Entre agressions et insultes, le monde du sport est encore hostile à l'homosexualité. Une équipe de France 3 Bourgogne est allée à la rencontre des sportifs du Creps de Dijon pour les interroger sur la relation compliquée entre le sport et l'homosexualité.
Le centre de ressources, d'expertise et de performances sportives (Creps) accueille 270 sportifs et propose une offre pléthorique d'activités sportives : football, basket-ball, rugby, tir à l'arc, judo, lutte, etc. L'endroit est donc idéal pour rencontrer des sportifs et discuter avec eux de l'homophobie latente qui gangrène le milieu.
Le judo ne laisse pas de place à l'homosexualité
Sur le tatami du Creps, où le contact est le socle de l'activité sportive, la proximité physique avec un homosexuel semble déranger.
Un judoka analyse : "Je pense que dans le judo c'est difficile d'être homosexuel. C'est un sport de contact où on est proche. Je pense que ce serait mal vu et la personne serait mise à l'écart."
Une judokate poursuit: "Un homosexuel qui fait du judo va être davantage mal vu qu'une fille homosexuelle qui fait ce sport-là."
La lutte n'est pas plus tolérante
Dans le vestiaire, les hommes s'interrogent sur la possibilité d'accueillir un sportif homosexuel à leur côté. Les préjugés pleuvent. Un lutteur concède :
Moi, j'aurais du mal. Tu ne peux pas savoir si la personne peut te faire des trucs bizarres en plein match.
Un camarade renchérit : "C'est un sport de contact, on se touche beaucoup et tu n'auras pas envie de lutter, tu vas repousser le type. Ça va être bizarre."
Force est de constater que la présence d'homosexuels dans le sport dérange encore en 2019.
Homophobie dans le sport : où en est-on ?
Le ministère des Sports a publié les chiffres-clés de l'homophobie dans le sport. L'étude a été réalisée en 2011 sur demande de la DRJSCS Aquitaine, (DRJSCS pour direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale), auprès de 922 sportifs toutes disciplines confondues.
- 50,6% des sportifs hommes ont déclaré une attitude négative ou ambigüe envers les gays
- Les sportifs en compétition sont plus homophobes que les sportifs qui ont une pratique en loisirs
- Les sportifs inscrits dans les filières de haut niveau sont aussi plus intolérants vis-à-vis de l’homosexualité
- Aucun effet par rapport au niveau de pratique ou du type de sport.
Des acteurs se mobilisent contre l'homophobie dans le sport
Le magazine l'Équipe a proposé un numéro spécial autour de la question de l'homophobie dans le sport le 4 mai 2019.
Pour bâtir ce numéro, les journalistes ont travaillé avec le réalisateur Cédric Le Gallo, réalisateur du film Les crevettes pailletées, actuellement à l'affiche dans les cinémas dijonnais.
France 2 diffuse un documentaire sur l'homophobie dans le football mardi 14 mai
Yoann Lemaire et Michel Royé ont réalisé le documentaire "Footballeur et Homo, au coeur du tabou". Le film est diffusé mardi 14 mai à 23h30 sur France 2. Le film s'inscrit dans le cadre de la Journée internationale contre l’homophobie qui se déroulera vendredi 17 mai 2019.
Et si un coéquipier faisait un coming-out ? « Je l'encouragerais à être fier et heureux » @AntoGriezmann
— France 2 (@France2tv) 14 mai 2019
Footballeur et homo, au cœur du tabou : un documentaire à voir ce soir à 23.35 et sur france•tv #FootEtHomo #Homophobie pic.twitter.com/bNuqD5ZnfD