Du 18 au 24 novembre 2019, se tient la Semaine européenne pour l'emploi des personnes handicapées. En Bourgogne-Franche-Comté, fin 2018, 10,5% des demandeurs d'emploi étaient des personnes en situation de handicap, soit près de 22 000 personnes.
Le parcours d'Éloïse Rabilloud, salariée handicapée
« Ce poste est la chance de ma vie et c'est mon plus grand bonheur ! », rayonne Éloïse Rabilloud. Cette jeune femme est atteinte d’hypochondrodysplasie, une forme de nanisme. La trentaine dynamique, elle occupe le poste d'assistante administration, communication et formation dans un centre de formation dijonnais depuis un peu plus d’un an. Elle y est également formatrice. L’épilogue heureux d’un long parcours du combattant pour décrocher son premier emploi ! Car Éloïse aura passé, en tout, sept années cumulées au chômage.
Ce parcours chaotique vers l’emploi est-il lié à son handicap ? Éloïse ne l’évoque pas de prime abord. « Les recruteurs me reprochaient mon manque d’expérience. Ils me parlaient aussi de mon Bac Pro secrétariat suisse puisque je suis originaire de Suisse. Mais, j’ai parfois également ressenti de la discrimination. Au téléphone, les recruteurs semblaient motivés mais quand ils me recevaient, je voyais des petits regards interloqués. Une fois, en entretien d’embauche, on m’a dit ''à quel moment votre handicap va poser problème ?''. Là, c’est la douche froide ! ».
La jeune femme aurait pu baisser les bras. Elle décide de se reprendre ses études pour acquérir de nouvelles compétences et réhausser sa qualification avec un cursus niveau bac + 2. Éloïse intégre un centre de formation sur Dijon pour devenir assistante Ressources Humaines et c'est ce même centre de formation qui l'embauche quelques mois plus tard. « Je ne me suis pas dit : je fais une bonne action ou je vais rendre mon entreprise plus inclusive », avoue Fabienne Sarrasin, la directrice d’Accords Majeurs et employeur d’Éloïse. « Je l’ai embauchée pour ses compétences et sa personnalité. J’ai une grande confiance en elle. Je savais que ça collerait ! ».
Le point en Bourgogne-Franche-Comté
Selon Pôle Emploi, fin juin 2018, notre région comptait 21 931 demandeurs d'emploi en situation de handicap. Ces personnes se répartissaient comme suit par département :
- 4 991 en Saône-et-Loire
- 3 967 en Côte-d'Or
- 3 644 dans le Doubs
- 2 223 en Haute-Saône
- 2 790 dans l'Yonne
- 1 752 dans le Jura
- 1 632 dans la Nièvre
- 932 dans le Territoire-de-Belfort
Et pourtant, quand tout est bien pensé, l'insertion de personnes handicapées en milieu oridinaire peut fonctionner ! Regardez l'exemple de Baptiste Zimmer, un Dijonnais avec trisomie 21. Il a été embauché par une grande enseigne de la grande distribution. Ce salarié et son employeur sont accompagnés par l'association Trisomie 21.
Le reportage de M. Barate et I. Rivierre avec :
- Baptiste Zimmer, salarié handicapé
- Michel Buffenoir, tuteur de Baptiste
- Laurent Blachon, directeur de Métro Marsannay et employeur de Baptiste
Le digital peut-il favoriser l'insertion des handicapés ?
Depuis très longtemps, l'Agefiph ou les conseillers Cap Emploi œuvrent pour l'insertion professionnelle des personnes en situation de handicap. Mais depuis quelques années, des opérateurs privés se sont positionnés sur ce marché du travail spécifiques et ils se sont emparés de la toile pour mettre en relation les employeurs et les demandeurs d'emploi. Il existe ainsi des sites de recrutement en ligne spécialisés : handicap-job, hanploi ou handi-cv.
Certains secteurs professionnels se sont organisés et diffusent sur la toile leurs offres de dispositifs de formation par alternance ou leurs offres d'emploi pour les personnes déjà formées. C'est le cas notamment pour les métiers de la banque et leur site : handiformabanques.
Un réseau social professionnel en ligne de type LinkedIn a été créé pour connecter le marché du travail et les personnes en situation de handicap. Il s'agit de Réseau Handicap.
Il existe également des salons de l'emploi en ligne. Le plus ancien sur le marché se nomme Hello Handicap. Co-fondé par Nicolas Bissardon il y a dix ans, ce site recense 20 à 25 000 offres d'emploi. Trois fois par an, il organise des salons de 4 jours où 1 000 recruteurs partout en France épluchent les CV et contactent par téléphone les les candidats à l’image des job-datings.
« C’est plus pratique de réaliser tout cela via le digital pour les personnes en situation de handicap. Cela leur épargne des déplacements. Mais cela est également vrai pour les recruteurs qui ne restent pas bloqués physiquement toute une journée sur un salon. Quant au premier contact, il se fait par téléphone et non par visio-conférence; sauf si le handicap l’empêche. Car tous les postulants ne sont pas à l'aise devant une web-cam et cela évite de réintroduire des biais de pensées », détaille Nicolas Bissardon, chef d'entreprise lyonnais lui-même en situation de handicap.
Et de citer le cas emblématique d'une recruteuse qui a eu recours à son site pour une place de directeur de cabinet d'assurances. Elle est séduite au téléphone par « le parcours, le dynamisme, la tchatche » d'un candidat. Quand elle le reçoit en entretien, elle découvre qu'il est de petite taille. Elle hésite à le recruter car ce poste à responsabilités lui semble trop exposé. Finalement, elle ne fera pas marche arrière. Bien lui en a pris ! Ce manager a depuis réussi un parcours exemplaire au sein de cette entreprise. « C'est une belle histoire qui confirme que le handicap peut être une opportunité d'entreprendre, une opportunité de management et une opportunité économique », conclut Nicolas Bissardon.