Denis Gohin a ouvert le P’tit café à Épinac, en Saône-et-Loire. Au départ maison d’édition doublée d’un café-librairie, le lieu est devenu un centre d’informations LGBT+ qui propose de la documentation sur les communautés lesbiennes, gays, bisexuels, transsexuels, etc.
Installé depuis le 30 mars 2016 dans son P’tit café à Épinac, Denis Gohin accueille toute personne souhaitant passer un bon moment. "C’est un lieu pour les gens qui cherchent des informations, pour se détendre, discuter, regarder une vidéo. Bref pour vivre."
Dès l'entrée, la multitude d'affiches contre l'homophobie saute aux yeux. On comprend tout de suite qu'on n'entre pas dans un simple café.
En effet, son établissement est avant tout une maison d’édition et un café-librairie et également un centre d'informations LGBT+ depuis 2018. Le sigle LGBT+ regroupe les communautés lesbiennes, gays, bisexuels, transsexuels et d'autres qui se sentent affiliées à ces dernières.
Denis Gohin a choisi d'ouvrir une salle consacrée à cette communauté. Ce lieu d'informations et de discussions est l'un des rares existant en milieu rural en France.
On peut y trouver une petite bibliothèque, des brochures, d’anciens journaux et même de la documentation sur la prévention des maladies.
Actuellement, il propose également une exposition sur des portraits de personnes transsexuelles. "Je suis le seul centre d’information LGBT dans les 35 kilomètres à la ronde", se désole Denis Gohin.
Un projet pas toujours bienvenu
Malgré cette évolution, Le P’tit café manque encore de clients. "Il y a quelques gens du coin, quelques personnes récurrentes mais j’ai surtout beaucoup de clients de passage."Les habitants du village ne se bousculent pas dans le café, remarque Denis Gohin.
Selon lui, bon nombre d’entre eux ne se sentent pas concernés lorsqu’ils aperçoivent le drapeau multicolore qui orne son entrée. "Parfois même, des gens arrivent devant la porte et font demi-tour. Ce que je voudrais c’est qu’ils se disent que c’est un lieu d’accueil."
Mais, malgré ses efforts, le message a du mal à passer.
"Ce n’est pas bien, ça incite à pas mal de choses", avance une habitante qui voit cette initiative du mauvais œil.
Ce n’est cependant pas le sentiment de tous. "Il est libre de faire ce qu’il veut", entend-on souvent.
"C’est une sacrée évolution en campagne qu’il soit là", s’enthousiasme un jeune homme qui n’hésiterait pas à passer au P’tit café. "C’est un café-librairie, c’est donc ouvert à tous", ajoute-t-il.
« J’y suis, j’y reste »
Même s’il ne reçoit que peu de clients et se sent parfois ostracisé, Denis Gohin ne compte pas partir. "Le lieu est ouvert, les gens peuvent venir ou pas. Mais personnellement je continuerai ce que je fais. J’y suis, j’y reste", déclare-t-il, déterminé.Avec cet établissement, Denis Gohin souhaite faciliter la démarche des personnes LGBT+.
Le drapeau permet justement de leur montrer qu’elles sont acceptées et que le lieu les accueille sans les juger. "J’ai dû me forcer pour passer la porte d’un bar gay à Paris. Mais ça s’est très bien passé et c’est normal. Mais je comprends tout à fait les gens qui ont une hésitation à venir", confie-t-il.
Malgré les évolutions de la communauté dans la société, comme avec le mariage pour tous, beaucoup de personnes LGBT+ se cachent, souvent par crainte d’être victimes d’homophobie. "Il y a énormément de gays et de lesbiennes placardisés. C’est-à-dire qu’ils ne se montrent pas en tant que tels. Ils ne vivent pas normalement leur vie", se navre Denis Gohin.
« On est comme tout le monde »
Lui-même a eu beaucoup de mal à s’assumer.Il lui a fallu 30 ans avant d’accepter celui qu’il est vraiment. "Être homosexuel, ce n’est pas que la sexualité, c’est vivre simplement."
Cette révélation a poussé Denis Gohin à s’investir dans la cause LGBT+.
D'après lui, il est primordial d’être visible aux yeux du monde pour éveiller les consciences et se faire accepter. "Pour vivre heureux, vivons ouverts. C’est en étant visible que les gens comprendront qu’on est comme tout le monde. On n’a pas les mêmes amours, c’est tout."
Denis Gohin ne compte donc pas s’arrêter là, bien au contraire.
Il dédie sa vie à l’épanouissement de tous, pour que chacun vive en harmonie. "Je considère ma vie comme un don aux autres", avoue-t-il dans un sourire.
C’est ce qui l’a poussé à discuter avec Vincent Chauvet, le maire LREM d’Autun.
Suite à cette discussion, une exposition va être organisée du 26 juin au 12 juillet 2019 sur les 50 ans des émeutes de Stonewall, des manifestations new-yorkaises qui se sont déroulées dans la nuit du 28 juin 1969 et qui ont marqué le début des revendications LGBT+.