Il traverse la "diagonale du vide" à vélo à la rencontre des Français

Stéphane Dugast est un habitué des aventures autour du monde, mais le confinement a raccourci son horizon. Il a enfourché son vélo mi-juillet à Dunkerque, il veut rejoindre Hendaye via la "diagonale du vide". À travers son périple, il veut surtout aller à la rencontre des Français.

2 200 kilomètres à vélo du nord-est au sud-ouest de la France, un périple en diagonale à la rencontre des Français. Voilà le programme de l'été pour Stéphane Dugast. Cet écrivain-réalisateur-conférencier de 46 ans est parti le 16 juillet de Bray-Dunes, près de Dunkerque dans le Nord, la commune la plus septentrionale de France. Il veut rejoindre Hendaye, dans les Pyrénées-Atlantiques, dernière ville avant la frontière espagnole. En attendant, il avance ces jours-ci sur les routes de Bourgogne.

"L'idée est de prendre tous les petits chemins, les petits sentiers de cette grande diagonale que cyniquement des géographes ont appelé la diagonale du vide", raconte-t-il. "En 14 jours, j'ai fait 800 kilomètres. L'idée n'est pas d'être un pro du compteur et de faire des kilomètres pour faire des kilomètres. Mais c'est chaque jour de s'arrêter, de rencontrer des gens, de provoquer des discussions."

Pourquoi s'être lancé dans ce périple ? "J'ai l'habitude de beaucoup voyager, d'aller sous d'autres latitudes, d'aller en Islande, d'aller dans les glaces, d'aller dans le désert. Avec le confinement, je me suis dit je ne connaissais finalement pas si bien que ça la France."
 
Stéphane Dugast voyage depuis longtemps. Il a fait son service militaire au journal de la marine, Cols Bleus, et a ainsi suivi les bateaux militaires sur les mers du monde. Après son service, il a continué d'y écrire pendant seize ans. "J'ai fait beaucoup de missions sur toutes les latitudes. Dès que j'avais des congés, je faisais mes propres aventures. À chaque fois j'en faisais des reportages photos, des reportages audio, des écrits. Je me suis aussi mis à faire du film documentaire." En 2019, il a notamment signé un documentaire sur l'explorateur polaire Paul-Émile Victor.

Cette fois-ci, il a décidé de partir bien moins loin. Les contraintes du confinement y sont pour beaucoup. Né à Nantes, Stéphane Dugast est désormais Parisien et a vécu cette période dans son appartement du 14e arrondissement. "Pour moi qui adore bouger, ça a été dur". Impossible de partir à l'étranger avec la fermeture de nombreuses frontières. "Tous les reportages et les tournages que je devais faire étaient annulés. J'avais ce projet dans les cartons et je n'avais pas réussi à prendre le temps de le faire."
 

 

Avancer lentement

Il a donc choisi le vélo, "parce que c'est écologique et puis c'est un moyen d'avancer lentement et de voir les choses, d'appréhender le relief, les paysages." Un vélo qu'il a surnommé Raymond et qui accepte sans broncher de porter les sacoches bien remplies de l'aventurier.

Stéphane Dugast a pour l'instant accompli un bon tiers de son parcours, avant de faire une courte halte à Dijon. Il pensait traverser une France bucolique – il a d'ailleurs baptisé son périple "la France réenchantée" – elle est pour l'instant plus bruyante qu'il ne l'avait imaginée. "La vraie surprise est que je pensais vraiment trouver des bruits de nature, d'être au cœur de quelque chose de sauvage. Mais pour l'instant, dans tout ce que j'ai traversé, il y a un vrai vacarme, confie-t-il. C'était les moissons, donc les champs étaient très bruyants. Les endroits où il n'y a pas de bruit de pollution humaine ont été réduits à quelques heures"

"Je suis très sensible au bruit parce qu'avec le confinement, il n'y avait plus ce vacarme assourdissant à Paris,
ajoute-t-il. On a vécu vraiment une qualité sonore très importante. Je pensais vraiment la retrouver d'emblée et je l'ai rarement trouvée."
 

Mais c'est surtout les rencontres avec les gens qu'il croise qui comptent pour lui. "Je ne savais pas du tout comment ils allaient m'accueillir. J'ai de temps en temps rencontré des gens complètement désabusés. Mais naturellement, les gens qui viennent vers moi sont des gens curieux, plutôt enclins à se confier, à me raconter leurs doutes et leurs espoirs."

Le cycliste arbore un maillot jaune, qui attire immanquablement l'œil. "Je demande aux gens si je peux les enregistrer, les filmer, certains refusent. Je ne sais même pas si ça fera un reportage, un livre ou que sais-je. Je le fais parce que j'avais au fond de moi l'envie de le faire." En attendant, il partage au fil de son périple quelques unes de ces rencontres sur les réseaux sociaux.
 

Quand il rejoindra Hendaye, Stéphane Dugast a prévu de verser dans l'Atlantique une fiole d'eau de la mer du Nord, qui est dans sa sacoche depuis son départ de Bray-Dunes. Une manière de mettre un point final à son parcours, avant d'entamer une nouvelle aventure.

Notre reportage diffusé le 3 août 2020
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