Législatives 2022. "S'arrêter à 62 ans, c'est déjà bien" : Auxonne, Dijon, Mirebeau-sur-Bèze, portrait de la 2e circonscription de Côte-d'Or

Avant les législatives les 12 et 19 juin prochains, France 3 part à la rencontre des habitants de toutes les circonscriptions de Bourgogne. Aujourd'hui, c'est au tour de la deuxième circonscription de Côte-d'Or, qui regroupe Dijon, Auxonne et Mirebeau-sur-Bèze.

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Casquette vissée sur le crâne, bottes aux pieds, Claude (le prénom a été changé) s'affaire sur les rangées de fraisiers qui parsèment son jardin. Mais pour cet habitant de Mirebeau-sur-Bèze, commune de l'est de la Côte-d'Or, pas question de discuter des élections législatives. "Moi, je n'irai pas voter. Ça ne m'intéresse pas du tout !"

Entre manque d'intérêt et rejet des élus

Au cœur de la deuxième circonscription de Côte-d'Or, la plus peuplée, ce désintérêt pour la politique semble partagé par bon nombre d'habitants. "Oh, vous savez, je ne pense pas que je sois la bonne personne pour parler de ça", avoue une autre riveraine, l'air presque coupable, croisée dans la rue. "Je ne suis pas du tout l'actualité, moi..."

Un peu plus loin, on entend les cris des enfants de l'école Saint-Nicolas qui profitent de la récréation pour se défouler. C'est devant les grilles de l'établissement que l'on rencontre Robert, un ancien enseignant de 80 ans. Lui non plus n'ira pas voter, les 12 et 19 juin. "C'est tous des menteurs et des bandits, qui vous disent une chose et qui en pensent une autre, et qui font encore autrement derrière", s'emporte-t-il.

En 1958, quand il y a eu de Gaulle, j'ai décidé de ne plus jamais aller voter. Il nous a roulés dans la farine, il a menti comme pas possible, donc maintenant je laisse tomber tout ça.

Robert, 80 ans, enseignant à la retraite

L'autre source de la colère de Robert, c'est le manque d'exemplarité des décideurs. "Vous écoutez les infos, soi-disant qu'ils ont tous violé quelqu'un, ils sont tous au tribunal. Mais on ne peut pas être dirigés par des gens comme ça ! Ils sont tous corrompus !"

Un vote par sentiment de devoir plutôt que par conviction ?

Au détour de l'église, nous rencontrons Lydia, qui traîne tant bien que mal son cabas derrière elle. "J'ai du mal à rester debout", confie-t-elle en s'asseyant sur un petit banc de pierre. "C'est pour ça que je suis sans profession, je suis en incapacité de travailler." Mais malgré son handicap, elle se rendra aux urnes pour les législatives.

Je ne sais pas pour qui je vais voter, tout se mélange encore un peu dans ma tête. Mais je vais y aller, parce qu'il faut participer. Après on râle, mais les râleurs il faut qu'ils participent aussi.

Lydia, 53 ans, sans emploi

Si elle reste indécise quant au choix du candidat, la quinquagénaire espère tout de même un virage social pour ce second quinquennat d'Emmanuel Macron. "Je m'inquièterais déjà des personnes sans-abri. À Dijon, on en voit de plus en plus, qui réclament une pièce ou une cigarette. Et puis les personnes qui ne peuvent plus payer leur loyer, les situations précaires. Ça m'a toujours tenu à cœur."

Dans le canton de Dijon-3, les avis semblent pour l'instant plus tranchés. Ève-Marie, psychanalyste, assure avoir l'intention de se déplacer, parce qu'elle a "le droit de vote et que c'est important". Sa voix à elle ira sans doute au parti présidentiel, "pour lutter contre les extrêmes, de droite comme de gauche, et pour soutenir notre président, qui a bien des lacunes, mais en même temps est un républicain démocrate."

Sa préoccupation ? "La liberté", affirme-t-elle finalement, après une longue réflexion. "Quand je vois ce qui se passe en Ukraine et en Russie... Ils ne sont pas très libres là-bas. Nous, on a la liberté d'expression, la liberté de droit de vote, mais avec une Marine Le Pen, je pense qu'on n'aura pas beaucoup de libertés. Avec un Mélenchon non plus."

Pour rappel, La France insoumise ne présente aucun candidat dans la deuxième circonscription. La NUPES (Nouvelle Union populaire écologique et sociale), qui rassemble plusieurs partis de gauche, a préféré investir Catherine Hervieu, d'Europe Écologie - Les Verts (EELV).

"Pour moi, l'écologie, ça va trop loin", balaie Michèle, ancienne employée à la mairie de Dijon. "Comme elle est défendue actuellement, ça ne va pas. Quand on nous parle du maire de Lyon qui veut supprimer les sapins de Noël, alors qu'il y a des plantations spécialement pour ça, c'est complètement débile."

Les écologistes, ils en veulent trop. On sait très bien qu'on ne reviendra pas au Moyen Âge. Je suis pour l'écologie, mais il faut que ce soit plus sensé.

Michèle, ancienne employée à la mairie de Dijon

"Je vais voter parce que c'est un droit civique, des tas de femmes se sont battues pour ça", ajoute la retraitée. "Mais je vais surtout voter contre ceux qui nous promettent monts et merveilles. Il faut être réaliste."

Le pouvoir d'achat, source d'inquiétude principale

Après Mirebeau-sur-Bèze et Dijon, direction Auxonne, tout au sud de la circonscription. Midi sonne lorsque nous tombons sur Jérôme, conseiller funéraire, alors qu'il part prendre sa pause déjeuner. "Il faut qu'on fasse vite, je dois reprendre à 13 heures !", plaisante-t-il.

S'il se dit concerné par la question écologique, sa préoccupation principale reste la perte de pouvoir d'achat des ménages. "Il y a des familles qui n'arrivent plus à aller au bout, ça devient compliqué. Mais il faudrait que tout le monde aille dans le même sens, que tout le monde ne soit pas divisé. Ça devient un peu n'importe quoi."

Pourtant, en 2019, le niveau de vie médian dans la circonscription s'élevait à 22 220€, contre 21 930 en France métropolitaine, rapporte l'Insee. Mais la population locale n'a pas été épargnée par la hausse généralisée des prix, notamment de l'essence : plus de 68% des résidents sont contraints d'utiliser une voiture pour se rendre sur leur lieu de travail.

"Et puis il y a l'énergie", ajoute Michel, facteur retraité. "Moi, si j'étais député, déjà je bloquerais le gaz. Je plafonnerais tout ça. Et puis surtout, je ferais un minimum vital pour les retraités."

Macron, s'il était mon ami, je lui dirais : Monsieur le Président, s'arrêter à 62 ans, c'est déjà bien.

Michel, facteur à la retraite

► Les élections législatives ont lieu les 12 et 19 juin prochains. Dans la deuxième circonscription de Côte-d'Or, les électeurs pourront choisir entre huit candidats. Le député sortant, Rémi Delatte (LR), a choisi de ne pas se représenter.

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