La marque de prêt-à-porter Bayard, basée à Quetigny (Côte-d'Or), va baisser le rideau. Ses magasins fermeront définitivement leurs portes samedi 5 octobre, après le placement de l'enseigne en liquidation judiciaire.
Ce sont quelques mots qui s'affichent en rouge, lorsque l'on tente d'accéder au site internet de la marque. "Nous rédigons ces quelques lignes avec beaucoup d'émotion, pour vous annoncer la fermeture définitive de BAYARD", peut-on lire. Une annonce également affichée sur les vitrines des boutiques Bayard, enseigne de prêt-à-porter basée à Quetigny (Côte-d'Or).
"Je ne sais pas où je retrouverai ça ailleurs"
Ce mercredi matin devant le magasin situé rue des Forges à Dijon, plusieurs clients ont évoqué leur déception quant à la fermeture des boutiques. "C'étaient des articles de qualité qu'on trouvait difficilement ailleurs, à des prix assez raisonnables", déplore par exemple ce retraité. "Pour des gens de mon âge, il n'y a pas vraiment d'équivalent dans d'autres magasins."
Il y a une clientèle régulière, mais qui n'est probablement pas suffisante.
Un client de Bayard,à Dijon (Côte-d'Or), le 2 octobre 2024
"Je suis client depuis des années. Je trouvais des produits qui correspondent bien à ma morphologie, mon âge", abonde cet autre homme. "Je regrette que ça disparaisse, car je ne sais pas où je retrouverai ça ailleurs, sauf dans des grandes maisons à des prix bien supérieurs."
Placée en liquidation judiciaire
La liquidation judiciaire de Bayard a été prononcée mardi 1er octobre au terme d'une audience devant le tribunal de commerce de Dijon, d'après nos confrères de France Bleu Bourgogne. En redressement judiciaire depuis plus d'un an, l'entreprise s'était lancée fin juin dans la recherche d'un repreneur... sans succès.
Marque emblématique du prêt-à-porter pour hommes, Bayard est née en 1925 à Villeurbanne (Rhône). Elle est connue pour avoir habillé Serge Gainsbourg, Claude François ou encore Johnny Hallyday. Elle n'a finalement pas réussi à complètement se relever de la crise du Covid, son chiffre d'affaires passant de 22 millions d'euros en 2019 à 15 en 2024.
"Il y a un certain nombre de phénomènes qui se sont produits depuis une quinzaine d'années, qui font qu'on a subi beaucoup de vents contraires", déplore Laurent Vigneron, directeur général de Bayard. "On a vécu des crises économiques, la crise sanitaire... et puis les comportements des consommateurs évoluent. Les budgets sont de plus en plus arbitrés, et les vêtements et chaussures font partie de ces arbitrages."
Bayard ne vivra pas son centenaire...
Laurent Vigneron,PDG de Bayard
La cinquantaine de magasins que compte l'entreprise fermera donc définitivement le 5 octobre. Les 130 salariés seront quant à eux licenciés pour raison économique.
Fermetures en cascade
Bayard n'est pas la seule marque mise en difficulté par la crise sanitaire. Depuis 2022, nombreuses sont les enseignes à avoir fait état d'importantes difficultés financières. La liquidation, le 28 septembre 2022, du géant de l'industrie Camaïeu avait par exemple fait l'effet d'un coup de tonnerre, entraînant la suppression de plus de 2 000 emplois.
Quelques mois plus tard, c'était au tour de San Marina de mettre la clé sous la porte. 163 magasins ont fermé et 650 personnes été licenciées. Puis Kookaï, Go Sport ou encore André ont été successivement placées en redressement judiciaire.
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Plus récemment, c'est une entreprise bourguignonne, Christine Laure, qui a subi le même traitement. "C'était la seule solution pour bloquer notre endettement", expliquait Jean-Marc Lasselin, PDG du groupe né en 1961 à Gray (Haute-Saône). Un redressement qui permet de sauvegarder, au moins pour un temps, l'emploi de 380 personnes.