13 spectacles sont à l’affiche de l’édition 2016 de "Théâtre en mai", qui se déroule du vendredi 20 au dimanche 29 mai. La pièce "Ce qui nous regarde" se demande pourquoi le port du voile divise la France.
Myriam Marzouki a la double nationalité franco-tunisienne et se définit comme athée et féministe. Sa nouvelle pièce, créée au sein de la Compagnie du Dernier Soir, est intitulée "Ce qui nous regarde". Elle est présentée du samedi 21 au lundi 23 à Dijon dans le cadre du festival "Théâtre en mai".
Le spectacle commence par une projection de photographies des aïeules de la metteuse en scène. On découvre la grand-mère ukrainienne de Myriam Marzouki qui portait un fichu, puis sa grand-mère marocaine avec sa coiffe traditionnelle.
"Si l'on regarde de très près le voile, on finit par voir la société française toute entière et on finit par voir son histoire", déclare Myriam Marzouki. Celle-ci a choisi de traiter ce sujet délicat en faisant "un pas de côté". Elle ne remet pas en cause le choix du voile, car la question religieuse ne l'intéresse pas. "Ma question est pourquoi, aujourd'hui, en France, le fait que des femmes choisissent de porter un bout de tissu sur la tête fait tellement débat", explique-t-elle.
"La question porte sur nous, société française : pourquoi est-ce que ça nous inquiète ? Pourquoi ça nous divise ? Pourquoi ça soulève des contradictions, pourquoi ça nous renvoie à notre histoire ?", insiste celle pour qui le voile est aussi "une manière de réagir à l'injonction permanente de la nudité et de la marchandisation du corps féminin".
Comment sortir de la fabrication du conflit ?
"On a l'impression aujourd'hui que "émancipation" égale "nudité" et le voile interroge cela, ce qui ne fait pas plaisir. Mais c'est une question intéressante qui est posée aux hommes et aux femmes", ajoute la directrice de la Compagnie du Dernier Soir. "Il faut sortir de la fabrication politico-médiatique du conflit, souvent en décalage avec la réalité, qui est souvent plus complexe, plus nuancée et plus intéressante."
Le texte mêle des extraits de "L'épître aux Corinthiens" de Saint-Paul, "Vernon Subutex" de Virginie Despentes ou encore "Prendre date" de Patrick Boucheron et Mathieu Riboulet, invitant le spectateur à "un voyage dans le temps". La pièce s'appuie aussi sur un "montage de matériaux très différents", de la vidéo à la photographie d'archives en passant par la musique.
"Le montage, ce n'est pas le patchwork", relève Myriam Marzouki qui dit avoir recherché "quelque chose de très plastique" dans sa mise en scène avec des "images inspirées de tableaux et de photographies", en tirant les fils "de toute une tradition iconographique européenne". "Les cultures se croisent plus qu'on ne le pense", lance plus tard un des trois comédiens qui partagent la scène avec un musicien.
"Ce qui nous regarde" a été créé à Dijon. Le spectacle partira ensuite en tournée à partir de novembre à Noisiel (Seine-et-Marne), Valence, Saint-Etienne, Reims et Lyon.