"La méfiance envers le Maghreb grandit" : contre les préjugés, une Dijonnaise va rallier la Tunisie à vélo

Aurélie Gonet entame un périple à vélo de plusieurs mois le 1er décembre prochain. Son but : rallier Tataouine en Tunisie, presque uniquement en pédalant. Plus qu'un défi sportif, la Dijonnaise de 38 ans compte rencontrer un maximum de locaux et relayer son aventure sur les réseaux sociaux pour briser les préjugés associés aux habitants d'Afrique du Nord.

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"Je pars à Tataouine !" : l'expression, tout le monde la connaît. Aurélie Gonet a décidé de la prendre au sens littéral du terme. Le 1er décembre prochain, destination Tataouine, au sud de la Tunisie. Pas en avion mais à vélo depuis Dijon. Durée estimée : entre 4 et 6 mois à pédaler sur les routes de France, d'Espagne, du Maroc, de l'Algérie et donc, de la Tunisie.

"Mon grand-père disait toujours partir à Tataouine, pour dire, partir très loin. Des années plus tard, je me suis rendu compte que cette ville existait vraiment", se souvient la jeune femme de 38 ans, habituée des défis sportifs de longue durée. Depuis presque dix ans, elle parcourt le monde à bicyclette sur des distances toujours plus grandes. 700km de Londres à Edimbourg en 2015, 1515 km à travers l'Islande deux ans plus tard puis 7200 km de Dijon à Pékin il y a 5 ans.

"J'avais envie d'aller plus loin que les fantasmes"

Avec ce nouveau projet de voyage, elle s'apprête à réaliser un rêve d'enfant. "Quand j'étais en primaire, j'ai lu une compilation de contes berbères qui m'a profondément marquée", raconte l'ancienne communicante devenue biographe pour particuliers. "J'avais envie d'aller plus loin que les fantasmes. Je voulais me confronter à la réalité".

Le déclic vient des réseaux sociaux. De retour de Chine, la jeune femme reçoit un message sur son compte Instagram.

Une adolescente tunisienne m'a écrit pour me dire qu'elle avait suivi mon voyage jusqu'à Pékin. Elle aussi rêvait de voir le monde à vélo. Elle m'a invité à la rencontrer chez elle à Sfax, sur la côte.

Aurélie Gonet

Globe-trotteuse à vélo

Partager ses rencontres et faire évoluer les mentalités

Au programme : des rencontres mais aussi une bonne dose d'imprévu. La dijonnaise sait qu'elle passera par Madrid, Marrakech ou encore Tunis. Elle posera ses valises en cours de route, en fonction des personnes qu'elle croisera et avec qui elle sympathisera. "Parfois, j'ai des famillles qui proposent de m'héberger une nuit et qui insistent pour que je reste plusieurs jours chez eux car elles veulent que je fasse la connaissance de leurs enfants", s'amuse la globe-trotteuse. 

Ses anecdotes de voyage seront relayées chaque semaine sur une page Facebook et un compte Instagram. Textes et photos alimenteront un journal de bord placé sous le signe de la fraternité. Son ambition : faire évoluer les mentalités sur les personnes originaires d'Afrique du Nord.

La méfiance envers le Maghreb et sa population grandit. Une certaine parole se libère et elle est souvent peu valorisante. Je ne partage pas ça, je n'ai pas peur et je pense qu'on peut se nourrir de la richesse culturelle de cette région.

Aurélie Gonet

Globe-trotteuse à vélo

Une cagnotte pour financer son voyage

Côté bagages, Aurélie Gonet emporte avec elles plusieurs litres d'eau et kilos de nourriture du matériel de bivouac. Elle compte acheter un panneau solaire pour recharger sa batterie de téléphone et son appareil photo.

Au rayon dépenses aussi : l'entretien du vélo, l'acquisition de pneus anticrevaison, la souscription à une assurance voyage ou encore des hébergements et tickets de transports en cas de besoin. "Je ne pourrai pas passer trop de nuits en camping sauvage", explique la jeune femme, qui dormira parfois seule en tente, en plein désert, dans des endroits inconnus. 

Pour financer son projet, une cagnotte en ligne a été lancée fin octobre. 2700 euros ont déjà été récoltés. Une collecte au profit d'une petite fille polyhandicapée sera également ouverte dans les prochains jours. Comme si l'humain lui servait de carburant pour pédaler des mois durant. 

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