Plusieurs agressions homophobes ont eu lieu ces derniers mois au lac Kir, à Dijon. L'une d'entre elles a eu lieu le 27 juillet dernier, une autre le 12 mai. Des faits qui interrogent sur la sécurité des lieux pour les personnes LGBT.
" Il a crié 'mort aux pédérastes' ", se souvient Yannick Hoppe, ancien maire du Bourget et originaire de Dijon.
Le 12 mai dernier, dans la soirée, l'ancien élu est agressé avec son ami Benjamin au lac Kir, dans la capitale des ducs de Bourgogne. "Un homme a demandé [à Benjamin] ce qu'il faisait", raconte l'intéressé. "Il lui a répondu qu'on se promenait. Celui-ci a dit : 'Ah, tu te promènes, voilà ta sentence' et lui a infligé un coup de couteau", raconte Yannick Hoppe. Lui aussi en reçoit trois.
Des faits qui ne sont pas isolés. Au lac Kir, d'autres agressions homophobes ont déjà été recensées. La dernière connue a eu lieu le 27 juillet dernier.
Sept agressions en 2022, trois en 2023
Contactée par France 3, la police nationale recense sept agressions homophobes au lac Kir en 2022, trois depuis le début de l'année 2023. Pour ces trois dernières agressions, les forces de l'ordre précisent que l'on peut parler de "mode opératoire analogue, les victimes étant souvent agressées peu de temps après avoir quitté leur véhicule".
Des faits qui posent la question de la sécurité des lieux pour les personnes concernées. "Il n'y avait pas de caméras sur place. Je me suis pourtant fait agresser sur un parking éclairé. Peut-être cela serait-il nécessaire ?", s'interroge Yannick Hoppe.
"S'il y a plus de sécurité, il ne faut pas que cela gêne les rencontres"
Dans d'autres cas, les victimes ont été piégées. Deux hommes avaient par exemple été agressés les 16 et 20 avril 2022, l'un d'eux pensant avoir un rendez-vous après des échanges sur un site de rencontres.
"Cela passe souvent par des pièges", confirme Marc Bouvot, co-responsable de l'association Contact Côte-d'Or. "Nous avons surtout eu des problèmes avec le site Coco.fr.", précise Antoine Horeau, adjoint au maire de Dijon en charge des solidarités.
"Des renforts sont déployés à chaque fois qu'il y a des signalements", ajoute l'élu. Toutefois, "s'il y a davantage de sécurité, il ne faut pas non plus que cela gêne les personnes pour se retrouver. Le lac Kir reste un lieu de rencontre." En effet, "dans la culture gay, le lac est un lieu de rendez-vous réputé", note Marc Bouvot.
"Il ne faut rien laisser passer"
Si Yannick Hoppe et Benjamin ont porté plainte, leur agresseur n'a à ce jour pas été retrouvé. Tous deux ont reçu beaucoup de soutiens, notamment politiques, après l'agression. Emmanuel Macron leur a également adressé un courrier. Le président y affirme que "ces comportements abjects […] n'ont pas leur place dans notre République".
"On est touchés de recevoir ce soutien [...] Je pense qu'il ne faut rien laisser passer face à cette haine, que ce soit à l'école ou ailleurs", juge Yannick Hoppe.
Pour les faits remontant à 2022, "Les policiers de la BAC ont procédé à plusieurs interpellations en flagrant délit et une information judiciaire est actuellement ouverte sur un dossier", signale la police nationale.
En juin dernier, deux hommes devaient être jugés au tribunal correctionnel de Dijon pour une agression commise au lac Kir. Ils sont poursuivis pour "violences avec arme" (un pistolet à billes) sur un homme "en raison de son homosexualité". L'audience a été renvoyée au 10 janvier 2024.
Pour les trois affaires de 2023, les enquêtes en cours "n'ont pas à ce stade donné lieu à des interpellations".