Il ne reste plus grand-chose aujourd'hui des vastes installations ferroviaires et de l'immense camp américain qui pendant la première guerre mondiale ont bouleversé la vie des habitants d'Is-sur-Tille. Mais cette période inscrite dans l'histoire va revivre un peu du 17 au 29 septembre 2017.
C'est un grand événement qui va prendre place à Is-sur-Tille et dans ses environs pendant une quinzaine de jours. Lancement : samedi 17 septembre à l'occasion des journées du patrimoine avec un programme fourni, à commencer par une randonnée historique (7 kilomètres) sur les traces de l'ancien camp américain. Le départ aura lieu à 14 heures 30. Rendez-vous à la gare d'Is-sur-Tille pour ceux que cela intéresse.
Deux autres rendez-vous sont proposés aux marcheurs, dimanche, au départ de l'espace culturel Carnot (à 9 heures 30 et à 14 heures 30) pour aller faire une balade guidée et comnentée dans Is-sur-Tille.
Profitez-en pour visiter l'exposition sur la Grande Guerre et la présence américaine installée à l'espace culturel Carnot, en place du 16 septembre au 20 décembre prochain (ouverture le mercredi, de 14 à 19 heures, le samedi de 14 à 17 heures et le dimanche de 15 heures à 17 h 30)
Is-sur-Tille vous propose encore bien d'autres choses dans le cadre de cet événement préparé de longue date grâce à de nombreux bénévoles et avec la participation de la Société d'Histoire Tille-Ignon. Parmi les grands temps forts, la reconstitution du camp américain les 22, 23 et 24 septembre, une conférence sur l'archéologie de la Grande Guerre, une autre conférence sur l'offensive du Chemin des Dames, et la cérémonie commémorative qui aura lieu dimanche 24 Septembre à 10 heures 30, place Général Leclerc à Is-sur-Tille.
Samedi 17 septembre 10 h 30
“Live-painting” de Sabien Witteman, à l’espace culturel Carnot.
Jeudi 21 septembre, 20 heures
Conférence sur l’archéologie de la Grande Guerre, animée par Gilles Prilaux, salle des Capucins.
Vendredi 22 septembre, 20 heures
Concert lecture, paroles et chansons de poilus, proposés par Arteggio, salle des Capucins.
Les 22, 23 et 24 septembre
Reconstitution du camp américain de 9 h 30 à 18 h 30 (de 9 h 30 à 17heures le 24), parc des Capucins.
Le 24 septembre, 10 h 30
Cérémonie commémorative, place Général-Leclerc.
Le 29 septembre, 20 h 30
Conférence sur le centenaire de l’offensive du Chemin des Dames, salle des Petits-Ormeaux, à Marcilly-sur-Tille.
A souligner pour les collectionneurs, quatre timbres spéciaux pour cette commémoration (on y voit les seuls vestiges qui restent du camp américain les cheminées du mess des officiers) sont mis en vente à l'office du tourisme de la communauté de communes des Vallées de la Tille et à l'espace Culturel Carnot.
Un peu d'histoire ( Source Société d'Histoire Tille/Ignon)
Le camp américain d'Is-sur-Tille s'est installé à la fin 1917. Mais il existait déjà une gare à Is-sur-Tille avant la guerre. Elle était construite sur le territoire de la commune de Marcilly. En Août 1914, au moment de la mobilisation, cette gare a pris une importance stratégique pour l'acheminement des troupes vers les nord-est, envoyées au front par voie de chemin de fer. La gare d'Is-sur-Tille est ainsi devenue une gare militaire dans le cadre des opérations liées à la bataille de la Marne.
Elle s'est alors transformée avec la création d'ateliers pour l'artillerie, le génie, la construction d'abris pour les matériels, etc... 1700 mètres carrés de locaux portés à 4000 mètres carrés fin 1915. On arrive à former 18 trains par jour, comportant 42 rames avec un nombre de wagons reçus à la seule gare d'Is-sur-Tille atteignant le chiffre de 1100!
Cette gare régulatrice française a été choisie par les Américains pour y implanter une "grande base de l'avant" en raison de sa position géographique, à bonne distance d'éventuels raids aériens ennemis. L'existence de la base régulatrice française, la topographie des lieux (un espace quasiment plat) ont influencé ce choix.
Autre point fort, le réseau ferré déjà existant : Is-sur-Tille était alors la gare de jonction des réseaux des compagnies de chemin de fer PLM et de l'Est avec des bifurcations vers Châtillon-sur-Seine et Troyes, vers Culmont, Chalindrey, Chaumont et Neufchâteau, Toul, Nancy, Vesoul et Belfort. Une implantation idéale pour assurer le ravitaillement des divisions américaines.
Deux mois après la première visite américaine sur les lieux, une véritable ville sortait de terre à partir de fin septembre 1917 et en moins de 6 mois. Un chantier pourtant difficile, les conditions météo n'étant pas au rendez-vous. Il pleuvait énormément, et les constructeurs travaillaient dans la boue. Il fallait assécher les marais de la Tille, faire des remblais pour construire des quais et de nouvelles voies de chemin de fer. Rien n'a arrêté les américains.
Une ville typiquement U.S. constituée de baraquements en bois, avec des bureaux, des salles de réunions, une station électrique, un hangar à ballons, un vaste poudrière, et même des espaces de loisir : un grand théâtre de 1800 places cinéma, bibliothèque, salles de jeux et terrain de sport... Et aussi un hôpital de campagne de 500 lits.
La base était également équipée d'un réservoir d'eau de 189 mètres cubes, et d'une boulangerie industrielle qui fournissait quotidiennement 800 000 rations, soit 365 tonnes de pains pouvant aller jusqu'à un million de rations soit 450 tonnes de pain par jour. " La plus grande boulangerie du monde", c'est ce qu'on pouvait lire sur cet édifice.
Près d'Is-sur-Tille, 144 kilomètres de voies ferrés ont été construits, des voies de garage, des faisceaux de triage de 16 et de 25 voies, plus de sept voies réservées aux trains ambulances et deux pour les ravitaillements en vivres des troupes de passage ; deux dépôts de locomotives avec fosses, des ateliers de montage et de réparations...
La gare d'Is-sur-Tille a approvisionné plus de 800 000 hommes et quelques 123 000 chevaux. Elle faisait partir des convois de munitions, de vivres, de fourrage, d'essence, de charbon et matériel divers vers une cinquantaine de gares de ravitaillement et une soixantaine d'autres destinations.
En août 1918, le camp américain logeait 8000 hommes de garnison, et recevait 18 000 à 25 000 hommes par jour dans plus de 390 bâtiments.
A la signature de l'armistice, Is-sur-Tille était devenue une gare colossale avec 175 kilomètres de voies. Ce sont près de 2 millions de soldats et environ 4 millions de tonnes de marchandises et matériels divers qui sont passés par Is-sur-Tille entre l'automne 1917 et la fin 1919.
La base américaine a été complètement démolie après la guerre. Une grande cité éphémère dont il ne reste presque plus rien aujourd'hui. Une cheminée du mess des officiers (YMCA) est encore visible le long de la route allant vers Villey. Des réservoirs d'eau, quelques plots de béton...
Et sur le monument aux morts d'Is-sur-Tille la liste des noms de soldats américains morts entre 1917 et 1919 à l'hôpital du camp américain d'Is-sur-Tille.