourgogne-Franche-Comté la région française où la part de logements inoccupés est la plus importante de France. Mais la situation est assez différente selon qu'on se situe à l'est ou à l'ouest de la région, dans une zone rurale ou urbaine.
"Tous les facteurs qui concourent à la vacance du logement sont réunis en Bourgogne-Franche-Comté : territoire peu dense, démographie stable, foncier abordable", pouvait-on lire dans une étude publiée en 2018.
L'Insee pointait notamment l'ancienneté des logements de la région, où "le tiers des logements datent d’avant 1946", contre "un quart au niveau national". "Or, la réhabilitation de ces logements, parfois vétustes, est souvent plus onéreuse que la construction de logements neufs."
Les logements neufs sont également plus attractifs pour les locataires, qui apprécient les meilleures performances énergétiques ou les prestations plus en adéquation avec leurs souhaits.
Dans la métropole de Dijon, la vacance est moins importante qu'au niveau régional. On comptait en 2017, selon l'Insee, 9 350 logements vacants dans la métropole sur un total de 139 278 logements, soit 6,7%.
Dans le parc locatif social de la métropole, les logements inoccupés sont pratiquement inexistants. La vacance supérieure à trois mois, dite "structurelle", ne concernait au 1er janvier 2020 que 0,4 % des 23 586 logements disponibles, selon la Dreal.
145 logements sociaux prévus avenue de Langres
Le projet immobilier prévu avenue de Langres, à Dijon, prévoit 330 logements répartis sur plusieurs bâtiments. Une partie des appartements sera constituée par des logements sociaux, "40 % de la surface de plancher dédiée à l'habitation", peut-on lire dans une délibération du conseil municipal de Dijon, datée du 24 juin 2019.
Cela correspond à "environ 145 logements". La moitié doit être proposée en prêt social de location accession, et l'autre moitié doit être mise en location par le bailleur social Grand Dijon Habitat.