Avant Noël, l'épidémie de grippe se faisait déjà sentir. Mais les multiples réunions de famille induites par les fêtes de fin d'année ont intensifié les contaminations au virus saisonnier. Michel Khouri, médecin généraliste pour SOS médecin Dijon, répond à 5 questions sur l'épidémie en Bourgogne-Franche-Comté.
On vous l'expliquait le 13 décembre dernier : depuis le 8 décembre, la Bourgogne-Franche-Comté est entrée en alerte "grippe saisonnière".
Deux semaines après le début de l'alerte, le Réveillon et les dîners de Noël en famille ont malheureusement permis à l'épidémie de faire son petit bout de chemin dans la région. Les cas sont donc toujours en hausse en Bourgogne-Franche-Comté et les contaminations ne sont pas près de ralentir. Selon le réseau Sentienlles, le 22 décembre, le taux d’incidence des cas de grippe - parmi les patients consultant pour une infection respiratoire aiguë - était estimé à 180 cas pour 100 000 habitants. Une incidence qui a, depuis, nécessairement augmenté.
Selon Santé publique France, chaque hiver, 2 à 6 millions de personnes sont touchées par le virus de la grippe et 10 000 décès sont enregistrés chaque année, dont plus de 90 % chez des personnes âgées de plus de 65 ans.
Pour lutter contre la propagation du virus de la grippe et informer les habitants de la région, le médecin généraliste Michel Khouri, membre de SOS médecin à Dijon, répond aux principales questions que l'on peut se poser en période d'épidémie de grippe saisonnière.
Est-ce que l'on peut cumuler grippe et Covid-19 ?
Michel Khouri : "Eh oui malheureusement. Même si je ne rencontre que quelques cas exceptionnellement, ça reste une combinaison possible. Il faut vraiment ne pas avoir de chance pour cumuler les deux. En revanche ce sont exactement les mêmes symptômes. On va avoir un état grippal avec de la fièvre, des courbatures, une toux assez importante, de la fatigue... Et on ne peut pas faire la distinction juste avec les symptômes. Ce sont les tests PCR qui nous permettent de savoir s'ils sont liés au Covid ou à la grippe."
On constate une hausse des cas de grippe. Depuis combien de temps augmentent-ils ?
M.K. : "L'épidémie a commencé à peu près fin novembre avec quelques cas par-ci par-là. On va dire que ça s'est intensifié depuis une quinzaine de jours, avec une grosse montée chez les enfants, qui ont dû contaminer leurs proches. La période des fêtes n'arrange évidemment pas l'épidémie, mais la hausse s'est intensifiée avant les réunions de famille liées à Noël et au Réveillon. À mon avis, on va avoir un mois de janvier compliqué"
Pourtant il existe un vaccin contre la grippe. Est-ce que les Français pensent à le faire ?
M.K. : "Il y en a beaucoup. Principalement les personnes fragiles, les personnes âgées qui sont, elles, très sensibilisées justement à la gravité potentielle de la grippe. Ces personnes ont l'habitude de le faire et se rendent directement chez leur médecin traitant. Pour les personnes les plus jeunes, soit ça ne les intéresse pas, soit elles ont un peu peur du vaccin et ne le font pas toujours. La plupart du temps, les personnes se font vacciner quand elles ont développé une grippe qui les a maintenues couchées un bon moment. On peut être sûr que l'année suivante elles auront fait leur vaccin."
Le vaccin est-il le remède miracle pour ne pas contracter la maladie cet hiver ?
M.K. : "Le vaccin ne va pas vous empêcher d'avoir la grippe, c'est-à-dire que vous pouvez contracter le virus, mais en avoir une forme limitée avec des symptômes beaucoup plus légers. Comme on n'a pas de traitement spécifique contre la grippe, le meilleur moyen de protection reste en tout cas la vaccination."
Et malgré tout, une fois qu'on a la grippe, comment faire pour en guérir ?
M.K. : "Niveau traitement on vous donnera quelque chose pour limiter les symptômes : du paracétamol pour la fièvre et les courbatures, des traitements d'appoint pour dégager le nez, soulager les quintes de toux... Mais surtout, on guérit avec de la patience. Il faut du temps. Selon les personnes les symptômes peuvent durer 3 jours, 5 jours, ou un peu plus longtemps, autour d'une semaine."
Avec Léa Wolber