Un mouton du parc de la Colombière, à Dijon (Côte-d'Or), est mort sous les yeux d'une trentaine de personnes. Certains témoins, qui ont alerté la mairie, dénoncent sur les réseaux sociaux l'attentisme de la ville. La municipalité, elle, rejette la faute sur les visiteurs qui auraient nourri illégalement l'animal.
C'est une triste scène à laquelle ont assisté une trentaine de badauds, dimanche 30 octobre, en plein parc de la Colombière, à Dijon (Côte-d'Or). En fin d'après-midi, un mouton vivant dans le parc animalier du lieu est mort dans son enclos, après une lente agonie.
"Il était environ 16h30, je me baladais dans le parc et en arrivant vers les animaux, j'ai vu un attroupement vers l'enclos des moutons, se souvient Sylvie Bouissou, disquaire itinérante à Dijon, témoin de la scène. Je me suis approchée et j'ai vu un jeune mouton qui ne tenait plus sur ses pattes. Il essayait de se relever, sans succès. Puis il est tombé sur le flanc".
Alertées par la situation, certaines personnes tentent alors de réagir, comme Patrick Tennom, lui aussi présent sur les lieux : "On est tout de suite allé chercher dans le parc quelqu'un de la ville ou des forces de l'ordre. Mais on n'a trouvé personne, alors que les lieux étaient bondés".
Plusieurs visiteurs décident d'appeler le poste de commandement de sécurité de la ville. "Après trois appels, je suis arrivé à avoir quelqu'un, poursuit Sylvie Bouissou. Il m'a dit qu'il avait déjà été prévenu et qu'il essayait de contacter un soigneur animalier. Mais ce soigneur n'est jamais venu". Selon plusieurs témoignages, le mouton finit par mourir, environ une heure plus tard. C'est cette lente agonie qui a provoqué la colère des témoins de la scène. Plusieurs ont exprimé leur mécontentement sur les réseaux sociaux.
Contactée par France 3 Bourgogne, la ville de Dijon assure quant à elle avoir dépêché du personnel sur les lieux : "À 16h54, l'alerte est lancée au service concerné qui indique se rendre sur place à 17h18. À 17h52, le responsable fait savoir que le mouton est mort" a précisé la municipalité dans un communiqué".
Les versions divergent, tout comme la responsabilité de la mort de l'animal. La mairie pointe du doigt les visiteurs et parle d'une agonie provoquée "par l'ingestion de nourriture inadaptée et en trop grande quantité".
Une excuse, pour Sylvie Bouissou : "Ce qui choque, c'est plutôt qu'il n'y ait eu personne dans le parc pour venir en aide à la pauvre bête alors que nous étions dans un week-end de vacances. La mairie sait très bien que, quoi qu'il arrive, les gens continueront à donner à manger aux animaux. Il faut faire évoluer la gestion de ce parc animalier".
Jean-Jacques Dentz, vétérinaire à Talant, est aussi de cet avis : "Le problème ne date pas d'hier. Dans les parcs, on sait que les animaux sont souvent sur-nourris. Il faut comprendre que l'appareil digestif des ruminants, donc des moutons, est très fragile. Ils ont besoin d'une alimentation constituée à 80 % de fibres : d'herbes, de foin ou de feuilles. Quand on leur donne du pain, des cochonneries, ce n'est pas bon pour eux. A force, ils risquent une intoxication sanguine, qui mène à la mort".
C'est bien de vouloir avoir des moutons en ville, encore faut-il savoir les gérer
Olivier, porte-parole de l'association de défense des animaux Combactive
Pour le praticien, les parcs animaliers sont tout simplement révolus : "Est-ce qu'on pense au bien-être de ces animaux ? On connaît les risques, et pourtant, on continue. C'est un manque de discernement sur les besoins de l'animal".
Le débat a également atteint les sphères associative et politique. L'association dijonnaise de défense des animaux Combactive a ainsi interpellé la mairie suite à l'incident. "Au parc de la Colombière, on a déjà eu des animaux séquestrés, d'autres tués délibérément. Il y a un problème de fond. C'est bien de vouloir avoir des moutons en ville, encore faut-il savoir les gérer. Ce qui s'est passé est grave, on attend de la mairie qu'elle communique sur le déroulé précis des faits."
La ville a installé de nouveaux panneaux indiquant l'interdiction de nourrir les animaux
L'antenne dijonnaise d'Europe Ecologie Les Verts, alertée par des témoins, annonce suivre l'affaire de près : "Nous sommes bien sûr très attentif au déroulé de la situation, analyse Catherine Hervieu, conseillère municipale EELV à la mairie de Dijon. Nous ne voulons pas lancer de fausse polémique, donc nous attendons les explications publiques de la mairie. Ce serait pertinent de faire une autopsie du corps de l'animal, pour savoir les causes du décès. Si les justifications de la ville ne sont pas satisfaisantes à nos yeux, on interpellera la majorité lors du prochain conseil municipal", ajoute l'élue.
La ville de Dijon a indiqué à France 3 Bourgogne que "suite à cet incident [...], des panneaux supplémentaires indiquant l'interdiction de nourrir les animaux ont été installés". Pour rappel, une dizaine de ces panneaux était déjà présent sur le site au moment des faits. Cela suffira-t-il à améliorer la situation ? Rien n'est moins sûr.