Une des figurines qui ornait le tombeau du duc de Bourgogne Philippe le Hardi devait être mise en vente. Mais, l’Etat veut récupérer gratuitement ce « pleurant ». La justice va devoir trancher.
On peut admirer les tombeaux de Philippe le Hardi et de Jean sans Peur au musée des beaux-arts de Dijon"Ils comptent parmi les plus magnifiques monuments funéraires de la fin du Moyen-Âge", en raison notamment de leur "exceptionnel cortège de pleurants". Ces figurines expriment "toute la variété des sentiments d’affliction et d’espoir", indique le site internet du musée.
Les pleurants sont connus dans le monde entier. Ils sont très populaires aux Etats-Unis notamment.
A l’occasion des travaux de rénovation du musée de Dijon, les pleurants du tombeau de Jean sans Peur ont effectué une tournée triomphale en Amérique et en Europe de 2010 à 2013 avant de rentrer à Dijon, via un détour par Cluny, le musée national du Moyen-Âge à Paris.
Les pleurants et Game of Thrones
George R. R. Martin, l’auteur de la saga littéraire et télé Game of Thrones (Le Trône de Fer), était venu spécialement à Dijon en juillet 2014.
"J'ai lu l'histoire des ducs de Bourgogne, mais je n'étais jamais venu à Dijon. Je vais découvrir tout cela et voir si je peux m'en inspirer", a-t-il déclaré lors de son séjour dans la cité des Ducs.
A l’issue de sa visite, l'auteur américain s'est dit émerveillé par les pleurants. Le maire de Dijon de l’époque, Alain Millot, avait offert à l’artiste une copie en résine d’une des statuettes.
Les pleurants sont au coeur d'un bras de fer judiciaire
Une famille avait acheté en 1813 une des statuettes en albâtre qui ornaient le tombeau du duc de Bourgogne Philippe le Hardi. Ses propriétaires ont décidé de la vendre aux enchères.
Cette œuvre d’art du 15e siècle est estimée à plus de deux millions d’euros, selon le quotidien Le Parisien.
Mais, l’Etat veut récupérer gratuitement la statuette. "Il ne s’agit pas d’une confiscation, mais d’un retour dans le patrimoine public d’un bien qui l’a quitté depuis août 1793", déclare le ministère de la Culture cité par le quotidien.
Pour l’avocat de la famille propriétaire du pleurant, il s’agit purement et simplement d’une "spoliation".
Le Conseil d’Etat doit se prononcer au mois de janvier. Si la justice ne donne pas gain de cause à ses clients, leur avocat va leur recommander d’aller devant la Cour européenne. "Le droit de propriété est un droit fondamental inscrit dans la Constitution française", déclare-t-il.
Le reportage de Jaël Galichet, Geneviève Faure, Quentin Cézard, Romain Liboz et Lucile Feuillebois
avec Marie-Claude Le Floc'h, propriétaire du pleurant