Le doubleur et comédien né à Dijon en Côte-d'Or est décédé hier d’une maladie fulgurante. Jacques Frantz appréciait revenir dans la ville des Ducs où il a fait, enfant, ses premiers pas sur scène.
Le timbre chaleureux et puissant, il avait prêté 67 fois sa voix à Robert de Niro et à Mel Gibson à 34 reprises au cours de sa carrière. Véritable monstre du doublage, mais aussi acteur de cinéma et de théâtre, le Dijonnais Jacques Frantz est décédé hier à l’âge de 73 ans d’une "maladie fulgurante" a annoncé sa fille dans un communiqué.
Al Capone dans Les Incorruptibles, Martin Riggs dans L’Arme fatale, Sullivan dans Monstres et Cie, toutes ces voix inimitables et charismatiques qui ont bercé les oreilles des petits comme des grands, c’était lui. Jacques Frantz faisait partie de ces doubleurs mythiques, que l’on reconnaissait en quelques mots, même caché derrière les traits et le physique d’un autre acteur.
Une enfance dijonnaise
En 2005, Jacques Frantz nous racontait son enfance à Dijon. "J’ai beaucoup de souvenirs ici". À chaque fois qu’il revenait dans sa ville natale, celui qui a joué pour Coline Serreau, Claude Chabrol ou Gérard Oury, appréciait faire une halte à la mare de Fontaine-lès-Dijon.
"C’est là que je venais faire de la luge quand j’étais petit, avec mon frère Jean-Philippe. On nous racontait un tas de trucs. Saint-Bernard était supposé être né ici, dans le château. Il aurait vu un jour la mare s’ouvrir, et entrevu les croisés de la deuxième ou troisième croisade. On se prenait tous un peu pour des très grandes personnes quand on était petits et quand on était là à cheval sur nos luges".
Il y a ma vie, mon enfance, mes émois, mes amours, mes rêves. Dijon c'est tout un patchwork de trucs.
De son père, conservateur des monuments historiques, Jacques Frantz avait hérité d’une véritable passion pour le patrimoine architectural de la ville aux 1000 clochers. "En allant à l’école, je passais devant des maisons magnifiques 4 fois par jour".
C’est dans la cour de Bar du Palais des Ducs de Bourgogne que le comédien fera d’ailleurs ses premiers pas sur scène, à l’occasion du festival des Nuits de Bourgogne. "On mettait les costumes, on se cachait. Et on mettait les costumes à toute vitesse car on faisait plein de trucs. Les loges des acteurs étaient dans les cuisines, un endroit magnifique, comme il y en a plein en Bourgogne. C’était magique".
Dès 16 ans, Jacques Frantz s’inscrit au conservatoire d’art dramatique. Il commencera sa carrière professionnelle en 1969, dans une adaptation théâtrale de Roméo et Juliette.
Les hommages de la profession
Certains de ses collègues et beaucoup d’anonymes ont témoigné leur tristesse suite à l’annonce de la disparition du doubleur dijonnais. Jean Dujardin, sur son compte Instagram, a rendu hommage au "bel humain et bel artiste qu’il était". Les deux acteurs ont notamment joué ensemble dans le film Contre-enquête en 2007.
En commentaire, la comédienne Emilie Dequenne en a profité pour saluer "un homme délicieux" et une "merveille d’acteur".
Toujours sur Instagram, François-Xavier Demaison, fils de Jacques Frantz dans le long-métrage Comme des frères en 2012 a écrit : "Tu étais une voix, une présence incroyable".
Le chroniqueur et critique télé Eric Naulleau a de son côté évoqué son "plaisir de retrouver sa vaste carcasse et sa belle voix sur une scène de théâtre".
Jacques Frantz n’était pas seulement la voix de Robert de Niro ou de Mel Gibson, mais aussi un acteur et comédien de grand talent. C’était toujours un plaisir de retrouver sa vaste carcasse et sa belle voix sur une scène de théâtre. pic.twitter.com/GtSjHMYnrJ
— Eric Naulleau (@EricNaulleau) March 17, 2021
Voix indissociable de Robert De Niro qu’il aura accompagné pendant près d’un demi-siècle, le Dijonnais Jacques Frantz aura au total joué dans 26 pièces de théâtre, une trentaine de films et fait vibrer ses cordes vocales à 447 reprises pour le cinéma, la télévision et même des jeux vidéo.