Lors de la présentation de son budget primitif 2024, le Conseil Régional de Bourgogne-Franche-Comté a voté l'augmentation du tarif de la carte grise. Actuellement à 51€ par cheval fiscal (CV), le prix va grimper à 55 euros, ce qui en fait la carte grise la plus chère de l’Hexagone.
Le budget primitif de la Région a été voté mercredi soir. Les élus de Bourgogne-Franche-Comté se sont prononcés, en particulier, sur l’augmentation du tarif de la carte grise. De 51 € depuis janvier 2017, elle devrait grimper à 55 € par cheval fiscal.
Chère carte grise
Au tarif actuel, la carte grise pour les Bourguignons et les Francs-Comtois occupe déjà le podium des régions les plus chères, avec la région Bretagne et Centre-Val-de-Loire. Le prix moyen dans l’Hexagone étant de 48,5€ par cheval fiscal, la Bourgogne-Franche-Comté était déjà située dans les tarifs élevés avec 51 euros.
À la suite de la fusion des régions en avril 2016, les départements francs-comtois avaient dû s’aligner sur les tarifs de Bourgogne, provoquant une hausse de 41,7% de la carte grise.
Cette nouvelle hausse, qui serait effective au 1er juillet 2024, porterait l'augmentation à... plus de 52% pour les Francs-Comtois, par rapport à il y a 7 ans.
Une décision prise "la mort dans l'âme"
La présidente de la Région Bourgogne-Franche-Comté, Marie-Guite Dufay a annoncé dans son discours introductif vouloir “préserver la qualité de nos interventions en fonctionnement”, en décidant “d’actionner, comme d’autres régions de tout bord politique l’ont fait cette année, le levier de la carte grise. C’est une décision que je prends la mort dans l’âme, mais que j’assume pleinement, car nous n’avons pas le choix si nous voulons assurer la qualité de service auprès de nos concitoyens.”
La Présidente de la Région se justifie sur l'impossibilité au Conseil Régional de continuer ses missions dans le contexte d'inflation du moment : "À force de rogner sur les dépenses, on n’est plus en mesure de rendre un service public au citoyen. Si on veut arrêter la diminution des dépenses, il faut trouver des recettes, et dans une région il n’y a pas de recettes en dehors de la carte grise que les citoyens payent lorsqu’ils changent de voiture. Ça veut dire que ce n’est pas tous les jours, pas tous les ans. Il faut quand même ramener cela à de justes proportions. L’augmentation que nous faisons cette année, c’est 16 euros pour une petite cylindrée !”
Des réactions vives
Parmi les groupes d’opposition, le Rassemblement National a fustigé cette proposition d’augmentation. "Que ce soit en démographie, en attractivité, en dynamisme, on est aux niveaux les plus bas au niveau national, et Marie-Guite Dufay cherche à faire de notre région une région où on matraque le plus les automobilistes qui sont victimes d’une politique anti-bagnole", a déclaré le président du groupe RN, Julien Odoul.
Pour le Rassemblement National, l'augmentation de la carte grise ne sera pas sans conséquences sur les habitants de la région : "la Bourgogne-Franche-Comté est la région la plus rurale de France. C’est-à-dire que c’est la région où les habitants ont le plus besoin de la voiture pour aller travailler, se former, pour les déplacements de tous les jours. Je parle aussi de la TIPCE, la taxe des carburants qui est toujours au plafond, je parle aussi de l’aide au permis de conduire qui a été rabotée dans ce budget. Tout ça, c’est pénaliser les Français qui travaillent, les français de la ruralité, et je trouve cela extrêmement injuste.”
Les associations de consommateurs mécontentes
Le président du CLCV de Côte-d’Or (Consommation Logement et Cadre de Vie) David Demey, déplore lui aussi la hausse décidée sur la carte grise : “Cette augmentation, loin d'être anodine, impacte directement le budget des ménages et suscite légitimement l'indignation.”
Il dénonce “une charge financière supplémentaire pour les automobilistes déjà soumis à de nombreuses dépenses liées à la possession et à l'entretien d'un véhicule”, ainsi qu’une “opacité entourant les raisons de cette augmentation. Les automobilistes se demandent pourquoi ils doivent payer davantage pour une taxe qui, dans de nombreux cas, n'a pas été améliorée ou justifiée par de nouveaux services ou avantages”.
De plus, le président départemental du CLCV voit aussi un impact sur la mobilité : “En augmentant le coût de la carte grise, les autorités risquent de décourager l'utilisation des véhicules personnels, ce qui pourrait avoir des conséquences néfastes sur la mobilité, l'accessibilité aux services, et même sur l'économie locale”.
► avec Gabriel Talon, journaliste politique à France 3 Bourgogne.