C'était sans doute pour ces journées du patrimoine l'une des visites les plus émotionnellement forte proposées en Bourgogne. La maison d'arrêt de Dijon était ouverte au public pour une découverte particulière de l'architecture intérieure et extérieure d'un établissement pénitentiaire en activité.
C'est une visite différente des autres monuments qu'on a pu découvrir en ce week end si particulier. “Nous allons vous montrer une cellule vide qui est représentative des autres cellules de l’établissement. Vous pouvez remarquer que c’est très calme, contrairement à ce qu’on peut voir dans les films et les séries" , expliquait Pauline Rossignol, la cheffe d'établissement, au public.
Durant ces journées du patrimoine, la maison d'arrêt de Dijon a fait découvrir son environnement particulier pour les visiteurs. " La voir en vrai, ça change notre vision des détenus et des gens qui les surveillent." " J’étais surpris de la grandeur de la prison, c’est lumineux. Il y a le côté humain des prisonniers qui est pris en compte." " On tourne autour de cette prison depuis toujours, c'est intéressant de voir en tant que citoyen ce qu’il se passe et les gens qui y travaillent au quotidien. Le silence m’a marqué et le calme qui y règne, la propreté des lieux aussi", réagissent-ils.
Un site construit en 1950
Évidemment, on n’entrait pas dans une maison d’arrêt comme dans un moulin ou un château renaissance, car les contrôles sont stricts. Les v isiteurs ont été soumis aux mêmes contrôles réglementaires que les personnes qui entrent habituellement dans un établissement pénitencier. 'Ça ressemble à ce qu’on peut faire dans un aéroport. Et puis nous avons préparé cette séquence, tout le monde s’est mobilisé avec plaisir pour permettre ce moment un peu singulier", explique Guillaume Piney, directeur interrégional des services pénitentiaires de Dijon.
C’est la seule contrainte pour accéder à une visite sans précédent, ni ici ni ailleurs, sur un site datant de 1850. "C ’est très émouvant d'ouvrir ce bel établissement, avec une histoire particulièrement chargée, et de participer à la valorisation du métier. On a rien à cacher. On est fiers de réaliser nos missions qui sont essentielles dans notre société", Pauline Rossignol, la cheffe d'établissement.
On arrive à montrer au grand public ce qui fait la réalité de nos missions quotidiennes. Montrer à quel point ce qu’on peut parfois lire et entendre sur la prison est un peu éloigné de nos propres réalités quotidiennes.
Pauline RossignolCheffe d'établissement
Tous les secteurs ne sont pas ouverts par "sécurité"
Seule une partie de la prison était ouverte. "Évidemment, il y a des secteurs qu’on ne montre pas pour des raisons de sécurité. C’est un lieu de vie, on vous montre la maison d’arrêt sur un temps donné telle qu’elle est dans la vraie vie. On n'est pas obligé de le faire, si on avait quoi que ce soit à cacher on ne ferait pas de visites", insiste Pauline Rossignol.
Comme partout ailleurs, la maison d'arrêt de Dijon doit composer avec la surpopulation carcérale. " Quand on parle de taux d'occupation, c'est surtout par quartier. On est à 104% au quartier femme, et 170% au quartier des hommes avec parfois la nécessité de placer un matelas supplémentaire dans la cellule. On a fait un travail considérable en lien avec autorités judiciaires sur la régulation du taux d’occupation. On commence sa peine en prison et la continue à l'extérieur avec des modalités particulières ce qui permet aussi de réguler ce taux d’occupation", explique-t-elle.
Une visite qui aura forcément marqué les esprits. Peut-être même de façon plus prégnante qu’au sortir d’un moulin ou d’un château renaissance.