"Des chevreaux morts qui nagent dans leurs excréments" : les conditions de vie "sordides" d'un élevage de chèvres en Saône-et-Loire

Des chèvres maltraitées, des tas de cadavres de chevreaux... l'association de défense des animaux L214 a diffusé ce jeudi 27 octobre des vidéos et des photos choquantes au sein de l'entreprise Chevenet, un des leaders du fromage de chèvre, située en Saône-et-Loire.

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Des images qui font froid dans le dos. Par l'intermédiaire d'une vidéo de l'association de défense des animaux L214, on découvre des tas de cadavres de chèvres et chevreaux, noyés dans des excréments et du sang. Ces images sont tournées dans l'entreprise Chevenet, premier producteur européen de fromages de chèvre fermier et située à Sainte-Maurice-de-Satonnay en Saône-et-Loire.

Des cadavres de chevreaux dans des excréments

Ce sont des témoignages anonymes de salariés, choqués de la situation, qui sont parvenus à l'association de défense des animaux. Selon ces derniers, une dizaine de chevreaux meurt chaque jour. "Ça sentait la mort partout. Les animaux morts sont placés derrière l'élevage, déposés à même le sol. Le lendemain, quand on revenait, il y avait le même tas de chèvres qui commençaient à pourrir, avec de nouveaux animaux morts déposés entre-temps", confie un salarié.

Parfois, quand on va chercher des chevreaux, on voit les morceaux de placenta un peu partout. On voit donc où chaque chèvre a accouché, en plein milieu de milliers de chèvres. Plus les jours passaient et plus il y avait des chevreaux couchés par terre avec une diarrhée de selles jaunes mélangées à du sang. Il y avait des chevreaux morts qui nageaient dans leurs excréments.

Salarié anonyme

Sur les images, on en voit certaines à l'agonie, quand d'autres piétinent des cadavres, des chèvres qui se décomposent voire même des ossements. "Quand un bébé est mal en point, les employés répondent "mets le sur le côté on verra s’il survit", raconte Sébastien Arsac, co-fondateur de l'association. 

Des conditions de vie "sordides"

Si les bêtes sont dans un état préoccupant, c'est à cause de "conditions de vie sordides". "La stratégie de l'entreprise n'est pas de soigner les animaux, car elles n'ont ordinairement aucune aide dans la nature. Seulement, si un animal est blessé ou malade dans un élevage, il doit recevoir des soins. Mais ici, les bêtes sont tellement entassés que les virus se propagent facilement", affirme Sébastien Arsac.

2 000 chèvres sont enfermées dans cet élevage intensif. Un employé confie qu'elles disposent d'un accès infime au monde extérieur. "Les chèvres n'ont pas du tout accès à des pâturages. Elles ont juste du foin par terre dans une sorte de grange et il y a un petit extérieur pour qu'elles aillent dehors", témoigne un salarié. 

Sur les images, on constate également que les animaux sont maltraités. Certains employés n'hésitent pas à donner des coups et, deux fois par jour, les bêtes sont dirigées vers la salle de traite par un portail électrifié qui les oblige à avancer. "Les chèvres sont conditionnées pour produire environ 3,5 litres de lait par jour. En temps normal, seulement 0,5 litre suffit pour un seul chevreau", déclare Sébastien Arsac. 

Des fournisseurs chez de grands restaurants étoilés 

Leader sur le marché, l'entreprise Chevenet produit environ 4 millions de fromages chaque année, dont certains sous appellation d'origine contrôlée (AOP). Une identification indigne des véritables conditions de vie selon le cofondateur de L214. "On ne peut pas parler d'AOP lorsqu'on a des chèvres mâles qui ne sont pas nourries en priorité parce qu'elles sont destinées à l'abattoir. Ils communiquent énormément sur le côté fermier, on voit des chèvres dans les pâturages sur le site. Tout cela est mensonger", assure Sébastien Arsac.

L'entreprise Chevenet fournit des fromageries, des grandes enseignes ainsi que des restaurants étoilés, notamment celui du chef défunt Paul Bocuse. Carrefour, Monoprix, Grand Frais, Auchan et Système U ont suspendu leur approvisionnement des produits concernés. Certaines ont également lancé des procédures d'enquête interne. L'association L214 a annoncé porter plainte auprès du tribunal de Mâcon contre l'entreprise Chevenet pour "mauvais traitements" et "pratiques commerciales trompeuses".

Chevenet "choqué" par le mode opératoire de L214

Dans un communiqué, l'entreprise Chevenet a dénoncé les méthodes de l'association. "Nous sommes profondément choqués par le mode opératoire de L214, connu pour ses pratiques d'intrusion puis de manipulation des images obtenues à travers des montages et une mise en scène qui ne reflète pas la réalité", déclare l'entreprise.

L'entreprise explique que la séparation des chevreaux de leur mère à la naissance est pour le bien de la femelle. "Elle permet d'assurer l'hydratation régulière des chevreaux et le repos de la mère dont la fatigue est accrue lors des fortes chaleurs", déclare-t-elle. Chevenet assure qu'elle veille à protéger la vie des chevreaux, et que tout est mis en œuvre pour qu'ils puissent survivre. Les épisodes de canicules ont été fatals à de nombreux animaux selon le producteur de fromage de chèvre. 

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